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Glossaire Détaillé, Lettre F, numéro 06

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Femme libérée . La définition de la femme libérée appartient à chacune des femmes qui entendent se libérer des conditionnements sociaux. Parmi ceux-ci: la domination masculine , la séduction féminine et la pensée du même . Cela suppose d’échapper à la domination comme principe qui est leur source commune.

Une femme libérée n’est certainement pas celle qui se conforme à la définition de la femme libérée selon ELLE, Marie-Claire, Cosmopolitan, Vincent, François, Paul et les autres.
Une femme libérée sera parfois celle qui “fait un enfant toute seule”. Ailleurs, ce sera le mannequin qui milite ou la mère qui refuse l’ excision du clitoris de ses fillettes. Une princesse s’occupera de faire interdire les mines anti-personnelles alors que ce n’est pas imposé par le protocole. Dans d’autres milieux, la femme libérée osera la fellation comme rite privé pour échapper à l’ érection du phallus comme rite public . Chacune a un combat à mener, d’abord et surtout contre elle-même. Car “être une femme libérée, tu sais, c’est pas si facile !”.
Toute femme libérée introduit de la diversité là où règne le même du conformisme. La moindre libération de la plus timide des femmes libérées oblige tout un chacun, dans son entourage, à un début de pensée de la diversité . Et c’est en quoi elle participe au mouvement de libération de la femme et de l’homme. Alors, “ne la laisse pas tomber” si sa définition de la femme libérée ne ressemble pas à la tienne.

Voir Mariage étroit . Mariage ouvert .

Femme marchandise , (/ Femme partenaire ), texte. Bien avant que n’apparaisse la marchandise, la femme faisait l’objet d’un échange entre hommes. Les biens dotaux ou matrimoniaux, qui ne s’échangeaient pas contre les biens ordinaires, sont devenus les biens de luxe , avec l’ équivalence générale de la monnaie.

A partir de l’opposition entre valeur d’usage et valeur d’échange , Luce Irigaray commente les formes de la valeur selon Marx.
<<Pour devenir équivalent, la marchandise change de corps. A son origine matérielle se substitue une origine sur-naturelle, méta-physique. Ainsi son corps devient-il corps transparent, pure phénoménalité de la valeur. Mais cette transparence constitue un en-plus à l’opacité matérielle de la marchandise. Encore une fois, entre les deux, la schize existe. Double face, double pôle, la nature et le social sont divisés, tel le sensible et l’intelligible, la matière et la forme, l’empirique et le transcendental... La marchandise, tel le signe, souffre de dichotomies métaphysiques. Sa valeur, sa vérité, est le social. Mais ce social est surajouté à sa nature, à sa matière, et il la subordonne comme moindre valeur, voire comme non-valeur. La participation au social exige que le corps se soumette à une spécularisation, une spéculation, qui le transforme en objet porte-valeur, en signe étalonné, en signifiant monnayable, en <semblant> référé à un modèle qui fait autorité. La marchandise (la femme) est divisée en deux <corps> irréconciliables: son corps <naturel>, et son corps valeureux socialement, échangeable: expression (notamment mimétique) de valeurs masculines. Sans doute ces valeurs expriment-elles aussi de la <nature>, soit de la dépense de force physique. Mais celle-ci (essentiellement masculine d’ailleurs) sert à la fabrication, à la transformation, à la technicisation des productions naturelles. Et c’est cette propriété sur-naturelle qui va constituer la valeur du produit. (Luce Irigaray, p. 175)>>.
La marchandisation s’opère par la coupure du verbe et de la chair , de la nature et de la culture. Cette marchandisation ethnique de la femme (sans marché, ni monnaie) précède historiquement la marchandisation capitaliste du produit du travail. Avec le salariat et la vente de la force de travail, cette marchandisation s’applique ensuite et aussi aux hommes.

Voir Illusion ethnique . Échange de femmes entre hommes .

Femme partenaire , (/femme marchandise), texte. La prétendue prohibition de l’inceste a instauré l’ échange des femmes entre hommes par un refoulement indistinct de la terre-mère-nature (re)-productrice au profit de la production du logos . De fait, la nature mère (Gaïa, dame nature ) se caractérise par son indifférence à l’inceste .

