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Glossaire Détaillé, Lettre D, numéro 06

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Glossaire Détaillé, Lettre D, numéro 05

Déjà-là, texte. (a) <Déjà-là> est une formule faisant écho au ça freudien et désignant l’antériorité de la nature (monde naturel et langue naturelle ) pour chaque génération humaine , symbolisée par Robinson Crusoé . Robinson est un aventurier. Il refuse de s’établir comme le lui propose son père. Il préfère courir les mers, “partout, n’importe où, poussé par le hasard”. Le jeune Crusoé est comme Peter Pan . Éternel enfant du pays de nulle part. Pendant les années qui précèdent son naufrage, il vogue dans toutes les directions, sur toutes les mers. Poussé par les pulsions de ce que Freud nomme le ça, il erre deçà delà . Il va n’importe où. Il y fait n’importe quoi. Fétu de paille, il est ballotté par les flots. De tempête en tempête, il est l’ objet du champ de forces de sa nature intérieure. Certes, il est dans la réalité, mais une réalité subie . Elle est envisagée sous l’angle de son idiotie (Clément Rosset).

(b) Comme le Consul décrit par Malcom Lowry dans “Au-dessous du volcan”, quoi qu’il arrive il fait face “de toute façon, d’une certaine façon”. Disons qu’il s’agit d’un réel objectif, abstrait et subi: un espace d’événements, comme on dirait <un tissu de mensonges>.

(c) Par l’opération du naufrage, le ça se retrouve là, sur l’ île du Désespoir , et nulle part ailleurs. Ce choc le fait passer de l’errance à l’ être-là. Hébété, pendant quelques heures, il erre ça et là . Ça et là, pour la première fois réunis. Ce pauvre hère, sans feu ni lieu, crie sa peur et lève les bras au ciel. Après une nuit passée dans les branches d’un arbre, il trouve le refuge d’une grotte protectrice et l’aide d’une végétation nourricière. Elles ont la propriété d’être déjà-là. Robinson se trouve face à la réalité. Elle est envisagée comme une réalité extérieure. Cette nature externe, Bernard d’Espagnat la nommerait réalité empirique . Elle requiert une expérience et des compétences concrètes, un apprentissage opérationnel .

Délamination. (A) Terme de biologie. (a) La lamination désigne la présence de couches régulières alternées. Dans la formation de l’ embryon, le passage de la morula à la blastula ne peut se résumer à l’écartement des cellules et à la formation d’une cavité, la vésicule blastodermique.

(b) La mésoglée est une sorte de gelée qui s’insère entre les deux premiers feuillets germinatifs : l’ ectoderme et l’ endoderme. La mésoglée dérive de la couche ectodermique, mais par délamination d’une couche moyenne. L’endoderme fournit plusieurs éléments à cette couche (mésoderme). On a donc bien trois couches sans toujours pouvoir isoler trois feuillets, tant chaque couche ne se développe que par un mécanisme d’induction provoqué par le contact avec une autre.

(c) Les Pogonophores sont des vers allongés et filiformes. Chez eux, la gastrulation se réalise par un processus de délamination. Il n’y a pas de formation d’un blastopore. L’endoderme est un massif interne de quelques grosses cellules riches en vitellus. C’est à la surface de l’endoderme que s’isole le mésoderme. L’endoderme semble disparaître ensuite. L’absence complète de tube digestif a été observée chez tous les Pogonophores connus. Un Pogonophore n’a ni bouche ni anus. A aucun stade de son développement on n’observe de cavité digestive.

(B) Terme de géologie. Dans l’évolution géodynamique d’une chaîne de montagnes, il arrive que le mouvement de convergence de deux plaques (Inde et Asie dans la formation de l'Himalaya) s’interrompe. La croûte continentale épaissie est alors en déséquilibre gravitaire. Par les forces de la tectonique et de l’érosion, elle revient à l’épaisseur normale d’une croûte d’une lithosphère stable. Cet amincissement post-orogénique s’accompagne d’une anomalie thermique. Il est alors possible qu’il y ait une délamination c’est-à-dire un détachement de la lithosphère mantellique.

Délégation, texte. La délégation est un mode de découplage des apprentissages ou une autonomie orientée.

