Réseau d'Activités à Distance rad2000.free.fr

Vous lisez

http://rad2000.free.fr/glosdj06.htm

Glossaire Détaillé, Lettre J, numéro 06

Précédent

Glossaire Détaillé, Lettre J, numéro 05

Jeu symbolique , (=Piaget), texte. (a) Le jeu symbolique est une étape dans l’ acquisition du langage et de la fonction sémiotique par l’enfant. Il est aussi un moyen de domestication des affects.

(b) Ce que dit Piaget des besoins de l’enfant s’applique tout autant à l’adulte. Nous n’utilisons jamais assez la fonction symbolique de manière créative, occupés que nous sommes à user des mots (lexèmes) dans leur sens courant.

(c) Le langage d’amour est pourtant un domaine où chaque couple d’ amants peut ou doit inventer les mots d’amour de son corpus amoureux commun .

• <<Obligé de s’adapter... l’enfant ne parvient pas comme nous à satisfaire les besoins affectifs et même intellectuels de son moi dans ces adaptations... Il est donc indispensable à son équilibre affectif et intellectuel qu’il puisse disposer d’un secteur d’activité dont la motivation ne soit pas l’adaptation au réel mais au contraire l’assimilation du réel au moi, sans contrainte ni sanctions: tel est le jeu, qui transforme le réel par assimilation plus ou moins pure aux besoins du moi, tandis que l’imitation (lorsqu’elle constitue une fin en soi) est accommodation plus ou moins pure aux modèles extérieurs et que l’intelligence est équilibre entre l’assimilation et l’accommodation (Psychologie de l’enfant, p. 46)>>.
  
• <<En outre, l’ instrument essentiel d’adaptation sociale est le langage, qui n’est pas inventé par l’enfant mais lui est transmis en des formes toutes faites, obligées et de nature collective, c’est-à-dire à nouveau impropres à exprimer les besoins ou les expériences vécues du moi. Il est donc indispensable à l’enfant qu’il puisse disposer également d’un moyen d’expression propre, c’est-à-dire d’un système de signifiants construits par lui et ployables à ses volontés: tel est le système des symboles propres au jeu symbolique, empruntés à l’imitation à titre d’instruments, mais à une imitation non poursuivie pour elle-même et simplement utilisée en tant que moyen évocateur au service de l’assimilation ludique: tel est le jeu symbolique, qui n’est pas seulement assimilation du réel au moi, comme le jeu en général, mais assimilation assurée (ce qui la renforce) par un langage symbolique construit par le moi et modifiable au gré des besoins (p. 47)>>.
  
• <<Le symbolisme ludique peut en arriver à remplir la fonction de ce que serait pour un adulte le langage intérieur... revivre cet événement au lieu de se contenter d’une évocation mentale (p. 48)>>.
  

(d) Le jeu symbolique privilégie l’ assimilation du réel au moi. Il équilibre l’ imitation qui relève de l’a ccommodation.

• <<Dans le jeu symbolique, cette assimilation systématique se traduit donc par une utilisation particulière de la fonction sémiotique, consistant à construire des symboles à volonté, pour exprimer tout ce qui, dans l’expérience vécue, ne saurait être formulé et assimilé par les moyens du seul langage.... Le symbolisme du jeu rejoint en ces cas celui du rêve... parce que le dormeur perd à la fois l’utilisation raisonnée du langage, le sens du réel et les instruments déductifs ou logiques de son intelligence: il se trouve alors sans le vouloir dans la situation d’assimilation symbolique que l’enfant recherche pour elle-même. G. G. Jung avait bien vu que ce symbolisme onirique consiste en une sorte de langage primitif (p. 49)>>.
  

Voir Inconscient. Condensation. Déplacement. Métaphore. Métonymie.

Jeux. texte. La Théorie des Jeux est une formalisation de la théorie de la décision stratégique dans les organisations réelles . La théorie des jeux distingue:

• les jeux à somme nulle ou non coopératifs dans lesquels ce qui est gagné par un joueur est perdu par l’autre;
  
• les jeux à somme positive ou jeux coopératifs dans lesquels la somme des gains des joueurs est accrue par leur coopération.
  
• La valeur d’échange semble faire de toutes les situations politiques, économiques ou sociales des jeux à somme nulle.
  
