![]() | Réseau d'Activités à Distancerad2000.free.fr |
Vous lisez
http://rad2000.free.fr/defiplus.htm
Redéfinir la Plus-Value
Texte du Cycle Comment comprendre la Possibilité du Chômage
?.
Suite de Plus-Value et Taux de
Profit.
3. La Reproduction du Capital Technique,
Financier et Informationnel. La Plus-Value de Flux.
4. La Reproduction des Rapports Sociaux de
Production
<<Le capitalisme technologique comme
ensemble fondé sur des interdépendances entre grandes
entreprises technologiques et sur des relations sociales codifiées
fonctionne sur un principe caché, celui de la
Puissance... La volonté de pouvoir se retrouve aussi
bien dans les relations économiques nationales et internationales que
dans les rapports socio-politiques; cependant la lutte entre les grandes
entreprises technologiques ne peut être réduite à la
simple intention de gagner des positions dans la
hiérarchie industrielle internationale, de maximiser la
rentabilité ou d’accumuler le capital, elle apparaît aussi,
par le moyen de la prédétermination des choix d’autrui,
comme dessein d’imposer une conception particulière de
l’ordre économique. (10)>>.
L’accumulation du capital n’est qu’un
prétexte à la reproduction d’un rapport social de
puissance . Le capital ne présente un attrait que dans la
mesure où il est le support physique d’un rapport social. La
propriété des moyens de production et leur gestion sont la voie
royale pour assumer la fonction de régulation et de contrôle du
système. Or, l’aspect pathologique du système capitaliste
tient au fait que la fonction de régulation se justifie et se
développe pour elle-même, asservissant l’ensemble du
système. Dans sa “Dynamique Industrielle”, ouvrage
inaugural de la théorie des systèmes de gestion, J. Forrester
analyse l’entreprise comme un système de réseaux
connectés où circulent six catégories de flux. Les cinq
premiers: réseau de matière, réseau de commandes,
réseau de l’argent, réseau de personnel et réseau
de l’équipement, sont asservis au réseau de
l’information.
<<La limitation des flux n’est pas un
postulat... par contre la différence entre les flux
d’informations et les autres constitue l’un des fondements de la
Dynamique Industrielle. (6)>>.
Cette particularité
de la plus perfectionnée des techniques de gestion n’est pas un
hasard, car l’information a toujours été
l’instrument de la domination et de la puissance.
Claude Lévi-Strauss a montré que
l’écriture est apparue dans les phases historiques de la
<<constitution de sociétés hiérarchisées, de
sociétés qui se trouvent composées de maîtres et
d’esclaves, de société utilisant une certaine partie de
leur population pour travailler au profit de l’autre partie.>> Et
lui fait écho la pensée de Michel Foucault:
D’ailleurs, “les
modes de détermination de la recherche d’entreprise” (10)
montrent comment l’on canalise les potentialités de la science.
Mais le discours n’est pas le seul système
symbolique qui crée et articule les valeurs. De tous
les systèmes symboliques qui permettent la production et la
transmission d’informations par la production et la circulation de
signes, la monnaie est l’un des plus importants pour le
capitalisme. Puisque tout tend à se monnayer, plus rien
n’échappe à la forme marchandise. Dans le
système capitaliste, la monnaie joue le rôle d’instrument
de mesure et surtout d’enregistrement de la valeur des marchandises. Or,
par le multiplicateur du crédit , la monnaie
présente une profonde dualité par
laquelle elle est à la fois et en même temps monnaie de paiement
pour un individu et moyen de financement pour une entreprise. Car:
Le
fétichisme de la marchandise , étudié
sous l’éclairage psychanalytique (2), (3), (5), (8), en rapport
avec la structure perverse, n’existerait pas sans cette dualité
du système des signes monétaires.
Wilhelm
Reich avait montré, par l’exemple du fascisme et celui de la
répression sexuelle en U.R.S.S. après la Révolution
d’Octobre, comment les masses peuvent désirer inconsciemment leur
propre répression (8) (7) indépendamment des
<<intérêts préconscients de classe (3)>>.
Nous avons maintenant les moyens de définir la
plus-value de flux en référence à la
fonction de régulation du système et à
l’asservissement des flux réels aux flux d’informations par
le détour de la monnaie. La dualité de la monnaie
(pouvoir d’achat et pouvoir de
décision) permet à la fois le fétichisme
et la domination de l’ instance de
régulation ainsi que son développement autonome.