• <<A la limite de la prescription faible , il y a le découplage fort des apprentissages. Le prescripteur ne s’attache plus qu’à formuler des objectifs qualitatifs et quantitatifs de l’activité de l’ opérateur. Il n’y a plus qu’un faible apprentissage réellement croisé et celui-ci s’opère de façon épisodique à travers la discussion des résultats obtenus et leur interprétation... L’ idéal-type du contrôle de gestion comptable ou financier repose (hélas) sur un rapport où la prescription se réduirait à des orientations formulées par un prescripteur incapable de comprendre les conditions d’activité de l’opérateur... Bien des idéaux-types managériaux (direction par objectifs, structures de centres de profit ), reposent sur ce modèle de prescription et donc prennent le risque d’un découplage fort des apprentissages. Il n’y a là rien d’étonnant car la coopération y est implicitement pensée sur le modèle de la coopération marchande. Coopération qui ne doit pas être confondue avec des partenariats entre firmes qui à travers des activités communes de conception doivent croiser fortement leurs apprentissages (p. 115)>>.
  

Dans la vie politique, la délégation par laquelle les citoyens choisissent leurs représentants à l’Assemblée Nationale relève bien de cette semi-démission par incompétence. Car la division du travail (économie de temps) et le cloisonnement des activités (économie de moyens) n’ont de sens que dans le cadre de la réalisation (exécution) d’un projet. Ils ne peuvent s’appliquer à la conception du projet. C’est pourtant ce que font nos sociétés hiérarchiques depuis l’apparition de l’Etat.

Délire, texte. Discours non pas sans cohérence mais sans pertinence par perte de la réalité.

• <<désigne, en psychiatrie clinique, un état de déviation mentale défini comme fausse perception, erreur de jugement, déroute verbale, aberration de conduite, en fonction des critères propres au bon sens, à la raison et aux normes morales et sociales. La classification psychiatrique des états délirants fait apparaître des variétés pathologiques qui entrent dans la composition des syndromes organiques et psychotiques. L’intérêt de la psychanalyse pour les psychoses a largement renouvelé l’approche du délire, tant d’un point de vue théorique que technique. Sur le plan théorique, on peut rappeler ce qu’exprimait Freud: <En premier lieu, le délire appartient à cette catégorie de maladie sans influence immédiate sur le somatique, et qui ne se manifestent que par des indices psychiques. En second lieu, le délire est caractérisé par ceci: les fantasmes sont devenus maîtres souverains, c’est-à-dire ont trouvé créance et actionnent de ce fait la conduite du sujet>. La nature fantasmatique du délire en fixe corrélativement la valeur: il peut être assimilé à une construction où sont immédiatement présents et directement exprimés des contenus inconscients se rapportant à une période de la vie marquée par l’oubli (amnésie infantile). C’est pourquoi les psychothérapies psychanalytiques des psychoses ont depuis longtemps retenu l’indication de Freud, selon laquelle le délire contient toujours une vérité dont la pouvoir thérapeutique ne doit pas être méconnu. (Fédida, p. 98)”.
  

Voir Discours de vérité . Délire collectif . Parole de vérité .

Délire collectif , texte. La division politique de la société par la distribution sociale des trois fonctions politiques ne favorise pas la régulation fine de la pertinence de la hiérarchie des discours.

• Il en va différemment pour Robinson Crusoé . A moins de sombrer très rapidement dans la folie, Robinson doit entretenir un dialogue étroit avec l’ île de Robinson . Il instaure un échange avec la nature .
  
• L’île est une organisation potentielle ou un système spontané qui englobe l’organisme de Robinson. L’île n’est pas une organisation délibérée quand Robinson y accoste. Les forces qui s’y meuvent n’obéissent à aucune intentionnalité réelle. L’île est dans le même état que le jeune Robinson qui erre deçà-delà.
  
• Robinson, par son projet dans l’île, par son projet pour l’île, fait de celle-ci et de lui-même une organisation: l’ organisation Crusoé .
  
• Dans une société dont les discours sont hiérarchisés, chaque discours hérite sa légitimité (sa prétendue cohérence) d’un discours suzerain.
  
• Dans l’anarchie, la question de la cohérence des discours n’est pas posée (schizophrénie collective).
  