• La valeur d’usage , au contraire, met en évidence des opportunités de partenariat et des jeux coopératifs.
  
• La guerre militaire ou la guerre économique, par leurs destructions, sont des jeux à somme négative .
  

Voir Yougoslave (parabole) .

Jeux de règles , texte. Tradition de jeux que les enfants se transmettent entre eux (billes, marelle, chat perché, ballon chasseur).

• <<Les jeux de règles sont des institutions sociales, au sens de leur permanence au cours des transmissions d’une génération à la suivante et de leurs caractères indépendants de la volonté des individus qui les acceptent (p. 94)>>.
  
• <<Tandis qu’après 7 ans les parties de billes sont bien structurées... le jeu des jeunes sujets présente de tout autres caractères (p. 94)>>. A cet âge, les règles sont mal connues, chacun joue comme il l’entend sans trop s’occuper des autres, tout le monde gagne car le but est de s’amuser en jouant pour soi tout en étant stimulé par le groupe et son ambiance. Il n’y a pas de coopération authentique.
  

Voir Précoopératif.

Jeux du Cirque . (a) Les Jeux du Cirque de la Rome Impériale, à partir de Jules César en passant par Auguste et Néron, trouvent leur origine dans des sacrifices humains .

(b) Les riches familles patriciennes, celles dont les membres avaient tendance à se prendre pour des descendants des héros (Anchise, Énée, Romulus, Rémus) ou des dieux, avaient l’habitude d’immoler des humains pour plaire et rendre hommage à leurs dieux.

(c) La formule Panem et Circenses résume la recette romaine pour faire emboucher et entonner les <<trompettes de la renommée (G. Brassens>>. Panem (accusatif singulier) désigne le panier de pain que les pauvres de la clientèle venaient chercher à la porte de la demeure, parfois des mains de la matrone. Circenses: Les jeux du cirque (combats de gladiateurs, mise à mort d’esclaves fugitifs, persécutions de chrétiens) sont donnés en l’honneur des dieux Lares et des ancêtres fameux de la famille.

(d) Avant le combat, les gladiateurs (rétiaires, mirmillons, etc) saluaient Jules César ou les empereurs suivants par ces mots: “Salut, empereur, ceux qui vont mourir te saluent”. En latin: “Ave imperator, morituri te salutant” ou “ Ave Caesar ”.

Voir Dame. Dame patronnesse . Dame de charité . Se croire sorti de la cuisse de Jupiter . Se faire soi-même . Se parer des plumes du paon . Le pain et le vin .

Joachim de Flore . texte. Moine calabrais. (a) Fils de notaire, né à Celico en Calabre, Joachim de Flore (1132-1202), est le fondateur d’une congrégation cistercienne. Ses travaux théoriques, sur l’interprétation des Écritures Saintes et sur la notion de Trinité, ont connu un grand succès. Dante lui rend un éloge dans la “Divine Comédie”. Joints à ses idées sur le symbolisme des nombres et à ses prophéties sur l’avènement du règne de l’Esprit, ces textes ont aussi influencé la tradition millénariste (flagellants) et les mouvements révolutionnaires (dolciniens) qui s’en réclament.

(b) Moine cistercien, il est abbé de Corazzo (1178) où il applique une règle stricte. En 1191, à Pietrelata, il fonde un ordre nouveau, approuvé en 1196 par le pape Célestin III et comptant 33 abbayes. Il expose ses idées dans “l’Expositio in Apocalypsim” , le “Psalterium decem cordarum” , la “Concordia Novi ac Veteris Testamenti”  et le “Tractatus supra quatuor Evangelia”. Sa lecture du passé réside dans le développement de germes ou de “signes” manifestes d’un accès à un troisième état, le règne de l’Esprit. Son analyse de la Trinité, qui donne une égale importance au Père, au Fils et à l’Esprit, s’appuie sur la succession “historique” d’Abraham, d’Isaac et de Jacob.

(c) Les nombres. Joachim de Flore est friand de symboles numériques. Les trois vertus théologales et les sept dons de l’Esprit redonnent le dénaire pythagoricien qui est la somme des quatre premiers nombres. Le chiffre 5 (foi, patience, zèle, humilité et espérance) ajouté à 7 (3 personnes prises sur 4 niveaux successifs: Abraham, Agar, Sarah; pris comme grand-prêtre, peuple juif, lévites; comme évêques, laïcs, prêtres; puis comme abbés, convers, moines) produit 12 intelligences.

