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Glossaire Détaillé, Lettre D, numéro 18

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Glossaire Détaillé, Lettre D, numéro 17

Dieu à l’intérieur . Dans l’ horreur des camps , en particulier celui de Ravensbrück, le constat de l’ inhumanité de l’humain est un vécu terrifiant. Dans l’instant, mais aussi par la suite. Même celui qui y fut est tenté par l’oubli, le doute, la volonté de l’effacement, l’amnésie ou la forclusion. Beaucoup n’ont jamais réussi le travail d’écriture qui parvient à faire de ce vécu une pensée, d’en tirer une expérience et de tenir, à ce sujet, une parole de vérité .

• <<Pendant neuf mois j’ai lutté pour ne pas céder au désespoir, garder le respect des autres et de moi-même. Non, Dieu n’était pas absent, il éclairait le beau visage d’Émilie Tillion; la vieille Maria, Mère Élisabeth rayonnaient de sa lumière. Nous allions le prier en cachette, derrière une baraque, avec une religieuse orthodoxe, ancienne et ardente révolutionnaire, Mère Marie, que l’ épreuve portait à la plus haute contemplation. (Geneviève de Gaulle Anthonioz, “La traversée de la nuit”, page 19)>>.
  

Voir Dieu à l’extérieur . Offrande de sa vie . Rejoindre le combat . Question de la Rédemption . Épreuve décisive . Doute méthodologique . Doute organisé par l’inconscient . Doute psychologique . Doute systématique . Douteur conscient . Douteur inconscient . Réveillez-vous coeurs endormis .

Dieu jaloux . (a) Comportement commun à Dieu et Zeus devant les plaisirs d’ Adam et Eve , de ceux de Sodome et de Gomorrhe, devant les cadeaux de Prométhée aux humains. Cette attitude est aussi celle d’ Héra, des Muses et de bien d’autres.

(b) Les plaisirs et les dons qui s’échangent dans des relations interpersonnelles semblent les déranger comme si les actes ou les sentiments étaient dirigés contre eux. Un comportement jaloux suppose que le monde est un seul et unique jeu à somme nulle . Tout plaisir pris et reçu par d’autres dans leur relation sexuelle ou amoureuse (localement un jeu à somme positive ) semble aller en diminution du capital de plaisirs potentiels du jaloux. A leurs yeux, la relation sexuelle et la relation amoureuse sont donc des coalitions partielles visant une redistribution des profits dans le cartel total.

(c) Le dieu jaloux ne peut pas être seul. Il s’ennuie. Il a horreur du vide . Les chansonniers nous montraient “ Dieu” (alias François Mitterrand) malade de solitude et de jalousie à l’Elysée. La raison en est probablement que le jaloux ne supporte ni lui ni personne. Le divertissement est une nécessité psychologique pour celui qui est incapable de rester solitaire ni d’affronter la mort.

• <<Qu'on laisse un roi tout seul, sans aucune satisfaction des sens, sans aucun soin dans l'esprit, sans compagnie, penser à lui tout à loisir; et l'on verra qu'un roi sans divertissement est un homme plein de misères. (Blaise Pascal , Pensées, 142>>.
  

(d) Le dieu jaloux ne peut pas rester en couple. Voyez comme Zeus (jaloux des humains) fait tout pour rendre jalouse Héra (Europe, Alcmène, etc.). Il va toujours chercher un troisième terme pour son couple.

(e) Le dieu jaloux ne peut donc vivre que dans une trinité, un ménage à trois. Ce n’est pas le ménage à trois qui provoque la jalousie. C’est le tempérament jaloux qui produit et reproduit la relation trinitaire en allant chercher le troisième terme dans le réel (quand il existe, Héra) ou dans l’imaginaire (quand la réalité ne lui en fournit pas, Othello). Cette trinité est, bien sûr, une totalité. Car le jaloux ne supporte que lui.

• <<Il n'est de jalousie que de soi-même. (Marcel Proust, A la recherche du temps perdu)>>.
  

