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Économie Politique ou Géologie Politique
Texte du Cycle Comment comprendre la Possibilité du Chômage
?.
Suite de Redéfinir la
Plus-Value.
Plan
Introduction
1. La loi de la valeur
sous le profit
2. La loi naturelle sous l’exploitation
3.
La valeur d’une culture sans nature
4. Les richesses de la
culture dans la nature
Conclusion: Pour une Géologie Politique
Introduction
Avec l’École Classique Anglaise, la science
économique naissante semble dépasser le
fétichisme monétaire le plus étroit,
celui du Mercantilisme bullionniste. Elle
n’échappe pourtant ni au fétichisme de la
marchandise ni au fétichisme de la
totalité .
L’histoire de l’
Économie Politique commence aussi par le refus du
produit net . Ce concept a été forgé par
les Physiocrates, dans une époque de
réaction nobiliaire à laquelle ils ne
participaient pourtant pas. Comme la personne de Lavoisier,
ce concept a subi l’amalgame réducteur de la Révolution
Française. Par la suite, l’École Classique Anglaise reste
marquée par le débat interne entre David
Ricardo et Thomas Robert Malthus. Dans les
deux cas, la problématique de la répartition
d’une supposée “Richesse des Nations” (Adam Smith)
l’a emporté sur celle de la définition collective et de
l’obtention de cette richesse.
Karl Marx
a mis en évidence un usage inconsistant de la notion classique de
valeur-travail. Contre la confusion du travail
commandé et du travail incorporé , il
a élaboré une théorie substantialiste de la
valeur . Le but poursuivi par le
matérialisme-historique-dialectique était de produire un
discours de vérité pour un “socialisme
scientifique”. Mais, pour la publication du Livre III du
Capital , Friedrich Engels a dissocié
à nouveau le travail économique et le
travail physique . Il s’agissait de masquer
l’incompatibilité de la plus-value avec le
second principe de la thermodynamique. Par ailleurs, l’inspiration
totalitaire d’un tel projet de socialisme scientifique
a fini par porter ses fruits amers.
Ensuite, le passe-partout de
l’ utilité fait disparaître purement et
simplement la théorie (substantialiste ou non) de la valeur. Il
n’y a même plus le souci d’expliquer la taille du
gâteau. Seule compte la manière de le découper. Il ne
reste plus que la théorie des prix instantanés. En
conséquence, il est difficile de comprendre les
crises et le chômage, malgré la tentative keynésienne. En outre, il n’est
pas possible de connecter les concepts de l’Économie Politique
sur la récente problématique mondiale du développement
durable.
1. La Loi de la Valeur sous le Profit
Les diverses composantes historiques (classique, marxiste,
néo-classique, keynésienne) de la probable science
économique ont toutes contribué aux définitions
provisoires de son objet et de son champ. L’apport irréductible
est la loi de la valeur . Nous entendons par là
l’explication du profit par autre chose que par le vol, la
séduction ou l’intimidation. C’est, par
exemple, la position de Marx contre
Proudhon. Reste à définir le statut
méthodologique et la valeur épistémologique de cette loi.
D’autant que profit n’est pas production de
richesse mais appropriation de monnaie.
Pour un individu, il
est toujours possible de s’enrichir soit par le vol pur et simple, soit
en achetant des produits pour les revendre plus cher, sans la moindre
transformation. Il s’agit ici d’un jeu à somme
nulle . Ce qui est gagné par le vendeur ou le voleur est perdu
par l’acheteur ou le volé. En dehors de toute question de morale
ou de jalousie, cette explication de la circulation de la richesse
n’explique pas la nature ni la source de la richesse. La
théorie de la valeur est plus profonde que la
théorie des prix . Partager un gâteau
n’est pas théoriser sa possibilité. Le vol existe. Chacun
le constate ou le subit. Il est d’ailleurs condamné par la loi
pour des raisons fournies par la science économique autant que par la
morale judéo-chrétienne. Ce
n’est pas le vol qu’il faut expliquer, ni même la
croissance des agrégats, mais la possibilité du
développement. Un des apports de la réflexion
économique est la découverte du
développement . Il manque toujours la théorie du
développement durable.
La théorie marxiste de la
plus-value, comme explication commune du
profit, de l’ intérêt et
de la rente, est la plus ambitieuse tentative dans ce
domaine. Mais la prétendue <<propriété
spécifique de la force de travail de produire plus de
valeur qu’elle n’en a reçu (Karl Marx, “Le
Capital”, Livre I.)>> a le triste inconvénient de faire
divorcer l’Économie Politique (ou sa “Critique”) du
paradigme de la science moderne. Car la Physique de
La Création , réduite à ses composants,
a remplacé Dieu ou Le Créateur
, comme modèle d’intelligibilité .
