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Glossaire Détaillé, Lettre B, numéro 01




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Lettre A


Glossaire Détaillé, Lettre A, numéro 26





Bailli. (a) Un bailli est un agent du roi nommé à la tête d'un bailliage. Le nom vient de ce qu’une mission lui est baillée ou confiée, tout comme une terre est confiée par un bailleur à un locataire en échange d’un loyer.

(b) Les baillis sont apparus vers la fin du XII ème siècle. Il s’agit de renforcer l’administration royale face au système de la suzeraineté et de la vassalité, vecteur d’une grande partie des contradictions féodales . Le bailli est donc un grand commis du roi et un des porteurs de l’idée d’un État centralisé. Comme les anciens “missi dominici” de Charlemagne, les baillis furent d’abord itinérants. Ils venaient entendre les plaintes des administrés contre les abus de pouvoir des prévôts, ceux qui s’autorisaient des privautés. Ils ne pouvaient pas profiter de leur fonctions pour acheter des terres ou des tenures. Mais ils pouvaient ne pas bien entendre d’une oreille tandis que la monnaie tintait dans l’autre.

(c) C’est au XIII ème siècle que les baillis deviennent sédentaires. Ils sont recrutés au sein de la petite noblesse instruite pour compenser la force de la grande noblesse féodale. Celle-ci est constituée par les alliances familiales entre les grandes seigneuries. Les baillis perdront peu à peu leurs pouvoirs avec l’institutionnalisation de la monarchie qu’ils ont préfiguré.

(d) Avec la trahison du connétable de Bourbon, qui s’allie à Charles-Quint contre François I er, le Comté de Forez échappe au duc de Bourbon, Comte de Forez . Il est confié à un bailli. Le premier bailli de Forez fut Claude d’Urfé .


Bailliage. (a) Le bailliage désigne soit la circonscription sous l'autorité d'un bailli soit le tribunal du bailli.

(b) Le bailli devant contrôler la noblesse, le bailliage royal s’oppose à la tenure féodale .

(c) Dans certaines régions, on parlait du sénéchal et de la sénéchaussée ou de châtelain et de châtellenie.

(d) En Bourgogne, à partir de 1588, les élections des députés aux états généraux se font par bailliage. Il en allait déjà ainsi dans le reste du royaume sauf dans les trois états provinciaux de Bretagne, du Dauphiné et de Provence.

(e) Lors des convocations des états généraux (généralement pour créer de nouveaux impôts), les baillis centralisent les cahiers de doléances des paroisses. Ils les traduisent, les modifient, les censurent ou les passent sous silence quand ils proposent de réduire le nombre des baillis.

(f) Au contraire, en 1789, il y avait 661 députés du tiers état, 330 pour la noblesse et 326 représentants du clergé. Cela faisait 991 députés dont les intérêts (mais pas toujours l’idéologie) étaient favorables à la propriété privée , l’abolition des tenures féodales voire la confiscation des biens du haut-clergé. D’autant que les curés de paroisses représentaient 220 députés sur 326, au détriment des chanoines, des abbés et des prélats.


Ballet. (a) Référence à la chanson “Le Ballet” de Jean-Jacques Goldman, chantée par Céline Dion.

(b) Le ballet est une joute interindividuelle dans le monde de l’amour . Son rituel est largement codifié.

(c) Le ballet désigne toutes les règles sociales de comportements différenciés de l’homme et de la femme en présence l’un de l’autre, quand rivalisent la domination et la séduction pour déterminer la position de chacun.

(d) Ces règles, souvent non écrites, mais inscrites dans la longueur d’une jupe ou la hauteur des talons d’une chaussure, contribuent à la construction sociale des corps .

Voir Ballet de deux corps pleins . Joute pour la reconnaissance . Deux désirs . Corps plein .

Texte Un monde de Positions.


Ballet de deux corps pleins . (a) Le ballet de deux corps pleins décrit la rencontre de deux désirs et le rituel de la joute pour la reconnaissance . Ce sont les positions de la relation sexuelle qui se jouent dans ce rituel.

(b) <Un geste, une odeur, un regard> marquent l’irruption du désir et du langage du corps biologique, émergeant du plus profond de l’ inconscient où les avait refoulés la construction social du corps .

Au milieu d’une heure incolore.

Un geste, une odeur, un regard

Qui comme déchire ton décor.

Tout à coup ce coeur qui t’avait presque oublié

Se pointe à ta porte et se remet à cogner.

Attention, le ballet va commencer.

Tu comprends pas trop c’qui t’arrive.