L’organisateur, comme le capitaliste, n’est que le
<<représentant du Capital (Marx)>>. Il
s’identifie au capital (rapport social) par une négation de son
propre désir, pour assurer sa position hiérarchique:
La
plus-value n’est pas une réalité physique comme le
capital constant et le capital variable ,
mais une réalité abstraite du monde de l’information et
des signes symboliques. La réalité physique du sur-travail
n’est qu’un effet de la plus-value.
La distinction entre pouvoir de
décision et pouvoir d’achat permet de rejoindre la distinction
entre <<capitalisme du centre et capitalisme de la
périphérie (Samir Amin)>> qui seule permet de comprendre
la reproduction élargie de la
société industrielle à
l’échelle mondiale. Car si l’économiste veut bien
sortir du mythe multiplicatif de la croissance (qu’autorise la
dualité monétaire) et prendre comme principe de
réalité les lois de la physique, il doit constater
qu’il n’y a jamais création d’énergie. Le
stock de matière-énergie de la planète est limité
et se dégrade. Au niveau physique, la planète constitue, dans le
meilleur des cas, un état stationnaire et toute
“croissance” n’est jamais qu’un drainage de
matière-énergie de la périphérie vers le centre.
Le centre qui contrôle toute la production d’information est seul
en mesure de définir la valeur, par manipulation des signes
(monétaires, linguistiques, symboliques). Si l’économiste
veut bien poser les pieds sur terre, la croissance n’est plus le mythe
des mythes, mais apparaît toute nue ,
c’est-à-dire: une complexification de la structure du
système, par monétarisation croissante et
drainage cumulatif de matière et d’énergie (hommes y
compris) de la périphérie vers le centre (cf.
Multiplicateur). Mais la “Croissance Zéro”
peut être un mythe plus cynique si l’on ne distingue pas la
croissance par drainage de matière, du
développement par transformation du réseau
d’information et de pouvoir. Dans le cas du développement,
l’aspect physique est accessoire et l’aspect informationnel
déterminant, car l’information et le pouvoir ne sont rien
d’autre que des rapports sociaux de production.
Notons
enfin qu’une telle conception de la plus-value modifie le sens de la
tendance contrariée à la baisse du taux de profit.
5. Trois Aspects de la Plus-Value et
Valeur .
La plus-value peut se définir de trois
façons complémentaires qui font d’elle le concept
économico-social et symbolique le plus riche des sciences humaines.
Plus-Value = plus-ou-moins-value = différence de valeur.
Plus-Value = profit (rente, intérêt) = plus-value de flux.
Plus-Value = rapport social de production = plus-value de code.
Ainsi donc, la plus-value est à la fois une notion
symbolique, une notion économique et une notion sociologique ou plus
exactement le triple reflet ou le concept de trois notions. La conception
symbolique sert de point de passage entre les deux autres; la conception
sociologique définit la source de la plus-value i.e. plus-value de
pouvoir (12); la conception économique en donne une mesure indirecte.
Seule une analyse pluri-disciplinaire, dont Marx donnait l’exemple,
permet de comprendre la plus-value et la valeur.
D’autre
part, la science économique restera pleine de mystères et de
paradoxes si l’on ne tient pas compte de la coupure entre
l’inconscient et le système préconscient-conscient. A la
différence de l’animal, l’homme ne vit pas seulement dans
la nature, mais dans la culture. Celle-ci
n’est pas constituée de choses, mais de signes.
Tous les symbolismes, qu’il s’agisse du langage, de la monnaie, de
la politique ou des rapports inter-individuels, ne sont jamais que la représentation consciente d’un réel
inconscient. C’est pourquoi Marx affirmait déjà que:
<<Toute science serait superflue si l’apparence et l’essence
des choses se confondaient.>> et, par ailleurs: <<Si la
plus-value, donc la valeur, n’avait pas le travail pour origine, ceci
supprimerait toute base rationnelle de l’économie
politique.>> et donc de toute science humaine.
Le
symbolique est donc ce qui assure à la fois une coupure (fente pour
Lacan, spaltung pour Freud) et un leurre
entre le réel inconscient du désir et l’
imaginaire conscient du sujet. La monnaie, le langage,
servent à la fois à dire et cacher le
désir , à le refouler, le réprimer et le
déplacer.
Or, la valeur
appartient au monde de la conscience, de la représentation, de
l’imaginaire et non pas au monde réel du fonctionnement et de
l’usage. Le terme de valeur d’usage est ambigu, car là
où il n’y a que l’usage, il n’y a pas de valeur.
C’est parce que l’objet peut être signe d’autre chose
que lui-même (désir, pouvoir), qu’il acquière une
valeur. Désir et pouvoir n’existent pas en dehors du
fonctionnement social, car c’est toujours désir de... et pouvoir
sur...; de ce fait, désir et pouvoir sont inextricablement liés
(11).