(d) La décadence générale de l’Église, la prise de Jérusalem par Saladin, et les chiffres annoncent pour 1260 (43 ème génération depuis Ozias) le début du sixième âge (sixième jour de la Création) avant le grand repos du septième jour. Ce type de raisonnement inspirera les insurrection des Fraticelli, des Béguins de Provence, des Dolciniens, de Tommaso Campanella (Città del Sole), de Thomas Münzer (1525), et autres communismes.

Voir Ascétisme. Utopie.

Texte Comment définir l’Utopie ?.

Joachimite. (a) Le mouvement joachimite est une forme de messianisme, une croyance religieuse en la venue d’un Messie ou d’un rédempteur.

(b) La prophétie joachimite d’un nouvel âge est celle de Joachim de Flore . L’année 1260 est celle de la troisième période. Le royaume des saints est réservé aux tenants de la pauvreté volontaire. Les processions de flagellants apparaissent donc à Pérouse en 1260. Elles se propagent en Lombardie et au sud de Rome. Cette prophétie a inspiré Segarelli et les Apostoliques, puis Dolcino de Novare (mort en 1307) et les dolciniens.

(c) On en retrouve l’inspiration chez les Amauriciens et les Nouveaux du Libre Esprit .

(d) Parmi les flagellans, vers 1360 Conrad Schmid prophétise l’ère nouvelle pour l’année 1369. L'épreuve de la flagellation élève à l’état d’innocence édénique. Arrêté en 1368, Conrad Schmid est brûlé à Nordhausen. Les derniers flagellants monteront sur le bûcher vers 1480.

Voir Godot. En attendant Godot . Impeccable.

Jocaste, texte. Mythologie grecque. Homère l’appelle Epicasté.

(a) Fille de Ménoecée et soeur de Créon, elle passe de main en main, transmettant la légitimité du pouvoir royal.

(b) Elle épousa en premières noces Laïos, le roi de Thèbes. Puis Créon maria sa soeur à son propre fils Oedipe. Aucun d’eux ne savait qu’il venait de tuer son père. Elle donna à Oedipe deux fils, Etéocle et Polynice, et deux filles, Antigone et Ismène.

(c) Contrairement à Jocaste, Pénélope, la fidèle et patiente femme d’ Ulysse, le roi d’Ithaque, refusa ce rôle de navette pour la transmission de la position dominante dans le tissu social .

Voir Complexe d’Oedipe . Inceste. Inceste naturel . Prohibition de l’inceste . Prohibition de l’inceste naturel . Indifférence à l’inceste . Sphinx.

John Talbot . (a) Cet anglais, mort à Bordeaux en 1453, est resté dans l’ Histoire de France pour son sens chevaleresque égal à celui de Xaintrailles. John Talbot dirige l’armée anglaise quand il attaque la ville de Dieppe, reprise par le chevalier Charles Desmarets en 1435. La ville est secourue par le dauphin, le futur Louis XI. Jeanne d’Arc n’aura pas cette chance.

(b) On retrouve Talbot et la sorcière Jeanne dans le théâtre (“ Henry VI”, le roi qui voulait être berger) de William Shakespeare (1564-1616).

(b) John Talbot est resté dans l’histoire médicale par l’ouverture de son tombeau et le transfert de son cadavre, en 1854, lors de la réfection de l’église où il gisait. Son squelette montrait une symphalangie. Il s’agit d’une maladie héréditaire, la soudure de la phalange et de la phalangine. Attestée chez cet ancêtre chevalier, cette malformation a été transmise durant cinq siècles. Indice de l’hérédité, elle est présente, de nos jours, chez un descendant Anglais.

Voir Hérésie de Jeanne d’Arc .

Joie, texte. Terme polysémique mais toujours dans un sens euphorique. La question principale est de savoir comment se positionne la joie par rapport au plaisir que donne la satisfaction du désir sexuel . Certains la placent en opposition à celui-ci. Mais, dans cette recherche de la pureté ou de la sainteté, “un saint triste est un triste saint”.

