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Redéfinir la Plus-Value





Texte du Cycle Comment comprendre la Possibilité du Chômage ?.


Suite de Plus-Value et Taux de Profit.





* 1. Position du problème





* 2. La Reproduction de la Force de Travail et le Principe de la Hiérarchisation Sociale. La Plus-Value de Code.





* 3. La Reproduction du Capital Technique, Financier et Informationnel. La Plus-Value de Flux.





* 4. La Reproduction des Rapports Sociaux de Production


<<Le capitalisme technologique comme ensemble fondé sur des interdépendances entre grandes entreprises technologiques et sur des relations sociales codifiées fonctionne sur un principe caché, celui de la Puissance... La volonté de pouvoir se retrouve aussi bien dans les relations économiques nationales et internationales que dans les rapports socio-politiques; cependant la lutte entre les grandes entreprises technologiques ne peut être réduite à la simple intention de gagner des positions dans la hiérarchie industrielle internationale, de maximiser la rentabilité ou d’accumuler le capital, elle apparaît aussi, par le moyen de la prédétermination des choix d’autrui, comme dessein d’imposer une conception particulière de l’ordre économique. (10)>>.


L’accumulation du capital n’est qu’un prétexte à la reproduction d’un rapport social de puissance . Le capital ne présente un attrait que dans la mesure où il est le support physique d’un rapport social. La propriété des moyens de production et leur gestion sont la voie royale pour assumer la fonction de régulation et de contrôle du système. Or, l’aspect pathologique du système capitaliste tient au fait que la fonction de régulation se justifie et se développe pour elle-même, asservissant l’ensemble du système. Dans sa “Dynamique Industrielle”, ouvrage inaugural de la théorie des systèmes de gestion, J. Forrester analyse l’entreprise comme un système de réseaux connectés où circulent six catégories de flux. Les cinq premiers: réseau de matière, réseau de commandes, réseau de l’argent, réseau de personnel et réseau de l’équipement, sont asservis au réseau de l’information.

<<La limitation des flux n’est pas un postulat... par contre la différence entre les flux d’informations et les autres constitue l’un des fondements de la Dynamique Industrielle. (6)>>.


Cette particularité de la plus perfectionnée des techniques de gestion n’est pas un hasard, car l’information a toujours été l’instrument de la domination et de la puissance. Claude Lévi-Strauss a montré que l’écriture est apparue dans les phases historiques de la <<constitution de sociétés hiérarchisées, de sociétés qui se trouvent composées de maîtres et d’esclaves, de société utilisant une certaine partie de leur population pour travailler au profit de l’autre partie.>> Et lui fait écho la pensée de Michel Foucault:


D’ailleurs, “les modes de détermination de la recherche d’entreprise” (10) montrent comment l’on canalise les potentialités de la science. Mais le discours n’est pas le seul système symbolique qui crée et articule les valeurs. De tous les systèmes symboliques qui permettent la production et la transmission d’informations par la production et la circulation de signes, la monnaie est l’un des plus importants pour le capitalisme. Puisque tout tend à se monnayer, plus rien n’échappe à la forme marchandise. Dans le système capitaliste, la monnaie joue le rôle d’instrument de mesure et surtout d’enregistrement de la valeur des marchandises. Or, par le multiplicateur du crédit , la monnaie présente une profonde dualité par laquelle elle est à la fois et en même temps monnaie de paiement pour un individu et moyen de financement pour une entreprise. Car:


Le fétichisme de la marchandise , étudié sous l’éclairage psychanalytique (2), (3), (5), (8), en rapport avec la structure perverse, n’existerait pas sans cette dualité du système des signes monétaires.


Wilhelm Reich avait montré, par l’exemple du fascisme et celui de la répression sexuelle en U.R.S.S. après la Révolution d’Octobre, comment les masses peuvent désirer inconsciemment leur propre répression (8) (7) indépendamment des <<intérêts préconscients de classe (3)>>.


Nous avons maintenant les moyens de définir la plus-value de flux en référence à la fonction de régulation du système et à l’asservissement des flux réels aux flux d’informations par le détour de la monnaie. La dualité de la monnaie (pouvoir d’achat et pouvoir de décision) permet à la fois le fétichisme et la domination de l’ instance de régulation ainsi que son développement autonome. L’organisateur, comme le capitaliste, n’est que le <<représentant du Capital (Marx)>>. Il s’identifie au capital (rapport social) par une négation de son propre désir, pour assurer sa position hiérarchique:


La plus-value n’est pas une réalité physique comme le capital constant et le capital variable , mais une réalité abstraite du monde de l’information et des signes symboliques. La réalité physique du sur-travail n’est qu’un effet de la plus-value.