Tu crois d’abord à une erreur.

Tu l’évites et lui te devine

Entre le désir et la peur .

Tu t’entends lui dire des phrases sans aucun sens.

Qu’importe, les mots n’ont plus la moindre importance

Car le ballet a commencé.

(Jean-Jacques Goldman, chanté par Céline Dion)>>.

(c) Dans la relation amoureuse , cette irruption du désir dans les corps biologiques ne provoque pas de peur ni d’angoisse car la tendresse et la confiance assurent la permanence des liens et une certaine constance du désir mutuel . <Les mots n’ont plus la moindre importance> car le langage du corps s’empare de la communication.

Voir Désir tendre . Désir tendu . Désir constant . Douceur. Dureté.


Banalité. texte. (A) Terme féodal.

(a) La banalité est le fait d'accéder à des services communs en payant une redevance au seigneur. C’est le cas pour le moulin banal (farine, huile) ou pour le four banal (cuisson du pain).

(b) Pour être sûr de percevoir les redevances féodales du moulin et du four, les banalités, le seigneur faisait la chasse aux serfs qui se fabriquaient des meules à bras et à tous ceux qui ramassaient du bois dans les forêts domaniales pour cuire le pain et d’autres aliments dans un four domestique. Les banalités sont un élément de l’ inhibition au défrichement .

(c) En 1761, Anne Robert Jacques Turgot (1727-1781) est nommé intendant de Limoges par le contrôleur Bertin. Aussitôt il met en pratique les idées qui seront publiées dans ses “Réflexions” de 1766. Dans tout le Limousin, il supprime la corvée. Il allège les charges supportées par les paysans. Il encourage la culture de la pomme de terre. Il autorise la circulation des grains. Il la facilite même par la construction de routes.

(d) Depuis les troubles de la Ligue des Catholiques, Henri IV avait confié les responsabilités du bailli de Forez à la généralité de Lyon. Le contrôleur Bertin qui a nommé Turgot à Limoges est l’ancien intendant de la généralité du Lyonnais. C’est grâce à lui que le projet de création de l’École vétérinaire de Lyon, par Claude Bourgelat (1702-1779), fut accepté par Louis XV le 4 août 1762. Le nouvel intendant de la généralité du Lyonnais était-il ouvert aux idées de la Physiocratie, du contrôleur Bertin, de Gournay ou de Laverdy ? Toujours est-il qu’en 1766, Mathieu Chazal construit son premier moulin privé sur le Vizézy.

(B) Terme dérivé. Une banalité est une chose banale, simple, évidente, anonyme, une platitude <<not invented here (qui n’a pas été inventée là)>>.

Voir Le pain et le vin .


Baptême du Christ . texte. (a) Le “Baptême du Christ” est une enluminure de Jan Van Eyck dans le bréviaire de Turin-Milan.

(b) Au bord d’un fleuve (Le Jourdain) derrière lequel se trouve un château féodal et un moulin à vent, Jean Baptiste verse le contenu d’une jarre sur le Christ nu, debout, dans le fleuve.

(c) D’un cartouche surplombant le dessin, Dieu, vieillard barbu et chevelu envoie le Saint-Esprit via un rayon de lumière. (Les Très Belles Heures de Notre Dame, vers 1442. Museo Civico à Turin).

Voir Biens de luxe . Après Jésus-Christ . Ministérial.


Baraka. (a) <Baraka> signifie < Bénédiction> en arabe. C’est une faveur divine qui donne la chance.

(b) <Avoir la baraka> c’est mieux que d’avoir la poisse ou la scoumoune, sauf si cela connote <<Une sacrée veine de cocu ! (“Mon nom est Personne”, Sergio Leone)>>.

Voir Connotation.


Barcide. (a) Relatif à la famille d’ Hamilcar Barca , à ses possessions et à ses tentatives de modernisation du monde politique phénicien.

(b) Les principaux chefs barcides furent Hamilcar Barca, ses fils Hasdrubal Barca et Hannibal, et son gendre Hasdrubal le Beau.

(c) Le domaine barcide est le royaume qu’Hamilcar réussit à constituer en Espagne (la ville espagnole de Carthagène est la capitale des Barcides) et la richesse des mines d’argent de Gadès (Cadix). La famille Barca devait compter avec l’extrême richesse et les méthodes violentes (assassinat massif) de Hannon le Grand.