(f) La jalousie est d’abord celle du verbe. C’est l’ illusion ethnique de la culture prétendant à la fois tout fonder et échapper à la nature.

• <<La dernière démarche de la raison est de reconnaître qu'il y a une infinité de choses qui la surpassent. (Blaise Pascal, Pensées, 267)>>.
  

Voir Jalousie d’Héra . Sainte Trinité . Solitaires. Solitude assumée . Solitude psychologique . Solitude sociale . Univers. Système naturel . Totalité.

Différence, (/ressemblance), texte. Une différence se manifeste par un trait distinctif sur un fond de ressemblance dont la pensée du même se contenterait volontiers.

• <<La saisie intuitive de la différence, d’un certain écart entre deux ou plusieurs grandeurs, constitue, pour la tradition sémiotique depuis Saussure, la première condition de l’apparition du sens. Toutefois, la différence ne peut être reconnue que sur un fond de ressemblance, qui lui sert de support. Ainsi, c’est en postulant que différence et ressemblance sont des relations (saisies et/ou produites par le sujet connaissant) susceptibles d’être réunies et formulées en une catégorie propre, celle de altérité/identité, qu’on peut construire, comme un modèle logique, la structure élémentaire de la signification (Greimas, Courtès)>>.
  

Voir Différent. Distinction. Ressemblance.

Différences institutionnelles . (a) Les institutions définissent des sphères de l’ exclusion et de l’ appartenance. C’est uniquement au sein de ces sphères que peuvent se dérouler les jeux à somme de la théorie des jeux . On opposera donc les jeux à somme aux différences institutionnelles.

(b) Les différences institutionnelles sont des différences qualitatives. Elles séparent rigoureusement les uns (appartenance) et les autres (exclusion). Mais les différences institutionnelles ne sont pas liées aux qualités propres de l’ individu ou de la personne. Elles ne se définissent pas au niveau individuel . Au contraire, elles visent à empêcher les différenciations individuelles qualitatives au sein de l’institution ou de l’ organisation réelle correspondante.

(c) A l’intérieur de l’institution (ethnie, nation, famille) il n’y aura que des différences quantitatives sur une échelle hiérarchique , au sein du même de la relation hiérarchique , par le biais de la hiérarchie auto-reproductrice . C’est ainsi que dominant et dominé sont soumis au principe de la domination. Ni l’un ni l’autre ne peuvent développer leurs richesses personnelles au point d’affirmer leurs différences qualitatives personnelles.

Différence première , (/identité première), texte. (a) Tandis que la pensée du même cherche à réduire ou abstraire la différence, celle-ci est le point de départ dans la pensée de la diversité .

(b) Admettre l’existence du réel, sans condition préalable (cogito), c’est admettre que la différence (homme, femme; matière, information; verbe, chair) puisse être première.

(c) Il est alors inutile de hiérarchiser (culture/nature) ou de dériver la différence (femme) de l’ identité (homme).

Voir Pensée du même . Amour du même . Identité première .

Différenciation des produits , texte. (a) La différenciation des produits est une méthode de marketing visant à réduire la concurrence en insistant sur la différence des produits.

(b) Longtemps formelle, plus dans la tête des consommateurs et le discours publicitaire, la différence devient réelle. Sous les effets de la concurrence hétérogène, les entreprises se spécialisent et se différencient.

(c) Le développement de l’emploi autonome et du télétravail amorce un processus de différenciation réelle des consommateurs. Des modes de vie différents, liés au travail choisi, se manifestent et se développeront.

Voir Produits. Variété. Famille. Dynastie.

Théma Thématique, Produits en Conception.

Différenciation des sensations , (=Piaget), (/ coordination), texte,

(a) processus par lequel des éléments se séparent et se distinguent peu à peu, à partir d’une activité spontanée et globale ou d’une perception indifférenciée. L’activité spontanée du bébé se découpe peu à peu en réflexes isolables. Puis naissent des habitudes. Peu à peu se différencient des buts et des moyens.