C’est
là que réside le fétichisme de la
marchandise , cette perversion du désir par la monnaie comme
double signe d’un pouvoir d’achat et d’un pouvoir social. On
ne peut comprendre la valeur sans voir que la
société se projette sur les objets. La ville, avec ses
quartiers, riches versus pauvres, l’environnement, sont des projections
spatiales de la hiérarchie sociale . Elles jouent le
rôle du mythe, l’imaginaire social.
Déjà, <<la Nature est la projection du modèle
social (2)>>. C’est parce qu’il y a la hiérarchie
sociale que les objets de consommation peuvent être des signes de la
place de leur consommateur dans la société. La consommation
n’est jamais qu’une consommation de signes.
Et c’est pourquoi notre société
produit tant de névrose puisqu’elle amène le sujet qui
n’est que le résidu imaginaire des opérations symboliques
du langage et du symbolisme socio-culturel, à se prendre pour le
réel du désir. <<Captation imaginaire (5)>>. Le
sujet se consomme comme signe de son désir, idée de
lui-même.
Ce qui est premier, ce n’est pas la
valeur, mais la plus-value et la moins-value. La valeur est préalable
à la demande puisqu’elle est le résidu d’un partage
inégal: la part du Dieu, du chef, du despote, du roi (la consumation)
et ensuite, la part de l’agent producteur (la consommation). Ce
prélèvement instaure un manque relatif et donc une
plus-value relative puis enfin des valeurs relatives. Au
niveau réel, celui du fonctionnement et non pas de la
représentation, le désir ne connaît pas la valeur.
Nous avons
déjà dit que la hiérarchie sociale et la
plus-value de code fonctionnent comme une machine à
créer le manque (moteur immobile de la société) et donc
la valeur. Il en va ainsi pour toutes les sociétés historiques.
Les sociétés primitives sont celles qui
maintiennent cet écart proche de zéro.
(1) Le
caractère non-marchand de la circulation, c’est-à-dire un
rapport qui lie l’unité de production à
l’unité de consommation.
(2) L’homologie de
l’unité de production et de l’unité de consommation,
c’est-à-dire par le fait que ces deux unités soient
constituées selon des principes et des mécanismes identiques, et
soient par conséquent de même dimension et de même
structure.
(3) La coïncidence entre l’unité de
production et l’unité de consommation, c’est-à-dire
le fait que l’unité de production trouve en elle-même les
conditions de sa reproduction, matières premières, instrument de
production et fond de consommation. (9)>>.
La
société primitive connaît la division technique du
travail et la division psychique du travail (division
sexuelle des émotions ), ce qui suffit à instaurer une
hiérarchie et une plus-value de code au profit des
“aînés” et au détriment des
femmes et des enfants.
La prohibition de l’inceste et
l’ échange généralisé des
femmes constituent le code de cette société. Ils assurent la
domination des hommes sur les femmes et l’instance de
régulation du système. Il y a là le germe d’une
exploitation possible, mais celle-ci est toujours conjurée.
Car la société primitive ne
connaît pas: la division sociale du travail, l’
économie monétaire , la sur-répression
(Marcuse) et l’accumulation du Capital. Il faut ces
quatre conditions pour que la plus-value de code se
transforme, par le biais de la valeur d’échange
, en plus-value de flux . Les rapports sociaux de production
créent une plus-value, un manque et une valeur, mais celle-ci ne peut
se transformer en profit, en rente ni en
intérêt . La société primitive
développe ses forces productives par l’innovation technique. Avec
l’apparition de l’État despotique, se réalisera la
première division sociale du travail (classe). La
première innovation sociale a été l’esclavage et la
première innovation psychique fut la religion.
A
l’opposé de la société primitive, la
société capitaliste profite de plusieurs millénaires
d’histoires qui ont créé toutes sortes de valeurs et de
hiérarchies simultanées. Toutes ces plus-values de
code , le capitaliste va en faire des occasions de profit en les
transformant en plus-values de flux . Car la monnaie permet
de transformer la hiérarchie et le prestige en profit. Ce
qu’aucun autre système autre système économique
n’avait jamais permis. Ainsi, transformer un quartier pauvre en quartier
riche est une occasion de profit, en jouant sur la valeur
politique de ceux-ci, tout en maintenant un manque de logement.
On pourrait représenter comme suit le cycle de la
plus-value dans le système capitaliste:
Division politique du travail
Mais un tel processus
ne peut être statique. Il faut donc créer toujours davantage de
plus-value de code avant de la transformer en profit, en plus-value de flux.