• Dans le totalitarisme, seule compte la cohérence hiérarchisée des discours (paranoïa collective).
  
• La question de la pertinence des discours est toujours repoussée aux calendes grecques . Dans une société cloisonnée et conflictuelle, nous participons, bon gré mal gré, à des délires collectifs. Ces discours presque trop cohérents, mais sans pertinence, sont parfois durables. Exclu de la société, Robinson ne peut pas donner n’importe quel sens à son activité. Il ne peut pas tenir très longtemps dans le délire individuel. La pertinence est plus urgente pour lui que pour tout autre. Il ne peut pas compter sur d’autres hommes, même pour les combattre ou les détester. Il doit dépasser le modèle de la persécution . Cette haine se retournerait contre lui, par conversion somatique . C’est pourquoi, tout en assumant pleinement la fonction productive , il a du assumer et dépasser la fonction guerrière en assumant la fonction signifiante . C’est ainsi qu’il accède au modèle de la responsabilité . Il assume donc les trois fonctions politiques comme trois instances de sa personnalité.
  

Voir Clivage. Écriture remède . Mise en valeur mutuelle . Amour mystique .

Délocalisation, forme d’ externalisation qui consiste à supprimer des activités locales pour les installer dans des régions (rurales) ou des pays à plus bas salaires, plus bas impôts, plus grand dynamisme ou plus haute technologie.

Déluge. Un déluge est une pluie torrentielle, par exemple lorsqu’il <tombe des hallebardes>. (a) Épisode biblique. Chute de pluie permanente pendant quarante jours et quarante nuits. Pluies torrentielles sur l’ensemble de la Terre que Dieu, mécontent de sa création, fit tomber pour se venger de l’impiété des hommes. Seul Noé, sa famille et les animaux qu’il hébergea dans l’ Arche de Noé , furent sauvés de la noyade.

(b) Dans la mythologie grecque, Zeus eut la même tentation de détruire les humains. Heureusement pour les hommes, ils furent aidés par Prométhée qui leur donna le feu et leur enseigna la métallurgie.

(c) Expression. <<Après moi le Déluge>> signifie <<Je pense à moi et peu m’importent les conséquences ultérieures pour ma descendance et pour les autres.>>. Cette attitude consistant à se prendre pour une totalité et la seule, est à l’opposé du développement durable .

Voir Loth. Sodome et Gomorrhe . Dieu jaloux . Jalousie d’Héra . Antédiluvien.

Demande. (A) Terme de psychanalyse. La demande est la transformation opérée par la prise de risque de la formulation du désir.

• <<mot fréquemment employé pour désigner l’élaboration symptomatique du désir inconscient et l’expression instituée qu’il prend pour la conscience après qu’il a été déplacé et travesti. (Fédida, p. 98)”.
  

(B) Terme d’économie. Contraire et complément de l’offre. La demande est le regroupement imaginaire de toutes les demandes individuelles ou des intentions d’acheter un produit ou un service portées par des milliers d’individus dotés du pouvoir d’achat correspondant. La théorie de la demande, corollaire de celle de l’ équilibre du marché, ne prend pas la peine d’étudier la percolation des revenus .

Demande d’explication , texte. (a) Une demande d’explication n’est pas une faiblesse mais une attitude coopérative .

(b) En informatique. Une demande d’explication est une demande de précisions sur la question formulée par un logiciel prévu pour donner des réponses sur un domaine de connaissances .

• <<Le système doit être capable de comprendre le type de demande d’explication émise par l’opérateur. Ceci amène à des recherches en psychologie cognitive notamment de modélisation de la démarche de résolution de problèmes et de planification des opérateurs... mais également dans la démarche de modélisation des mécanismes d’erreur humaine... Le système doit être capable de répondre à la demande d’explication de l’opérateur humain. En particulier si la réponse nécessite un niveau d’abstraction supérieur, c’est-à-dire concernant la genèse d’une connaissance utilisée, le système doit pouvoir reconstituer cette connaissance à partir de connaissances supérieures qu’il doit donc posséder et de mécanismes de raisonnement qu’il doit posséder également (Piechowiak, 1992) (p. 217)”.
  

Demande effective , (= Keynes), texte. (a) La demande effective est un concept keynésien expliquant la possibilité d’un équilibre de sous-emploi.