La nature est la mère déjà-là, comme préalable à chaque génération humaine .
Mais la nature est aussi une femme partenaire dans la production des artefacts (matière) et la reproduction des humains (chair). C’est ce que rappelle le mythe grec de Gaïa. Fille de rien ni personne, la mère primitive devient la femme de son premier fils Ouranos, puis de son fils et petit-fils Cronos, avant de devenir la mère de Zeus et de Héra, grâce à qui elle est quelqu’un (mère des dieux).
La nature est enfin, pour chaque génération humaine , une fille toujours-là. Nous l’abandonnons fatalement, par notre mort.

Le destin tragique d’ Oedipe n’est pas tant de tuer son père Laïos et d’épouser sa mère Jocaste que, par sa mort, d’abandonner sa fille Antigone au pouvoir arbitraire, l’ Auctoritas, de Créon.

Voir Réseau socio-technique . Matière première . Meurtre du père . Mort du verbe . Déméter. Perséphone.

Femme phallique . Terme de psychanalyse qui doit encore beaucoup aux préjugés d’un Freud misogyne . Il n’est pas dans la nature de l’homme de détenir le pouvoir. Le phallus est justement le symbole de cette aliénation. <Femme phallique> est une expression désignant un personnage féminin qui serait à la fois femme séductrice et mère protectrice ou dominatrice. Conjonction de la domination masculine ou de la séduction féminine . Comme pour les noms féminins des cyclones de la météorologie, le pourquoi de cette féminité n’est pas dit par Freud.

<<Représentation fantasmatique de la femme, pourvue de l’organe masculin, ou symboliquement reconnue comme détentrice du pouvoir et de l’autorité pris à son partenaire masculin. L’emploi de cette expression se situe principalement dans son sens symbolique: femme dont le comportement, l’allure, le vêtement, etc, connotent une signification d’autorité et de puissance. Il se distingue aussi quelque peu de l’usage qui est fait de la référence au pénis dans la théorie sexuelle infantile. (Fédida, p. 129)>>.

Voir Auctoritas. Castration. Créon. Fétichisme. Phallus. Trois personnages féminins . Homosexualité de Laïos . Pensée du même . Gaïa. Parents combinés . Mère phallique . Présupposé patriarcal de Freud . Érection du phallus . La femme n’a pas de pénis . La femme n’a pas le phallus . Mal castrée .

Femme soumise . Le mâle dominant ne connaît que la relation sexuelle . Il n’a pas de relation amoureuse . Il impose les contraintes de son plaisir pris à la femme soumise. La femme soumise ne recherche pas son plaisir dans le cadre du devoir conjugal .

Il se peut que la soumission ne soit qu’une façade. Elle cherche parfois autre chose que le plaisir (sécurité, argent, influence, séduction, pouvoir). Sous les apparences trompeuses d’une femme soumise, le Sultan Shahriyar a trouvé en Schéhérazade non pas une courtisane ni une experte en caresses , mais une véritable amante.

Voir Droit à l’orgasme . Technique sexuelle en séduction . Erotisme amoureux . Amour dialogué . Femme mise-sous .

Femme, mais respectable . <Femme, mais respectable> est la définition de la dame.

Dans certains milieux cultivant la culpabilisation du désir de la femme , l’expression <femme respectable> est comme <putain respectueuse> une contradiction dans les termes .
La femme étant la femelle copulatrice et procréatrice qui ne peut concevoir que dans le péché, seule la mère est respectable.
L’idéal de la féminité devient mère sans être femme. Ce n’est pas le cas de la fille-mère. C’est le cas de la Vierge Marie . De plus, cette mère exceptionnelle est déjà une fille (enfant) d’exception. Elle est le fruit d’une Immaculée Conception . Ceci la met à l’abri du Péché Originel d’ Adam et Eve .
La fille-mère est tout l’inverse de la Vierge Marie. Elle n’est pas une dame. Elle n’est même pas une femme puisque l’expression <fille-mère> évite soigneusement le mot qu’elle implique.

Voir Trois personnages féminins .

Femme-mise-sous. La femme soumise , qui fait son devoir conjugal , est la femme-mise-sous le mâle dominant pendant le coït.