Le fonctionnement capitaliste exige donc une complexification croissante et
une monétarisation incessante. C’est ce que réalise la
croissance par drainage de la périphérie vers le centre. Ainsi,
on restaure le manque au moment même où l’on accumule le
capital. Les occasions ne peuvent disparaître dans ce processus de
“destruction créatrice”, et c’est pourquoi la
tendance à la baisse du taux de profit n’a pas de terme.
6. Plus-Value et Taux de Profit
Production = Capital Constant + Capital
Variable + Plus-Value
(1) P = CC + CV +
PV
(2) Pi = PV / (CC + CV) = (PV / CV) * 1 / (1 + k)
(3)
k = CC / CV
La
plus-value est donc à double face (information versus profit). En tant
que plus-value de code elle se mesure en termes d’
information supplémentaire (bits) ou
degré de complexité de la structure de
production. En tant que plus-value de flux elle est
mesurée par la croissance de la production dans la période
considérée. Croissance = accumulation + destruction.
Si le taux de profit n’admet aucune limite c’est
parce que la complexification de la structure de production accroît la
plus-value en même temps que le capital constant.
Le
système économique capitaliste ne présente donc
qu’une limite interne : la transformation des rapports
de production ou modification du réseau d’information qui
passerait d’un modèle centralisé à un modèle
démocratique (réseau fortement connexe). La
limite externe ou limite physique au drainage de la
périphérie par le centre (pollution du centre, épuisement
des ressources de la périphérie) n’est qu’une
conséquence de la reproduction des rapports sociaux de production.
Mis à part l’épuisement des ressources et la
pollution (combien de temps le genre humain se donne-t-il encore pour vivre
sur cette planète ?), la limite du système capitaliste est une
limite interne. La reproduction des rapports sociaux de production
induira-t-elle toujours une course effrénée de l’appareil
de production et de l’appareil d’anti-production, dans un
processus paranoïaque de sur-répression du désir ? Ou bien
la société pourra-t-elle réaliser une transformation
permanente (révolution permanente) des rapports sociaux de production ?
La limite du stock d’énergie n’est, elle-même,
qu’une conséquence de la limite interne, puisque la
croissance est induite par les rapports sociaux, tandis que
le développement vise à les transformer.
Références
(1) Louis
Althusser. “Lire Le Capital”, Maspéro, 1971.
(2) Jean Baudrillard. “Pour une Critique de
l’Économie Politique du Signe”, NRF, 1972; “Le
Système des Objets”, NRF, 1968.
(3) Gilles Deleuze
et Félix Guattari. “Capitalisme et Schizophrénie”,
tome 1, “L’Anti-Oedipe”, Éditions de Minuit, 1972.
(4) Maurice Godelier. “Rationalité et
Irrationalité en Économie”, Maspéro, 1971.
(5) Jacques Lacan. “Écrits”, Éditions
du Seuil. On trouvera une interprétation lisible dans “Jacques
Lacan”, Anika Rifflet-Lemaire, Ch. Dessort, 1970.
(6)
Bruno Lussato. “Introduction Générale aux Théories
des Organisations”, Dunod, 1972.
(7) Herbert Marcuse.
“Éros et Civilisation”, Éditions de Minuit, 1963.
(8) Wilhelm Reich. “La Révolution sexuelle”,
10.18, Plan, 1968.
(9) Emmanuel Terray. “Le marxisme
devant les sociétés primitives”, Maspéro, 1972.
(10) Sociologie du travail. Numéro spécial,
Janvier-Mars 1972, “Science, rationalité et industrie”,
Éditions du Seuil. Paris.
(11) Michel Foucault,
“L’Ordre du Discours”, leçon inaugurale au
Collège de France, NRF, Gallimard, 1971.
(12)
Socio-Psychanalyse. Numéro 1 et 2, Petite Bibliothèque Payot,
1972.
(13) Jean-Joseph Goux. “économie et
Symbolique”, Seuil, 1973.
(14) Osiris Cecconi. “La
Société Industrielle”, P.U.F., 1972.
Compléments
Suites du
texte
Valeur et Plus-Value,
Économie et Psychanalyse
A la
Recherche des Déterminations Économiques de la Valeur
Théorie classique du chômage
Théorie
keynésienne du chômage
Théorie Keynésienne du Chômage
6. Bref résumé de la théorie de
l’emploi
7. Les paramètres
fondamentaux
8. Le principe de la demande
effective
9. L’égalité
de l’épargne et de l’investissement
11. Le multiplicateur d’investissement
14. La préférence pour la
liquidité
15. La théorie
générale de l’emploi
Histoire de l’Émergence
du Capitalisme
Retours
Pour votre prochaine visite
Quoi de Neuf sur le Réseau
d'Activités à Distance?