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Glossaire Détaillé, Lettre P, numéro 28

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Glossaire Détaillé, Lettre P, numéro 27

Préférence pour la liquidité , texte. (a) La préférence pour la liquidité est une forme de choix entre différentes formes de monnaies ou de titres.

(b) Cette préférence pousse à la hausse du taux de l’intérêt , la baisse de l’incitation à investir, la faiblesse de l’investissement, l’insuffisance de la demande effective et le sous emploi.

(c) Celui qui ne dépense pas son revenu (droit à la consommation) <<désire-t-il lui conserver la forme d’un droit immédiat, liquide (i.e. la forme de monnaie ou d’équivalent monétaire)? Ou au contraire est-il disposé à aliéner ce droit immédiat pour une période spécifiée ou indéfinie?>>.

(d) Le taux de l’intérêt négocie le prix de cette attente. Il est le “prix” auquel le désir de maintenir la richesse sous la forme liquide se concilie avec la quantité de monnaie disponible. Cette préférence pour la liquidité a pour cause l’incertitude sur les taux d’intérêt qui seront pratiqués demain.

Préfol. texte. (a) Préfol est le hameau de Saint-Rirand où se trouvent l’élevage des Bisons des Monts de la Madeleine .

(b) Toponymie. <Préfol> désigne un pré (pâturage) facilement envahi par l’herbe folle, les ronces, les genêts ou le taillis. C’est généralement un pré résultant d’un déboisement (essarts) de l’étage forestier. La forêt tend à regagner le terrain. Habituellement, quand les vaches et les moutons sont à l’étable, on fauche les refus pour éviter que le pré ne devienne un préfol. Mais à Saint-Rirand, les bisons broutent toute l’année sans la moindre stabulation. Les refus de l’été émergent de la neige en hiver. Et, à ce moment-là, “faute de grives”... “c’est pas de refus”.

(c) Au-dessus de Briançon, sous les Agneaux (3 664 m), la “Montagne des Prés les Fonts” est un massif découpé par le Petit Tabuc (Le Casset) et le Grand Tabuc (Monêtier-les-Bains). Sous le glacier du même nom, les prés regorgent de sources (Font). A proximité se trouve le Pra Ferrat.

(d) <Pré> vient du latin <Pratu>. Dans le franco-provençal du Forez, on parle de <Pra>. Au Col des Pradeaux , les prés sont gorgés d’eau. Pralong, entre Boën et Montbrison, est un pré long qui se nommait Prato Longo en 970. On peut en déduire que Les Prats ou Praz, de Chamonix et d’ailleurs, sont aussi des prés.

(e) L’opposition actuelle entre pré (pâture) et champ (labour et culture) n’a pas toujours existé. A Lamure-sur-Azergues, Pramenoux se nommait Pratum Menulti en 977. Ce pré (Pratum) était un champ (Campus) planté de “menus” céréales (Menulti: avoine ou millet).

Voir Prassouroux.

Texte Le Forez en définitions.

Préformation. (a) Théorie selon laquelle la forme individuée (individu différencié) préexiste à la fécondation. La forme se situe matériellement dans un germe. Celui-ci peut être minuscule et invisible. La préformation s’oppose à la théorie de l’ épigenèse.

• <<Le germe préexiste à la fécondation. Toutes les parties essentielles ont coexisté dans le même temps. Le développement des unes paraît précéder celui des autres. Leur consistance, leurs proportions relatives, leur forme, leur situation subissent peu à peu de très grands changement. (C.  Bonnet, Considérations sur les corps organisés , t. III des Oeuvres complètes, Neuchâtel, 1779)>>.
  

(b) Les préformationnistes posent une continuité du plasma germinatif qui, d’oeuf en oeuf, traverse les générations (Jaeger, Nussbaum). D’une certaine manière, tout en admettant une semence mâle et une semence femelle, cette théorie prolonge ou renouvelle celle du logos spermatokos . Weismann supposera une coupure radicale entre le soma et le germen.

(c) Oviste, Bonnet formule l’hypothèse de l’emboîtement des germes. L’ovaire initiale d’ Eve, la mère de toute l’espèce humaine, aurait contenu les germes de tous les êtres humains. Comme des poupées russes, ils auraient été emboîtés les uns dans les autres. Ils forment une fille d’attente. Ils sont d’autant plus petits qu’ils sont appelés à naître tardivement par rapport à La Création divine de la première femme.