La distinction entre pouvoir de décision et pouvoir d’achat permet de rejoindre la distinction entre <<capitalisme du centre et capitalisme de la périphérie (Samir Amin)>> qui seule permet de comprendre la reproduction élargie de la société industrielle à l’échelle mondiale. Car si l’économiste veut bien sortir du mythe multiplicatif de la croissance (qu’autorise la dualité monétaire) et prendre comme principe de réalité les lois de la physique, il doit constater qu’il n’y a jamais création d’énergie. Le stock de matière-énergie de la planète est limité et se dégrade. Au niveau physique, la planète constitue, dans le meilleur des cas, un état stationnaire et toute “croissance” n’est jamais qu’un drainage de matière-énergie de la périphérie vers le centre. Le centre qui contrôle toute la production d’information est seul en mesure de définir la valeur, par manipulation des signes (monétaires, linguistiques, symboliques). Si l’économiste veut bien poser les pieds sur terre, la croissance n’est plus le mythe des mythes, mais apparaît toute nue , c’est-à-dire: une complexification de la structure du système, par monétarisation croissante et drainage cumulatif de matière et d’énergie (hommes y compris) de la périphérie vers le centre (cf. Multiplicateur). Mais la “Croissance Zéro” peut être un mythe plus cynique si l’on ne distingue pas la croissance par drainage de matière, du développement par transformation du réseau d’information et de pouvoir. Dans le cas du développement, l’aspect physique est accessoire et l’aspect informationnel déterminant, car l’information et le pouvoir ne sont rien d’autre que des rapports sociaux de production.


Notons enfin qu’une telle conception de la plus-value modifie le sens de la tendance contrariée à la baisse du taux de profit.





* 5. Trois Aspects de la Plus-Value et Valeur .


La plus-value peut se définir de trois façons complémentaires qui font d’elle le concept économico-social et symbolique le plus riche des sciences humaines.


Plus-Value = plus-ou-moins-value = différence de valeur.

Plus-Value = profit (rente, intérêt) = plus-value de flux.

Plus-Value = rapport social de production = plus-value de code.


Ainsi donc, la plus-value est à la fois une notion symbolique, une notion économique et une notion sociologique ou plus exactement le triple reflet ou le concept de trois notions. La conception symbolique sert de point de passage entre les deux autres; la conception sociologique définit la source de la plus-value i.e. plus-value de pouvoir (12); la conception économique en donne une mesure indirecte. Seule une analyse pluri-disciplinaire, dont Marx donnait l’exemple, permet de comprendre la plus-value et la valeur.


D’autre part, la science économique restera pleine de mystères et de paradoxes si l’on ne tient pas compte de la coupure entre l’inconscient et le système préconscient-conscient. A la différence de l’animal, l’homme ne vit pas seulement dans la nature, mais dans la culture. Celle-ci n’est pas constituée de choses, mais de signes. Tous les symbolismes, qu’il s’agisse du langage, de la monnaie, de la politique ou des rapports inter-individuels, ne sont jamais que la représentation consciente d’un réel inconscient. C’est pourquoi Marx affirmait déjà que: <<Toute science serait superflue si l’apparence et l’essence des choses se confondaient.>> et, par ailleurs: <<Si la plus-value, donc la valeur, n’avait pas le travail pour origine, ceci supprimerait toute base rationnelle de l’économie politique.>> et donc de toute science humaine.


Le symbolique est donc ce qui assure à la fois une coupure (fente pour Lacan, spaltung pour Freud) et un leurre entre le réel inconscient du désir et l’ imaginaire conscient du sujet. La monnaie, le langage, servent à la fois à dire et cacher le désir , à le refouler, le réprimer et le déplacer.


Or, la valeur appartient au monde de la conscience, de la représentation, de l’imaginaire et non pas au monde réel du fonctionnement et de l’usage. Le terme de valeur d’usage est ambigu, car là où il n’y a que l’usage, il n’y a pas de valeur. C’est parce que l’objet peut être signe d’autre chose que lui-même (désir, pouvoir), qu’il acquière une valeur. Désir et pouvoir n’existent pas en dehors du fonctionnement social, car c’est toujours désir de... et pouvoir sur...; de ce fait, désir et pouvoir sont inextricablement liés (11).


C’est là que réside le fétichisme de la marchandise , cette perversion du désir par la monnaie comme double signe d’un pouvoir d’achat et d’un pouvoir social. On ne peut comprendre la valeur sans voir que la société se projette sur les objets. La ville, avec ses quartiers, riches versus pauvres, l’environnement, sont des projections spatiales de la hiérarchie sociale . Elles jouent le rôle du mythe, l’imaginaire social. Déjà, <<la Nature est la projection du modèle social (2)>>. C’est parce qu’il y a la hiérarchie sociale que les objets de consommation peuvent être des signes de la place de leur consommateur dans la société. La consommation n’est jamais qu’une consommation de signes.