(d) Le culte de la famille était très important à Carthage. Des sacrifices humains étaient offerts à Baal et Tanit. Les victimes étaient de jeunes enfants. Hannibal a peut-être eu la vie sauve grâce à son obstination à vouloir suivre son père en Espagne. Selon Tite-Live, Hamilcar Barca accepta d’emmener Hannibal, alors âgé de neuf ans, à la condition de faire au dieu suprême de la famille, Baal Shamim, un serment de haine éternelle à Rome.

(e) La haine est une manière de rester vivant, mais la mort dans l’âme . La haine est aussi le moteur de la totalité, à Rome comme à Carthage. Bien avant Jules César , Hannibal a eu conscience de l’intérêt économique de la paix armée pour des sociétés esclavagistes comme Rome et Carthage. Sans la défection d’Hasdrubal (le beau-frère), Hannibal aurait peut-être instauré une paix carthaginoise sur la Méditerranée, au lieu de la Pax Romana sur la Mare Nostrum.

Voir Horreur d’Hamilcar . Tophet. Sacrifice.


Baron. texte. (A) Un Baron est un seigneur féodal, avec des vassaux et un suzerain. Le fief qu’il a en tenure est une Baronnie . Un Baron dépend d’un Comte qui “tient” le Comté où il exerce sa domination. Le Comte dépend d’un Duc (parfois apanagé) qui ne dépend que du Roi.

(a) Cette hiérarchie des titres et des responsabilités (justice, ost, arbitrage) vise à rappeler que les domaines (les terres, leurs serfs voire leurs abbayes) que les familles seigneuriales tiennent sont, très symboliquement, la possession du roi. Plus exactement elles furent la possession d’un ancêtre (Clovis, Charlemagne, Hugues Capet, Philippe Auguste), plus ou moins direct du roi, qui en confia la domination, pour son compte à leurs ancêtres. Mais une génération ou un siècle plus tard, tout cela est bien lointain et totalement abstrait. Sur le terrain, c’est la force des armes voire celle des innovations qui compte vis-à-vis des Jacques du domaine. C’est la force des armes, celle des alliances entre les familles ou celle des amours entre les individus (favoris) qui comptent à l’égard ou à l’encontre des seigneurs voisins. D’où les contradictions féodales entre de multiples relations personnelles, géographiques et politiques. Ces relations sont faites de confiance faible , de confiance forte , de confiance totale , de méfiance ou de défiance.

(b) L’ hommage lige ou lien féodal, renouvelé à chaque génération à partir de l’hérédité des fiefs, est une relation de confiance totale entre un suzerain et un vassal. Cette confiance suppose une relation de personne à personne (intuitu personae) qui engage l’honneur et le déshonneur. Il faut une raison grave, la défiance, pour que le vassal faidit se dégage de l’hommage lige. La cause de cette confiance peut être une admiration ou une amitié virile comme celle qui fait demander à François I er, le Roi-Chevalier, d’être adoubé par Bayard, “le chevalier sans peur et sans reproche”, au soir de Marignan (1515). La cause peut être une attirance sexuelle: en 1615, George Villiers est le favori de Jacques I er d’Angleterre, (dans “favori”, lisez “ homosexualité de Laïos ” plutôt que “ poil aux joues”). Par la faveur (“tel est notre bon plaisi r”) ou par les faveurs (sexuelles) du roi, il est vicomte en 1616, comte en 1617, marquis de Buckingham en 1618 et duc de Buckingham en 1623. Pour faire une telle carrière politique au sein de la rivalité homosexuelle masculine , il fait avoir du cul (le contraire du manque de pot ) et peut-être aussi un certain manque de peau . Après avoir obtenu le monopole du commerce du fil d’or et d’argent et s’être fait des couilles en or , le duc sera poignardé, le 22 août 1628 à Portsmouth, par John Felton. La cause de l’hommage peut encore être le mariage ou l’alliance entre deux familles. La cause peut enfin être un service rendu. Par deux fois, le chevalier d’Arcollières releva François I er à la bataille de Pavie, le sauvant ainsi des coutilliers, les égorgeurs à pied. Cela lui a valu la tenure du fief de Verrières-en-Forez.