(b) Dans la fonction sémiotique la signification indistincte de l’ indice se transforme en représentation par une différenciation et une distanciation du signifiant et du signifié. Tandis que le symbole garde une trace, une motivation et une charge émotionnelle, le signe devient arbitraire quand signifiants et signifiés renvoient à de pures différences.

(c) Dans la perception, l’enfant devient peu à peu capable de reconnaître les voix, de distinguer les formes puis de différencier les comportements (objets, humains). Ce mécanisme de différenciation qualitative peut être rapproché de la forte capacité de discrimination des sons par l’enfant.

(d) Dans une organisation, le rapport de prescription entre l’opérateur et le prescripteur est fondateur du collectif et conditionne la différenciation des acteurs.

Voir Prescription, Confinement, Conception collective .

Auteur Piaget. Niveau sensori-moteur.

Différenciation individuelle . (a) La différenciation individuelle est un processus inéluctable dans la lignée de la différenciation sexuelle .

(b) Le sexe et la mort font de nous des individus différents (dans la temporalité des générations humaines ) et complémentaires (dans la géométrie des organes sexuels mais surtout dans la combinaison des patrimoines génétiques portés par les gamètes).

(c) La division du travail nous pousse à développer des compétences différenciées par l’acquisition d’ informations nouvelles et l’utilisation d’aptitudes spécifiques.

(d) Jusqu’à une date récente, la logique des systèmes (ethnie, État, marché) a tout fait pour favoriser l’ identité statique et le conformisme. La hiérarchie auto-reproductible enfermait les différences dans une relation élémentaire de domination.

(e) L’émergence des réseaux socio-techniques sur la globalité du marché mondial sera beaucoup plus favorable à la différenciation volontaire, consciente et assumée des nomades modernes qui veulent être pleinement acteurs de leur vie et de leur mort.

Voir Acteur résolu .

Différenciation qualitative , texte. (a) La différenciation qualitative est un processus par lequel des individus deviennent différents,

• soit par des mutations génétiques (héréditaire, inné),
  
• soit par l’acquisition de compétences particulières (épreuve, acquis).
  

(b) Devenir sujet, acteur, autonome, requiert la capacité d’assumer sa différence qualitative. C’est le contraire du mimétisme et du conformisme.

(c) Dans la pratique quotidienne, les sociétés supportent mal les différences qualitatives. Elles les renvoient dans l’univers du mythe. Les épreuves différenciantes sont réservées au héros fondateur .

(d) Pourtant, la production moderne exige de plus en plus de différenciation qualitative des produits et, partant, des individus.

Voir Différenciation individuelle . Différenciation sexuelle .

Différenciation quantitative , texte. (a) La différenciation quantitative est une méthode consistant à distinguer entre plusieurs choses grâce à une qualité, qui leur est commune, mais qui se présente avec des quantités variables selon les choses. La différenciation quantitative permet de créer un ordre sous sa forme la plus simple, l’ordre linéaire.

(b) Dans son idéal de totalité, la société supporte beaucoup mieux la différence quantitative, dans la réalisation de stéréotypes, que la différence qualitative.

Voir Modèle et série . Dialectique du modèle et de la série . Série. Série de termes . Hiérarchie auto-reproductible .

Différenciation sexuelle . La différenciation sexuelle est une invention de l’évolution biologique. Elle lie indissolublement le sexe et la mort .

(a) La différenciation sexuelle joue au niveau de l’organisme complexe de l’individu. Un individu est soit de sexe mâle (homme) soit de sexe féminin (femme). C’est ainsi que chaque individu, découvre, au cours de son développement biologique et psychique qu’il a un sexe et qu’il devra passer par un rapport sexuel (copulation, coït) s’il veut se reproduire. Mais la reproduction ne sera jamais à l’identique. L’enfant peut ressembler à l’un et à l’autre, mais il n’est strictement identique ni au père ni à la mère. C’est ainsi que la différenciation sexuelle (deux types de corps sexués) s’accompagne d’une différenciation de tous les individus.