Et c’est pourquoi notre société produit tant de névrose puisqu’elle amène le sujet qui n’est que le résidu imaginaire des opérations symboliques du langage et du symbolisme socio-culturel, à se prendre pour le réel du désir. <<Captation imaginaire (5)>>. Le sujet se consomme comme signe de son désir, idée de lui-même.


Ce qui est premier, ce n’est pas la valeur, mais la plus-value et la moins-value. La valeur est préalable à la demande puisqu’elle est le résidu d’un partage inégal: la part du Dieu, du chef, du despote, du roi (la consumation) et ensuite, la part de l’agent producteur (la consommation). Ce prélèvement instaure un manque relatif et donc une plus-value relative puis enfin des valeurs relatives. Au niveau réel, celui du fonctionnement et non pas de la représentation, le désir ne connaît pas la valeur.


Nous avons déjà dit que la hiérarchie sociale et la plus-value de code fonctionnent comme une machine à créer le manque (moteur immobile de la société) et donc la valeur. Il en va ainsi pour toutes les sociétés historiques.


Les sociétés primitives sont celles qui maintiennent cet écart proche de zéro.

(1) Le caractère non-marchand de la circulation, c’est-à-dire un rapport qui lie l’unité de production à l’unité de consommation.

(2) L’homologie de l’unité de production et de l’unité de consommation, c’est-à-dire par le fait que ces deux unités soient constituées selon des principes et des mécanismes identiques, et soient par conséquent de même dimension et de même structure.

(3) La coïncidence entre l’unité de production et l’unité de consommation, c’est-à-dire le fait que l’unité de production trouve en elle-même les conditions de sa reproduction, matières premières, instrument de production et fond de consommation. (9)>>.


La société primitive connaît la division technique du travail et la division psychique du travail (division sexuelle des émotions ), ce qui suffit à instaurer une hiérarchie et une plus-value de code au profit des “aînés” et au détriment des femmes et des enfants.


La prohibition de l’inceste et l’ échange généralisé des femmes constituent le code de cette société. Ils assurent la domination des hommes sur les femmes et l’instance de régulation du système. Il y a là le germe d’une exploitation possible, mais celle-ci est toujours conjurée.

Car la société primitive ne connaît pas: la division sociale du travail, l’ économie monétaire , la sur-répression (Marcuse) et l’accumulation du Capital. Il faut ces quatre conditions pour que la plus-value de code se transforme, par le biais de la valeur d’échange , en plus-value de flux . Les rapports sociaux de production créent une plus-value, un manque et une valeur, mais celle-ci ne peut se transformer en profit, en rente ni en intérêt . La société primitive développe ses forces productives par l’innovation technique. Avec l’apparition de l’État despotique, se réalisera la première division sociale du travail (classe). La première innovation sociale a été l’esclavage et la première innovation psychique fut la religion.


A l’opposé de la société primitive, la société capitaliste profite de plusieurs millénaires d’histoires qui ont créé toutes sortes de valeurs et de hiérarchies simultanées. Toutes ces plus-values de code , le capitaliste va en faire des occasions de profit en les transformant en plus-values de flux . Car la monnaie permet de transformer la hiérarchie et le prestige en profit. Ce qu’aucun autre système autre système économique n’avait jamais permis. Ainsi, transformer un quartier pauvre en quartier riche est une occasion de profit, en jouant sur la valeur politique de ceux-ci, tout en maintenant un manque de logement.


On pourrait représenter comme suit le cycle de la plus-value dans le système capitaliste:


Division politique du travail


> Production
> Rapports sociaux de production
> Plus-value de code ou plus-value de pouvoir
> Valeur-signe dans la sphère de la représentation sociale et de l’inscription sociale
> Valeur monétaire ou valeur d’échange dans la sphère de l’échange
> Plus-value de flux ou profit quand cette valeur monétaire se réalise en valeur d’usage .


Mais un tel processus ne peut être statique. Il faut donc créer toujours davantage de plus-value de code avant de la transformer en profit, en plus-value de flux. Le fonctionnement capitaliste exige donc une complexification croissante et une monétarisation incessante. C’est ce que réalise la croissance par drainage de la périphérie vers le centre. Ainsi, on restaure le manque au moment même où l’on accumule le capital. Les occasions ne peuvent disparaître dans ce processus de “destruction créatrice”, et c’est pourquoi la tendance à la baisse du taux de profit n’a pas de terme.