(c) Tandis que l’hommage lie des hommes, leur foi et leur fidélité, entre eux, par une sorte de relation d’ amour, les baronnies, les comtés, les marquisats, les duchés, les principautés et les royaumes lient des terres et leurs richesses (hommes, fertilité, sous-sol) entre elles, une sorte de relation de travail. Ajoutez à cela le réseau des abbayes qui, tout en appartenant à un ordre (Cistercien, Bénédictin, Chartreux, etc) sont sur les terres d’une juridiction (Auvergne, Forez, Bourgogne, Aquitaine) et sous la protection d’une famille (on peut être seigneur à Saint-Romain-le-Puy ou Verrières-en-Forez, dépendre du Baron d’Écotay ou du Comte de Forez mais avoir son fils moine à l’Île-Barbe à Lyon). Nous avons une idée de l’écheveau des nombreuses contradictions qui font de la féodalité un chaos entre tous ces ordres. L’ordre naît du chaos (“order from noise”) tout comme le chaos naît des ordres et des contre-ordres qui arrivent dans le désordre des estafettes.

(B) L’Empire de Napoléon Bonaparte puis celui de Napoléon III (une autre mode des favoris) ont créé beaucoup de titres et de baronnies. Mais, à cette époque, avec la conscription et l’armée de métier, un baron n’est pas tenu de monter et de financer des régiments. Stanley Kubrick nous montre la mésaventure de Barry Lindon qui fait de telles dépenses sans réussir à les transformer en investissement, c’est-à-dire sans investir les quartiers de la noblesse .

(C) Plus près de nous, les mouvements gaullistes, dont le RPR, ont leurs “barons”, tout comme le parti socialiste a ses “éléphants”. Coq à l’âne. C’est l’occasion de signaler que le mot <baron> a trois autres acceptions: personne occupant une position importante; morceau de mouton ou d'agneau et, en argot, complice d'une mystification ou d'une escroquerie.

Voir Comtes de Forez . Clivage des représentations . Chrétienté. Division politique du travail . Assumer les trois fonctions . Hiérarchie auto-reproductible . Le silence des agneaux . Agneau mystique . Poil au nez . Quête. La Chaise-Dieu . York. Lancastre. Le Nom de la Rose . Obituaire. Hommage vassalique .

Texte La Confiance et la Méfiance. La Défiance et le Refoulement. Les Mobiles et la Motivation.


Baron des Adrets . texte. (a) La prise de Montbrison par le baron des Adrets (Isère) et les horreurs qui s’y déroulèrent, quoique très représentatives de toutes les Guerres de Religion en Europe, sont restées dans la mémoire collective des Montbrisonnais et des Foréziens. Claude Latta lui a consacré le numéro 44, d’Octobre 1990, de la revue “Village de Forez”, sous le titre: “La prise de Montbrison par le baron des Adrets et le capitaine de Poncenat (1562)”.

(b) Le baron des Adrets (la ville de l’Isère) était un prosélyte qui venait de se convertir au protestantisme. Il prit la tête des armées protestantes du Dauphiné. Il envahit la vallée du Rhône, entre Lyon et Valence (Drôme). Le Forez étant le grenier à blé de Lyon, il voulut assurer l’approvisionnement de la ville et mettre fin aux destructions de récoltes menées par des Foréziens aux alentours de Lyon. Montbrison fut précédée et suivie par d’autres villes dans la région. L’artillerie protestante réussit à ouvrir les murailles à la porte de Moingt et à celle de la Madeleine. La garnison offrit peu de résistance. La ville fut soumise au pillage et au massacre le 14 juillet 1562.

(c) Les <<saulteries de Montbrison>>. Le baron des Adrets fit sauter les responsables de la défense de la ville (le capitaine de Montcelar, des officiers et des notables) du haut du donjon du château sur les rochers de la butte volcanique. La tradition populaire affecte cet épisode à une tour restante des remparts, située à côté de l’église Saint-Pierre et du Tribunal, et que l’on nomme (à tort) pour cette raison, la tour des Adrets.

(d) Le baron des Adrets fut désavoué par le Prince de Condé pour cette barbarie qui ne servait pas la cause de l’Église Réformée. Dès le 16 Juillet, le baron rentra sur Lyon où les bourgeois le réclamaient pour leur protection. En septembre 1562, le culte catholique reprenait dans la ville de Montbrison et la légende commençait à fleurir. Comme le montrèrent ensuite les frères Anne d’Urfé et Honoré d’Urfé , Montbrison et le Forez restèrent très majoritairement catholiques. Selon Jean Papon (le modèle du druide Adamas de L’Astrée), le lieutenant-général du bailli de Forez Jacques d’Urfé , les horreurs gratuites du baron des Adrets y ont contribué.





* Auteur


Hubert Houdoy



Créé le 15 Novembre 1997

Modifié le 27 Juillet 1999





* Suite


Glossaire Détaillé, Lettre B, numéro 02





Lettre C


Glossaire Détaillé, Lettre C, numéro 01




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Mise à jour: 16/07/2003