(d) Pour les animalculistes (Leeuwenhoek, Hatsoekerq, Leibniz, Andry, Delenpatius), l'oeuf n’est qu’un milieu nutritif pour le spermatozoïde. Le spermatozoïde est cet homoncule dans lequel l’être est préformé.

Préjugé patriarcal de Freud . Le moins que l’on puisse dire est que le fondateur de la psychanalyse historique était gêné par le sexe de la femme .

• <<Faisant du développement de la femme une simple variante du développement masculin, Freud n’est pas parvenu à élaborer à ce niveau une théorie globale et exacte. Ses préjugés théoriques se sont traduits en préjugés thérapeutiques, produisant parfois des effets néfastes sur les patients qu’il traitait. Non seulement Freud a considéré que les femmes étaient dépourvues de pouvoir, mais il leur a refusé une sexualité puissante et unique. (Alain Braconnier, Le sexe des émotions, p.129)>>.
  

Voir Complexe d’Oedipe . Complexe de castration . Complexe de castration chez la fille . Complexe de castration chez le garçon . Complexe général de castration . Donner la vie . Freud misogyne . Misogynie. Inter urinas et faeces . Du con au cul . Dépréciation esthétique . Dépréciation verbale .

Prélèvement énergétique , texte. (a) Le réseau physique du système productif effectue un double prélèvement énergétique dans le réseau physique naturel , par les matières premières et par les énergies fossiles.

(b) Ce prélèvement est une des rares composantes du progrès technique.

(c) Au cours de l’histoire économique, d’un système énergétique à l’autre, ce prélèvement n’a cessé d’augmenter en quantité et en diversité. Il introduit une contrainte de temporalité quand nous épuisons, en un siècle ou deux, ce qui s’est constitué à l’échelle géologique de millions d’années.

Voir Temporalité de l’Univers . Temporalité de l’humanité .

Prématuration de l’homme . La néoténie ou la prématuration de l’homme désigne le fait que “le petit d’homme” est un “foetus de singe né avant terme”. Cette prématuration a été rendue nécessaire par la position debout de l’homme (et donc de la femme). Si l’enfant naissait à terme, à plein développement, soit l’enfant, soit la mère, soit les deux mouraient. Cela eut aussi pour conséquence de provoquer un défaut d’instinct.

Premier mot , texte. (a) Si le premier mot de l’enfant était l’expression de sa conscience de son existence et de l’existence du monde, il peut être considéré comme un verbe être, le verbe être par excellence. Une sorte de révélation de l’existence.

(b) Par la suite, d’autres verbes vont enrichir son vocabulaire et accroître sa capacité de communiquer avec les autres hommes. Le poids de chacun des verbes, y compris le verbe être, sera beaucoup moins fort que le poids, la valeur, du premier verbe, du premier mot-phrase (ni nom, ni verbe, ni adjectif, ni adverbe).

(c) Ce premier mot est une expérience absolue, une révélation non renouvelable dès que l’enfant découvre le monde du discours. Avec le danger de s’y perdre (la fente et la refente selon Jacques Lacan). Mais, pour absolu qu’il soit, ce premier mot manque de valeur opératoire. Il n’est que l’ intuition d’une unité du monde et du sujet. Un résumé des apprentissages antérieurs (non négligeables pendant la première année de la vie extra-utérine).

(d) Ce n’est que par l’apprentissage de la langue, la multiplication des verbes et de leurs adjuvants (sujets, compléments, adverbes), que l’enfant qui s’est découvert “existant”, atteint une plus grande dextérité dans la communication.

Voir La Trialectique Sujet - Objet - Projet.

Premier moteur , (/matière première), texte. (a) La pensée du même se veut le premier moteur (primum movens d’ Aristote) alors que la nature, déjà-là et toujours-là, est pourtant sa force motrice.

(b) Le stade du miroir ne reconnaîtrait d’ identité statique qu’au solide. Mais pas d’ identité dynamique au fluide.

(c) Le langage des solides fut long à admettre la mécanique des fluides (y compris féminins), sauf pour se l’octroyer dans la formation du foetus (selon Descartes).