L’erreur commune à toutes les composantes
historiques de la science économique est la croyance réelle ou
l’hypothèse caricaturale d’une loi de reproduction
automatique de la société . Cette loi est une
naïveté humaine. La Science en réfute beaucoup au cours de
son Histoire. Plus grave: cette loi est un coup de force
(volontaire ou non) des scientifiques ou de ceux (les politiques) qui
s’emparent de leurs conjectures pour en faire un
discours de vérité . Selon cette croyance ou
mystification, il est possible à quelques grands prêtres de
prédire l’avenir de l’ humanité ou
les lois de son développement.
Plus cette
prétendue loi de reproduction automatique de la société
est supposée inscrite dans la nature des choses, plus elle comporte le
danger du totalitarisme. En ce sens, le modèle
de l’équilibre de l’école
néo-classique est moins dangereux que celui de la lutte des
classes accoucheuse de l’ Histoire ou celui du
génie de la race supérieure (aryenne, italienne,
française, etc) comme source du Progrès. Mais,
à l’inverse, la théorie libérale ne peut que
postuler la répartition équilibrée d’une richesse
identifiée à la somme des utilités. Réduite
à la théorie des prix, l’Économie Politique est la
forme moderne de l’abandon à la Divine Providence.
Le souhait d’un développement
durable doit s’accompagner d’outils théoriques
adaptés à ce projet global .
2. La Loi Naturelle sous l’Exploitation
Le projet marxiste d’explication de la
plus-value et de la marche des sociétés voulait relier la
production de la valeur économique aux lois, en cours de formulation
par une thermodynamique naissante, sur le travail physique.
Avant que Louis Pasteur n’apporte la
réfutation d’une
génération spontanée conjecturée,
il était possible d’imaginer un mouvement
perpétuel en économie , et même une
création ex nihilo de la valeur.
Le
matérialisme-historique-dialectique est une tentative,
cohérente et systématique, pour explorer les conditions de la
production des richesses. Malgré, ou à cause de, sa
volonté révolutionnaire, il fut incapable de sortir du
cadre de pensée hérité de l’
illusion ethnique d’une culture sans
nature . L’hypothèse fondamentale est toujours celle de
la totalité. Nous avons
largement montré que Marx associe la nature dans
la production de la valeur d’usage pour mieux
l’exclure de la production de la valeur
d’échange . Il ne reste pas d’autre explication de
la richesse et du développement historique de l’humanité
que cette <<propriété spécifique de la force de
travail de produire plus de valeur qu’elle n’en a reçu
(Karl Marx)>>. Et pourtant, cette formule pourrait être la
définition de la valeur d’usage.
Alors, l’
Histoire devient celle des formes de
l’ exploitation. Curieusement, en faisant de la
plus-value un phénomène physique et de l’exploitation une
loi naturelle inscrite dans la force des choses, personne n’a autant que
Marx contribué à naturaliser la
domination. D’où l’apparente
nécessité de la lutte des classes. Ainsi,
Lénine puis Staline eurent-ils les
moyens idéologiques de faire ce que les Tsars de toutes les Russies ne
parvenaient plus à faire: un empire russe, mi-autocratique,
mi-bureaucratique.
Il serait possible de définir le
développement comme une mise en valeur
mutuelle de la nature et des générations humaines. Pour
cela, il faudrait reconnaître à la nature
(déjà-là et toujours-là) un rôle dans la
production des richesses. D’où une profonde
solidarité des machines
désirantes , dans l’ Univers. Or Karl
Marx, comme d’autres, ne lui reconnaît même pas le
rôle de matière première . Elle
n’est que le degré zéro de la
matière. L’homme s’imagine avoir le
pouvoir de produire la matière première comme celui de
fonder un discours de vérité.
Le
retour du refoulé ne concerne pas seulement les
pulsions et les représentations
inconscientes individuelles. Avec la société
industrielle , le rôle de l’espèce humaine dans la
nature (au moins sur la Terre) n’est plus du tout marginal, comme il
l’était au paléolithique. Le retour du
refoulé, c’est la découverte de notre
solidarité avec la nature. Le XX ème
siècle finissant a commencé à se préoccuper de
développement durable et de protection de la nature. Ce qui
émerge, c’est <<Le paradigme perdu: la nature humaine. (E.
Morin)>>.