(b) La différenciation sexuelle joue aussi au niveau des cellules individuelles de l’organisme. Il y a des cellules non-sexuelles et des cellules sexuelles ou gamètes. Leur mode de reproduction ou de division cellulaire n’est pas identique. La méiose est le mode de division de la cellule qui produit les gamètes. La mitose est le mode de division de la cellule non-sexuelle. A cette division entre cellules sexuelles et cellules non-sexuelles s’ajoute la différenciation des cellules selon les tissus auxquels elles appartiennent. En effet un organisme complexe se développe et se constitue par la différenciation des cellules qui le constituent. C’est en ce sens que la complexité et la sexualité sont aussi solidaires que le sont le sexe et la mort .

Différent. (a) Être différent est la caractéristique et le drame de Monsieur Toulemonde . En effet, ce pauvre Monsieur Toulemonde (vous et moi) est différent tant de l’ individu normal (maximum, modèle, idéal) que du français moyen (moyenne statistique). Autrement dit, Monsieur Toulemonde est différent de tout le monde .

(b) La différence la plus importante, irréductible, réside dans le fait que Monsieur Toulemonde est un individu concret. Tandis que l’individu normal, le français moyen et tout le monde sont des individus ou des populations abstraites.

(c) Une autre différence est que tous les individus concrets sont différents entre eux. Biologiquement, malgré leurs efforts éventuels (Michael Jackson) leurs corps pleins laissent voir des traits distinctifs .

(d) Point de vue dynamique. Les différences requièrent un processus d’ assimilation pour réaliser une intégration psychologique dans le corps virtuel . Il en va de même pour l’ intégration sociologique dans une globalité.

(e) Point de vue statique. Les différences provoquent bien des différents entre Monsieur Toulemonde et les gens normaux . C’est alors que l’intégration sociologique dans une totalité statique prend les formes de l’ intégrisme ou du totalitarisme.

Voir Exclusion de Monsieur Toulemonde . Trauma. Normalité comme soumission . Paradoxe de la normalité . Exclusion. Descente aux enfers . Bizutage. Harcèlement. Mobbing. Personne cassée . Renaissance. Chemin de renaissance .

Diffusion du Libre Esprit . (a) Contrairement aux mouvements millénaristes (pénitents), révolutionnaires (dolciniens) ou tentés par le martyre pour se libérer plus vite de la faiblesse de la chair (Cathares, Vaudois), le mouvement du Nouvel Esprit bénéficie de la tranquillité et de la discrétion de l’ intimité amoureuse. Cela lui a permis de subsister longtemps.

(b) L’influence du Libre Esprit est avérée à Strasbourg (1215), en Thuringe (1216) et dans la région de Troyes (1220). A Spolète, un dissident franciscain, Bentivenga da Gubbio, propage des idées de Libre-Esprit jusqu’à son arrestation en 1307.

(c) L’exécution à Cologne, en 1322, du Hollandais Walter et de ses compagnons n’a pas, semble-t-il, troublé l’existence de la communauté de bégards qui, au témoignage de l’un d’entre eux, Jean de Brünn , pratiqua impunément le Libre-Esprit de 1315 à 1335.

(d) Le mouvement n’apparaît au grand jour que lorsque des étudiants le crient haut et fort. Ainsi Etienne Tempier, évêque de Paris, condamne-t-il l’hétérodoxie de ses étudiants.

Voir Filles d’Udyllinde . Béguinage. Aleydis de Cambrai . Bûchers du Libre Esprit . Amaury de Bène .

Auteur

Hubert Houdoy

Créé le 14 Décembre 1998

Modifié le 28 Juillet 1999

Suite

Glossaire Détaillé, Lettre D, numéro 19

Lettre E

Glossaire Détaillé, Lettre E, numéro 01

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Mise à jour: 16/07/2003