* 6. Plus-Value et Taux de Profit


Production = Capital Constant + Capital Variable + Plus-Value


(1) P = CC + CV + PV

(2) Pi = PV / (CC + CV) = (PV / CV) * 1 / (1 + k)


(3) k = CC / CV






La plus-value est donc à double face (information versus profit). En tant que plus-value de code elle se mesure en termes d’ information supplémentaire (bits) ou degré de complexité de la structure de production. En tant que plus-value de flux elle est mesurée par la croissance de la production dans la période considérée. Croissance = accumulation + destruction.


Si le taux de profit n’admet aucune limite c’est parce que la complexification de la structure de production accroît la plus-value en même temps que le capital constant.


Le système économique capitaliste ne présente donc qu’une limite interne : la transformation des rapports de production ou modification du réseau d’information qui passerait d’un modèle centralisé à un modèle démocratique (réseau fortement connexe). La limite externe ou limite physique au drainage de la périphérie par le centre (pollution du centre, épuisement des ressources de la périphérie) n’est qu’une conséquence de la reproduction des rapports sociaux de production.


Mis à part l’épuisement des ressources et la pollution (combien de temps le genre humain se donne-t-il encore pour vivre sur cette planète ?), la limite du système capitaliste est une limite interne. La reproduction des rapports sociaux de production induira-t-elle toujours une course effrénée de l’appareil de production et de l’appareil d’anti-production, dans un processus paranoïaque de sur-répression du désir ? Ou bien la société pourra-t-elle réaliser une transformation permanente (révolution permanente) des rapports sociaux de production ? La limite du stock d’énergie n’est, elle-même, qu’une conséquence de la limite interne, puisque la croissance est induite par les rapports sociaux, tandis que le développement vise à les transformer.





* Références


(1) Louis Althusser. “Lire Le Capital”, Maspéro, 1971.


(2) Jean Baudrillard. “Pour une Critique de l’Économie Politique du Signe”, NRF, 1972; “Le Système des Objets”, NRF, 1968.


(3) Gilles Deleuze et Félix Guattari. “Capitalisme et Schizophrénie”, tome 1, “L’Anti-Oedipe”, Éditions de Minuit, 1972.


(4) Maurice Godelier. “Rationalité et Irrationalité en Économie”, Maspéro, 1971.


(5) Jacques Lacan. “Écrits”, Éditions du Seuil. On trouvera une interprétation lisible dans “Jacques Lacan”, Anika Rifflet-Lemaire, Ch. Dessort, 1970.


(6) Bruno Lussato. “Introduction Générale aux Théories des Organisations”, Dunod, 1972.


(7) Herbert Marcuse. “Éros et Civilisation”, Éditions de Minuit, 1963.


(8) Wilhelm Reich. “La Révolution sexuelle”, 10.18, Plan, 1968.


(9) Emmanuel Terray. “Le marxisme devant les sociétés primitives”, Maspéro, 1972.


(10) Sociologie du travail. Numéro spécial, Janvier-Mars 1972, “Science, rationalité et industrie”, Éditions du Seuil. Paris.


(11) Michel Foucault, “L’Ordre du Discours”, leçon inaugurale au Collège de France, NRF, Gallimard, 1971.


(12) Socio-Psychanalyse. Numéro 1 et 2, Petite Bibliothèque Payot, 1972.


(13) Jean-Joseph Goux. “économie et Symbolique”, Seuil, 1973.


(14) Osiris Cecconi. “La Société Industrielle”, P.U.F., 1972.





* Compléments


Suites du texte


Valeur et Plus-Value, Économie et Psychanalyse


A la Recherche des Déterminations Économiques de la Valeur


Projet de recherche


L’Économie du Temps


Cycle Robinson Crusoé


Théorie classique du chômage


Théorie classique du chômage



Théorie keynésienne du chômage


Théorie Keynésienne du Chômage


1. Originalité de Keynes

2. Le chômage classique

3. Les postulats classiques

4. La loi des débouchés

5. Le chômage involontaire

6. Bref résumé de la théorie de l’emploi

7. Les paramètres fondamentaux

8. Le principe de la demande effective

9. L’égalité de l’épargne et de l’investissement

10. La propension à consommer

11. Le multiplicateur d’investissement

12. L’incitation à investir

13. Le taux de l’intérêt

14. La préférence pour la liquidité

15. La théorie générale de l’emploi

16. Conclusions sur Keynes

Critiques à Keynes


Production et Appropriation


Propriété ou Possession


Histoire de l’Émergence du Capitalisme


Des Marchés et des Métiers





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Mise à jour: 24/12/1999