Dans “La Domination Masculine”, Pierre Bourdieu décrit une violence symbolique . D’après T. Yacine-Titouh, “Anthropologie de la peur”, il nous rapporte le mythe Kabyle de cette célèbre position du missionnaire .
<< C’est à la fontaine (tala) que le premier homme rencontra la première femme. Elle était en train de puiser de l’eau lorsque l’homme, arrogant, s’approcha d’elle et demanda à boire. Mais elle était la première arrivée et avait soif, elle aussi. Mécontent, l’homme la bouscula. Elle fit un faux pas et se retrouva par terre. Alors l’homme vit les cuisses de la femme, qui étaient différentes des siennes. Il resta frappé de stupeur. La femme, plus rusée, lui enseigna beaucoup de choses:
“Couche-toi, dit-elle, je te dirai à quoi servent tes organes.”

Il s’allongea par terre; elle caressa son pénis qui devint deux fois plus grand et se coucha sur lui. L’homme éprouva un grand plaisir. Il suivait partout la femme pour refaire la même chose, car elle savait plus de choses que lui, allumer le feu, etc. Un jour, l’homme dit à la femme:

Je veux moi aussi te montrer; je sais faire des choses. Allonge-toi et je me coucherai sur toi.”

La femme se coucha par terre et l’homme se mit sur elle. Il ressentit le même plaisir et dit alors à la femme:

“A la fontaine, c’est toi; à la maison, c’est moi.”

Dans l’esprit de l’homme, ce sont toujours les derniers propos qui comptent et depuis les hommes aiment toujours monter sur les femmes. C’est ainsi qu’ils sont devenus les premiers et ce sont eux qui doivent gouverner. (Bourdieu, Seuil, pages 24 et 25)>>.

Ce mythe transpose à la guerre des sexes , entre le sexe masculin et le sexe féminin , le ballet privé ou la joute pour la reconnaissance qui se joue entre l’ expert en caresses et l’ experte en caresses .

Voir Amour en face . Pénétration par l’arrière . Clitoris. Je bande, donc elle jouit . La caresse intérieure . Caresses intérieures . Hypothétiques ancêtres féminines . Hypothétiques ancêtres masculins . Plaisir si violent . Spectacle naturel .

Femmes sous lois musulmanes . Texte. (a) “Femmes sous lois musulmanes” est un réseau de solidarité entre femmes, d'information sur les persécutions et de recherche sur les droits des femmes et les textes qui les régissent. Ce réseau est présenté, comme suit, par un article du | 4 mars 1997, de Michel Groulx, du Centre de recherches pour le développement international à Montréal. info@idrc.ca

<<En novembre 1995, un chef religieux musulman du Tchad appelait au meurtre d'une femme, Zarah Yacoub, qui avait réalisé un film dénonçant la pratique de l' excision, cette mutilation génitale des femmes qui se pratique dans plusieurs pays de l'Afrique, aussi bien à l'intérieur de l'islam qu'à l'extérieur. De peur qu'un fidèle ne cherche à exécuter la sentence de l'imam, la cinéaste avait dû se terrer pendant trois semaines.

Cette histoire aurait bien pu tourner au cauchemar sans l'intervention d'un réseau de solidarité. Grâce à ce réseau, des centaines de groupes voués à la défense des femmes et des droits humains ont été alertés du sort réservé à Zarah Yacoub. On a fait pression sur le gouvernement tchadien qui a finalement enjoint l'imam de lever la sentence de mort. Or, la persécution de cette femme qui avait osé défier les règles dictées par le pouvoir religieux est loin d'être un cas isolé. Elle démontre que la notion de crime n'a pas partout le même sens. La relecture des lois qui gouvernent l'existence des femmes ne serait-elle pas un moyen de préserver leur autonomie et même de l'améliorer ?

C'est le défi relevé par Femmes sous lois musulmanes, un réseau de solidarité, d'information et de recherche. Ce mouvement a été créé en 1985 à l'initiative de neuf femmes qui voulaient répondre rapidement à des cas de violation des droits des femmes dans des communautés et des pays musulmans. Leurs gestes d'entraide font appel, le plus souvent, à la reconnaissance des droits humains fondamentaux. Inspirée par des mouvements comme Amnistie Internationale, cette solidarité ne constitue pourtant qu'une facette des activités de ce mouvement.>>

(b) Contact:

Femmes sous lois musulmanes.