3. La Valeur d’une Culture sans
Nature
Ce que l’Économie Politique nomme
<valeur>, <valeur économique> ou <prix> est
l'amalgame de trois niveaux d’organisation
qui fonctionnent à trois échelles de temps:
Jusqu’à
ce jour, la Science n’a pas radicalement modifié le contexte
totalitaire dont elle est issue. <<Tout ce qui est
réel est rationnel. Tout ce qui est rationnel est réel.
(Hegel)>>. Depuis Galilée, malgré son
opposition de façade à la Religion de La
Création , la Science prétend Tout
expliquer par une Raison unique. Autrement dit, elle cherche à
retrouver La raison qui animait Le
Créateur . Il ne s’agit pas d’un changement de
perspective ou de paradigme, de la totalité à
la globalité. Il s’agit d’une révolution de palais,
quand le savant remplace le prêtre.
4. Les Richesses de
la Culture dans la Nature
Le point commun à
toutes les composantes historiques de la Science Économique est
l’illusion d’une culture hors de la nature. On évacue la
valeur d’usage au profit de la valeur
d’échange (Classiques, Marx). On la réduit à
l’utilité instantanée (utilité
marginale néo-classique). C’est pourquoi on ne sort
jamais de l’ amalgame prix-valeur-richesse . On manque
toujours la nature de la richesse.
La loi de
l’offre et de la demande définit le niveau
instantané des prix. Au-delà, c’est la
domination qui tient lieu de loi de la valeur. La
domination comme principe définit la logique de la
reconnaissance sociale . En découlent la
répartition de la force de travail dont la
société dispose , le besoin social et
la valeur des marchandises. Cette domination est un principe
d’intelligibilité (“Dieu invisible a
créé le monde visible”) dont la Science n’a pas
réussi à se départir. Elle est aussi le principe
d’organisation qui structure la hiérarchie
auto-reproductible . Ainsi l’Économie Politique (des
prix) ne peut-elle s’autonomiser de la Sociologie (des valeurs).
L’ individualisme méthodologique de l’une
et le holisme de l’autre sont deux aspects
complémentaires de la même logique de la totalité.
L’un pose la partie, l’autre postule le
Tout. Tous deux ignorent la globalité.
La richesse est produite par une mise en valeur
mutuelle de l’homme et de la nature. Pour l’instant, elle
est plus accidentelle ou résiduelle que systématique.
L’étude de la richesse oblige à se situer
dans des échelles de temps beaucoup plus considérables que celle
du spéculateur disant: <<Après moi, le
Déluge !>>. Elle va bien au-delà de celle
des empires (Babylone, Egypte, Rome, Chrétienté, URSS, Reich
pour mille ans, Génie des Carpates, Empire de Centre Afrique,
Microsoft, etc). Le cadre de pensée du
développement durable doit se situer à l’échelle
des temps géologiques. Puisque nous brûlons bois, lignite,
tourbe, pétrole, nous devons comparer nos rythmes de leurs destructions
à ceux de leurs productions. Ainsi formulé, il n’est pas
surprenant que le problème n’ait jamais été ni
posé ni résolu dans le passé. Il est vrai, aussi,
qu’il ne se posait pas avec l’acuité actuelle.
La richesse n’est autre que la prise de conscience et
l’assomption de la solidarité de la culture avec la
nature . Cette prise de conscience tardive est dans la lignée
des révolutions de Copernic, de Sigmund Freud ,
d’Albert Einstein et de l’École de Copenhague.
Le point de vue totalitaire isole la culture de la nature. Il
pense déterminer strictement l’une par l’autre. Il tente de
prophétiser l’évolution de la culture (le progrès,
le communisme final) par les lois de la nature (lutte des contraires, lutte
des classes).
Le point de vue globalisant étudie les
relations entre l’une et l’autre. Il ne
prétend pas définir un futur objectif . Il
n’y a pas de prêtres pour prédire l’avenir, ni de
guerriers pour l’imposer aux producteurs. La Science n’est pas
détentrice de la vérité. Elle
n’est qu’un projet d’intelligibilité
, toujours risqué. Ses conjectures, soumises à
réfutation, ne sont jamais des discours de
vérité .
L’analyse de la richesse
comme mise en valeur mutuelle de l’humanité et
de la nature part du constat que l’homme arrive très tardivement
dans un Univers déjà très ancien.
L’espèce humaine est le produit d’un chaos
structurant qui n’avait pas besoin de sa pensée
organisatrice . L’illusion ethnique feint de croire le
contraire. Tandis que la pensée de la totalité oppose le verbe et la chair, une pensée de la
globalité implique de prendre en compte la solidarité de
la matière et de l’information .