(b) Malgré la loi des débouchés qui fait que toute offre pourrait créer le revenu pour la demande l’équilibrant, tout se joue d’abord en fonction de ce qui se passe dans la tête des entrepreneurs, leurs anticipations.

(c) Les revenus qu’ils distribuent globalement ne reviennent qu’en partie (propension à consommer ) comme pouvoir d’achat des biens de consommation.

(d) Si l’investissement des entrepreneurs n’est pas là pour anticiper la demande, les débouchés ne sont pas au rendez-vous.

(e) La loi des débouchés passe du monde du déterminisme mathématique au monde réel du possibilisme, de l’ incertitude et du risque. Et ce qui freine l’ incitation à investir , c’est l’importance du taux de l’intérêt relativement à l’anticipation de l’ efficacité marginale du capital .

Voir Modèle de l’équilibre .

Demande réciproque . (a) La demande réciproque est un corollaire du postulat de l’ égalité du revenu et de la valeur de la production . En accord avec la loi de reproduction automatique de la société , on suppose que, dans une économie de marché , ce qui est produit est acheté et que ce qui est acheté a été produit. En conséquence toute l’ activité de la nation peut indistinctement être analysée comme une totalité de production (la planification soviétique, les évaluations objectivement déterminées de Kantorovitch) ou comme une totalité d’échanges (le libéralisme occidental).

(b) La loi de l’offre et de la demande s’appuie sur cette hypothèse pour postuler la nécessité de l’équilibre du marché. Les transactions impliquent que toute offre de biens est une demande réciproque de monnaie. De même, toute demande de biens est une offre de monnaie.

(c) Or, deux points s’opposent à ce postulat:

• le marché (total) ne peut être qu’une partie de la société (globale)
  
• par l’importance du besoin de reconnaissance , l’appropriation prime la production.
  

Tant et si bien qu’une partie importante des valeurs d’appropriation n’ont jamais été produites et qu’une partie importante des produits n’accède pas à la valeur marchande reconnue par le marché.

Voir Modèle de l’équilibre . Société de marché .

Démarche d’intériorité , texte. La démarche d’ intériorité est une pratique de la méditation. Elle consiste à entrer en soi-même pour se connaître soi-même . Elle concerne au plus haut point la connaissance puisqu’il n’y a même pas d ’informations externe à assimiler en connaissances.

• <<Tout cheminement spirituel est une démarche d’intériorité, qui permet à l’individu d’entrer en lui-même pour mieux se connaître et pour vivre harmonieusement. Toute démarche d’intériorisation demeure mystérieuse, car par sa nature propre, elle canalise les énergies vers l’intérieur de l’être et non vers l’extérieur. La connaissance vient de l’intérieur de l’individu qui médite; elle n’est pas transmise d’un individu à un autre. De ce fait, il est parfois difficile de comprendre de l’extérieur l’expérience vécue par quelqu’un d’autre. (Manon Arcand, S’initier à la méditation, p. 68)>>.
  

Voir Méditation. Connaissances. Informations. Assimilation.

Démarche épistémologique d’assimilation , texte. (A) Dans toute formation, à la démarche de transmission des informations , sous la responsabilité du formateur, s’ajoute la démarche épistémologique d’ assimilation que personne ne pourra jamais faire à la place des apprenants. Mais c’est encore le rôle du formateur que de faciliter cette assimilation par le découpage de ses modules de formation.

(B) A titre d’exemple, on cherchera à définir la limite minimale d’un module d’assimilation de la comptabilité en partie double, par les postulats suivants:

a) Tout compte a 2 colonnes, une colonne Débit et une colonne Crédit.

b) Toute opération comptable fait l’objet de 2 écritures, une au débit d’un compte, l’autre au crédit d’un compte.

D’où l’existence de différents types de comptes, les comptes de type A et les comptes de type B. On inclura dans ce module d’assimilation une ou plusieurs démarches pédagogiques d’étymologie, d’histoire et d’illustration.

Auteur

Hubert Houdoy

Créé le 7 Juin 1997

Modifié le 28 Juillet 1999

Suite

Glossaire Détaillé, Lettre D, numéro 07

Lettre E

Glossaire Détaillé, Lettre E, numéro 01

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Mise à jour: 16/07/2003