BP 23

34790 Grabels, France

Voir Excision du clitoris . Clitoris. Mutilations sexuelles . Exclusion de la femme . Exclusion du sexe . Non-crime.

Texte Connaître le Clitoris.

Féodalisme, texte. Féodalisme et féodalité désignent un système politique où les relations sont organisée à partir de la tenure du fief.

Celui qui occupe militairement la terre en organise la production et rentre dans une organisation politique. Réellement ou fictivement, il tient (tenure féodale ) la terre de quelqu’un qui lui en a confié la domination et la gestion.
La société féodale est l’organisation économique et sociale du Moyen-Age. La société comporte trois ordres: Clergé, Noblesse et Tiers-Etat (Prêtres, Guerriers, Travailleurs).
La vie économique est organisée à l’intérieur d’un domaine féodal où s’exerce la domination des gens de guerre sur les travailleurs. Pour des raisons liées à la logique de la domination militaire, dont l’indépendance stratégique, le domaine s’efforce à l’ autarcie.
Les relations de suzeraineté/vassalité règlent les rapports de force au sein de la noblesse. C’est la forme que prend la hiérarchie auto-reproductible .
Le clergé détient le pouvoir spirituel et assure la transmission des connaissances entre les générations humaines .

Voir Société féodale . Monde des trois ordres .

Féodalité, texte. Organisation de la Société féodale .

Voir Féodalisme.

Ferme ta boîte ! . texte. (a) “Ferme ta boîte !” est la formule employée par Épiméthée, le frère cadet de Prométhée, quand il fut affolé par tous les fléaux qui sortaient de la boîte de Pandore .

(b) Par malchance, au fond de la boîte que les dieux avaient offert à Pandore, il y avait aussi l’espérance.

(c) Mais rien n’est définitivement perdu. Toute femme est à l’image d’ Eva, Prima Pandora . Et pour tout homme qui se montre capable de retrouver la boîte et le mécanisme de son ouverture, l’Espoir n’est jamais bien loin.

Fermeture des maisons closes . Demandée par Marthe Robert, en France, la fermeture des maisons closes a mis les prostituées dans la rue. Depuis, elles “font le trottoir” pour allécher le client. C’est ainsi que les putes sont devenu des péripatéticiennes.

La fermeture des maisons closes ou des maisons de prostitution est une hypocrisie politique. Elle cache un sein que Tartuffe ne saurait voir, mais qu’il ne lui répugne pas de caresser en le couvrant de son mouchoir. Elle empêche de faire des prostituées des salariées quand le salariat est l’accès à la reconnaissance sociale. Elle bloque toute tentative de faire du plus vieux métier du monde un métier au grand jour: des comptes, de l’hygiène, des conditions de travail, des horaires, des cadences, du droit du travail et du droit de grève. Comme tout refus de voir la réalité en face (Sida en Roumanie sous Ceauscescu, le travail des enfants, la pédophilie), elle met le plus démuni dans les mains du plus roué. La fermeture des maisons closes a créé le proxénétisme.
Cette décision a fait du marché du sexe un marché clandestin. Alimenté par un régime de pénurie dans le monde de l’amour , le besoin social pour la prostitution , ne disparaît pas avec les maisons de tolérance où travaillaient les filles de joie.
Comme dans la cas de la prohibition de l’alcool aux Etats-Unis, le marché du sexe, repris par le milieu, est devenu un rouage économique important dans le recyclage des bénéfices clandestins, de l’argent sale.
Plus grave, la relation de domination entre le mulot et la pute, le proxénète et la prostituée, est une relation de domination entre le sexe masculin dans son ensemble et le sexe féminin au complet.

Voir Culpabilisation du plaisir de la femme . Information sexuelle . Technique sexuelle . Experte en caresses . Types sexuels féminins . Trois personnages féminins . Rouble relation de la prostitution . Relation de prostitution . Éros secondaire . Bigote. Dame de charité . Dame patronnesse . Dame. Femme, mais respectable . La p’tite bonne . Wagon de pines . Plus vieux métier du monde .

Auteur

Hubert Houdoy

Créé 20 Décembre 1998

Modifié le 19 Août 1999

Suite

Glossaire Détaillé, Lettre F, numéro 07

Lettre G

Glossaire Détaillé, Lettre G, numéro 01

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Mise à jour: 16/07/2003