On
retrouve deux aspects de la solidarité nature-culture
:
Conclusion
L’Économie Politique
n’a jamais été en mesure de définir la richesse
dont elle prétend expliquer la répartition optimale.
Répartir une richesse dont on ne connaît ni la nature ni la
taille est une mission impossible. Le point de vue de l’Économie
Politique est encore celui du grand prêtre. Supposé au-dessus de
la mêlée, il rend ses augures à partir d’une
prétendue connaissance de la totalité. Comme il est incapable de sommer un tout, à partir des
éléments, le Tout et les
parties dont il parle sont pure
imagination. En fait, il n’y a pas de point de vue particulier
permettant d’accéder à la totalité. Son point de
vue ne vaut que par la position
élevée que son discours de vérité lui procure.
Le discours procure à celui qui le profère
l’éminence dont il prétend bénéficier. La
prétention à l’ élévation
des uns se paye par un fatalisme désastreux pour tous.
La prétendue Science Économique ne tient pas compte de la
joute pour la reconnaissance à laquelle elle participe
en produisant d’imaginaires totalités. Dans la division
politique du travail , le grand prêtre peut dire la
vérité parce que les fidèles l’attendent de lui.
C’est en quoi la domination comme principe est un
véritable principe d’intelligibilité pour
une culture sans nature. Telle est la fatale élévation
des discours de vérité . La seule
certitude sera toujours celle du malheur que procure la
servitude volontaire .
Il ne peut pas y avoir
de projet total réussi. Or c’est
l’illusion que donne l’ hypothèse
méthodologique de reproduction simple quand elle devient la
loi de reproduction automatique de la société
au nom de laquelle sont rendus les augures. A défaut de projet
global ou de projet globalisant ,
l’humanité subit le mouvement chaotique de la valeur
d’échange, par la loi de l’offre et de la demande.
C’est le prix payé pour l’illusion d’une culture sans
nature.
Pour une Géologie Politique
Replacer la culture dans la nature, c’est envisager une
mise en valeur mutuelle de l’humanité et de l’
Univers. Celui-ci est
déjà-là quand l’espèce
humaine apparaît. Il sera toujours-là
après chaque génération humaine . Mais
il change en même temps qu’elles. Cette
contrainte temporelle est plus forte que la
préférence pour la liquidité . Ce
n’est pas le temps conventionnel de la
culture. Beaucoup plus réellement que l’
épargne ou que le travail mort ,
toujours en danger d’une
dévalorisation, l’Univers est le témoin que se
transmettent les générations.
Si elle se veut
<<la science de l’aménagement de ressources rares pour des
besoins illimités>>, la Science économique doit replacer
les ressources dans de plus vastes cycles que celui (inversé) qui
accompagne la circulation monétaire. La matière
naturelle existe bien avant d’être une
matière première . Le cycle de vie du produit
ne se termine pas avec sa disparition du catalogue du
fournisseur. Un produit fini redevient
tôt ou tard une matière naturelle, y compris les déchets
durablement radioactifs des centrales nucléaires. Le projet
européen d’éco-taxe préfigure ce nouveau point de
vue globalisant.
A l’opposé ou en complément
de l’hypothèse méthodologique de totalité faite par
une Économie Politique qui n’y voit que des
marchandises transitoires, une Géologie
Politique cherche à faire l’ Histoire
des matières. Elles sont le substrat et le produit de la
globalité des activités, tant humaines que
non-humaines. D’une certaine manière, la Géologie
Politique est un point de vue utilitaire sur le cycle des
roches . Elle cherche à en faire un jeu à somme
positive . Au lieu d’être soumis à un fatalisme
engendré par le discours de vérité de quelques-uns, la
Géologie Politique est un possibilisme actif.
Basée sur la valeur d’usage des matières
transformables, elle explore les voies d’un développement
durable.
Auteur
Créé le 28 Septembre 1999
Modifié
Références
Internet et le
développement durable: 2 jours de rencontres à Digne-les-Bains,
en Haute-Provence, les 8 et 9 octobre 1999, au Centre Culturel Pierre
Gassendi.
http://thot.cursus.edu/rubrique.asp?no=1398
Compléments
Théorie de la
valeur
Valeur et Plus-Value,
Économie et Psychanalyse
A la
Recherche des Déterminations Économiques de la Valeur
Théorie classique du chômage
Théorie keynésienne du
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Théorie
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Histoire de l’Émergence du
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La Contradiction
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