• <<Sur ce monde (d’)automate(s), qui de Dieu invoque encore le nom, et d’ailleurs la grâce, pour étayer sa mise en branle, et du vivant l’existence pour l’imiter plus parfaitement qu’il n’est possible au naturel. Car la nature ne manque certes pas d’ énergie, mais elle n’est pas pour autant capable de posséder <en elle-même>, d’enfermer en une/sa forme totale, la force motrice. Ainsi le fluide est-il toujours en excès ou en défaut, par rapport à l’unité. Il se soustrait au <<Tu es cela (Lacan, stade du miroir)>>. Soit à toute identification arrêtée. (Luce Irigaray, p. 115)>>.
  

Voir Production du logos . Psychanalyse historique . Matière première .

Premier niveau de reproduction . texte. (a) La reproduction individuelle est le premier niveau de reproduction. Il correspond, chez l’individu, à un besoin de continuité ou d’ éternité dans une pensée du même . Les descendants éventuels ne sont voulus que comme prolongation de l’ ego ou continuation de soi. L’autre est désiré et perçu comme un clone de soi. D’où la tendance au conditionnement, à la hiérarchie et à la domination par amour du même .

(b) Ce premier niveau est interdit à Robinson Crusoé , isolé sur l’ île du désespoir . Au lieu de succomber au désespoir, il accédera au second niveau de reproduction par la mise en valeur mutuelle de l’île et de lui-même ou le travail amoureux .

Voir Sexualité. Procréation. Corps plein . Corps virtuel .

Premier spectacle . (a) On peut penser que nous restons fortement imprégnés par les sensations de notre tout premier spectacle : le visage de la mère (ou de la nourrice) nous donnant le sein (ou le biberon).

(b) L’intense satisfaction du besoin de se nourrir (faim), autant que du désir de sucer, d’avaler, d’incorporer (stade oral ) expliquerait la force et la persistance de la captation visuelle du désir .

Première nature morte . Terme de peinture.

(a) Le premier tableau représentant une nature morte qui ne soit pas un détail d’un tableau (“L’Adoration des bergers” (1475-1476) de Hugo Van der Goes, vers 1435-vers 1482) est du au peintre baroque connu comme le Caravage (1573-1610).

(b) La “Corbeille de fruits” (1596) est une huile sur toile de 46 x 64 cm, à la Pinacoteca Ambrosiana de Milan.

Premières domestications . (a) Sauf peut-être en Afrique (on discute encore des dates), les premières domestications animales ont été précédé par les premières semailles . Il est probable qu’il est plus facile de domestiquer les animaux quand on est capable de les nourrir. Cela est d’autant plus nécessaire quand on veut les utiliser comme bêtes de somme. Dans le cas du Proche-Orient, qui influencera l’Europe, l’élevage suit l’agriculture dans les mêmes foyers d’innovation.

• <<D’abord les chèvres et les moutons, puis le boeuf et le porc, à partir de -8 000 et peut-être même avant. Cependant, nos ancêtres n’ont peut-être pas inventé l’élevage dans le seul but alimentaire, mais aussi pour disposer de bêtes de somme, ou simplement pour imposer leur domination sur le monde vivant. En tout cas, l’élevage et l’agriculture sont apparus à peu près dans les mêmes foyers. Et c’est notamment à partir du Proche-Orient qu’ils ont commencé à se diffuser et, d’une certaine manière, à contaminer l’Europe. (Jean Guilaine, “La plus belle histoire de l’homme”, Seuil, 1998, page 123)>>.
  

(b) Pourtant, il est une exception notable: la domestication du loup sauvage a donné le chien domestique dès l’époque des nomades primitifs du paléolithique. Le chien est à l’égard de l’homme l’équivalent du poisson pilote pour le requin. Peut-être ont-ils fait connaissance à une époque très reculée où l’un et l’autre n’étaient guère que des charognards qui mangeaient les restes de carnassiers plus puissants.

(c) Il est probable que l’homme et le chien aient connu des évolutions parallèles. L’homme, ayant confié au chien le souci de la piste et le développement de l’odorat (flair), aurait pu développer son cerveau par la pensée symbolique et onirique, dans une très longue tradition chamanique .

(d) L’ art des grottes et l’ art du chant , inspirés par la pratique de la transe hallucinatoire auraient développé, chez l’homme, les deux sens de l’hallucination que sont le sens de la vision (le songe et le mirage) et le sens de l'audition (les voix).

Voir Premiers sédentaires . Cinq sens . Sens de l’odorat . Intersémioticité. Domination comme principe .

Premières semailles . (a) Il semble que les premières semailles végétales aient précédé les premières domestications animales. Au Proche-Orient, les premières cultures commencent au neuvième millénaire avant Jésus-Christ.