• (1) État de satisfaction intense.
  
• (2) Gaieté, bonne humeur.
  
• (3) État engendré par les plaisirs et leur satisfaction.
  
• (4) Plaisir typiquement sensuel ou sexuel. D’où le terme “fille de joie” pour désigner la prostituée ou la péripatéticienne.
  
• (5) Joie au-delà du plaisir. La joie ne s’oppose pas au plaisir des sens, mais elle est plus profonde et plus durable que le plaisir. La joie est aussi et pour la même raison, plus profonde et plus durable que la souffrance. Elle se situe en dehors de l’opposition du plaisir et de la souffrance, dont l’origine commune est le désir.
  
• La joie est plus profonde car elle ne dépend pas du désir, mais de l’amour. Le désir et le plaisir ne présupposent pas l’ amour. On peut < faire l’amour >, c’est à dire <donner et recevoir du plaisir> par le seul désir c’est-à-dire sans amour, mais sans honte.
  

L’amour ne supprime pas le plaisir. Il le renforce.

L’amour ne s’oppose pas au désir. Il le transforme. Il le complète par la tendresse. C’est par la tendresse que l’amour apaise la souffrance. Ainsi, la joie provient de l’amour qui renforce le plaisir et apaise la souffrance. La joie est plus durable que le plaisir car elle découle de l’amour qui régule et prend le relais du désir.

La joie dépasse le plaisir, le déplaisir et la souffrance. La joie suppose la recherche d’un objectif plus continu que le plaisir immédiat . Cette continuité est fournie par la tendresse intemporelle . Elle transforme le désir en désir tendre . La joie implique un projet d’amour .

Voir Plaisir et joie . Désir et souffrance . Caresses de tendresse . Caresses du désir .

Joie d’être , satisfaction intense procurée par la simple sensation d’exister. État ressenti lorsque nous ne sommes la proie d’aucune passion, d’aucun désir ou d’aucune souffrance. Abstraction faite d’un vocabulaire ou d’un jargon souvent étranger à la tradition occidentale, la méditation cherche à développer la joie qu’il y a à ÊTRE (les majuscules ne faisant référence à aucun absolu, à aucune majesté), tout simplement. Mais le langage et le mental ne se laissent pas facilement débrancher. Et la satisfaction d’être suppose d’assumer pleinement tout ce que nous sommes: mortels, peureux, contradictoires, paradoxaux, humains et capables d’inhumanité. C’est pourquoi il n’est pas si simple d’être simplement.

Voir Être infini . État méditatif . Conscience extrême . Techniques de méditation . Attentif à tout ce qui est . Paix intérieure . Effets bénéfiques de la méditation . Assumer ses émotions . Saisir la globalité .

Jointif, qui est sans intervalle.

• Sur un disque d’ordinateur, l’écriture est plus rapide quand les secteurs sont jointifs. C’est pourquoi il est bon de recompacter un disque sur lequel on efface souvent des fichiers pour en écrire d’autres.
  

Jonction. Jonction est le terme générique regroupant les quatre relations logiquement possibles entre le sujet (Robinson Crusoé par exemple) et son objet (l’île du Désespoir) dans un parcours narratif.

• <<On appelle jonction la relation qui unit le sujet à l’ objet, c’est à dire la fonction constitutive des énoncés d’état. Prise comme axe sémantique, cette catégorie se développe, selon le carré sémiotique , en conjonction, non-conjonction, disjonction, non-disjonction. La position de l’objet de valeur sur le parcours syntaxique permet de distinguer par exemple entre disjonction (objet qui n’a jamais été possédé) et non-conjonction (qui présuppose, syntagmatiquement, que l’objet a été déjà possédé). (Greimas, Courtès)>>.
  

Auteur

Hubert Houdoy

Créé le 27 Décembre 1998

Modifié le 1 er Octobre 1999

Suite

Glossaire Détaillé, Lettre J, numéro 07

Lettre K

Glossaire Détaillé, Lettre K, numéro 01

Association R.A.D. - Chez M.Houdoy - 18, rue Raoul Follereau - 42600 Montbrison - FRANCE.

Fax: 04 77 96 03 09
Mise à jour: 24/12/1999