• <<Les chasseurs-cueilleurs ont sans doute commencé par cueillir des céréales sauvages et les ont intégrées à leur régime alimentaire. Et puis il est possible que l’homme, ou la femme, voyant des graines s’ensemencer naturellement et se reproduire, ait tout simplement voulu imiter ce processus naturel. Mais semer ne donne pas pour autant un produit domestique. Ce n’est qu’au bout d’un certain temps, à force de sélections réalisées un peu au hasard (en favorisant certains mutants, en replantant ceux-ci sur des terres vierges), que les humains ont favorisé le développement d’une variété particulière. Celle-ci a pris une morphologie domestique que l’on peut retrouver aujourd’hui. (Jean Guilaine, “La plus belle histoire de l’homme”, Seuil, 1998, page 123)>>.
  

(b) La sédentarisation partielle et saisonnière des premiers sédentaires était une condition involontaire de la découverte de la germination. Les purs nomades ne peuvent découvrir le mécanisme de la reproduction biologique des végétaux. Par contre, des nomades rapportant régulièrement des graines de céréales sauvages pour les consommer à leur camp de base, favorisent, sans même le savoir le développement des céréales aux alentours de leur campement fixe. Nous avons une illustration d’un chaos structurant (semailles involontaires) précédant et favorisant l’émergence d’une pensée organisatrice (les semailles volontaires et systématiques). On peut ajouter à cela la fertilisation des graines de céréales par les oiseaux (engrais naturel) qui s’en nourrissent tout en venant picorer les restes de nourriture des premiers sédentaires partiels. Malgré eux, ils seraient les premiers à pratiquer, avec leur postérieur, “le geste auguste du semeur”. Qui dira le rôle que le cul a pu jouer dans l’ Histoire?

Voir Révolution néolithique . L’orge et le blé .

Premiers sédentaires . (a) Le passage du mode de vie des nomades primitifs du paléolithique à celle des agriculteurs sédentaires du néolithique a été très progressif et probablement inconscient pour les premiers sédentaires. Il se déroule entre 12 000 et 10 000 ans avant Jésus-Christ .

• <<les récents travaux d’archéologie nous l’indiquent, ils commencent à se fixer, dans certaines régions du monde, en bordure des lacs et des étangs, près des côtes ou au fond des estuaires, là où la nourriture est plus abondante. (Jean Guilaine, “La plus belle histoire de l’homme”, Seuil, 1998, page 119)>>.
  

Le nomadisme saisonnier des chasseurs mâles et des femmes portefaix autour d’un camp de base a pu se combiner avec une certaine sédentarité des mères, des jeunes enfants et des vieillards cueilleurs. Il est possible qu’une division technique du travail, liée aux capacités différentielles de mobilité, se soit développée au sein du petit groupe de chasseurs-collecteurs . Cette différenciation aurait permis un développement de la taille de la communauté nomade qui évolue, sans le savoir, dans un processus fractal du futur , vers la communauté sédentaire .

(b) Puis, les deux mondes, sédentaire et nomade, se sont différenciés plus largement. Ils ont coexisté à une certaine distance l’un de l’autre, rendant consciente l’évolution différentielle (diachronie) et la différence instantanée (synchronie). En ce sens, après une très longue tradition paléolithique (achronie), le néolithique favorise une prise de conscience de l’historicité des ethnies.

• <<Ainsi lorsque s’amorce l’agriculture au Proche-Orient, l’Occident continue de vivre de chasse au cerf, au sanglier ou au bouquetin. (Jean Guilaine, “La plus belle histoire de l’homme”, Seuil, 1998, page 121)>>.
  

(c) Ce n’est que plus tard que l’avantage démographique de la productivité naturelle relative du nouveau mode de vie sédentaire et la pression pour les usages différenciés du territoire ont poussé à la généralisation géographique de la sédentarité. C’est alors seulement qu’ éleveurs et cultivateurs ont pu apparaître comme une spécialisation dans une forme ancienne de division sociale du travail .

Voir Premières semailles . Révolution néolithique . Tradition chamanique . Religion paléolithique .

Auteur

Hubert Houdoy

Créé le 23 Juillet 1999

Modifié le 19 Novembre 1999

Suite

Glossaire Détaillé, Lettre P, numéro 29

Lettre Q

Glossaire Détaillé, Lettre Q, numéro 01

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Mise à jour: 24/12/1999