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Glossaire Détaillé, Lettre S, numéro 19

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Glossaire Détaillé, Lettre S, numéro 18

Signifié et concept , texte. (a) Le concept s’efforce d’être purement cognitif et logiquement rigoureux.

(b) Il serait impossible de transmettre des connaissances d’un individu à un autre par le biais de signifiants, si les signifiés ainsi mobilisés n’avaient pas une charge affective plus ou moins lourde.

• <<Il est clair que la ressemblance est grande entre les deux notions. Toutefois nous pensons qu’il est utile de les distinguer au moins pour trois raisons.
  
• En premier lieu, il est souhaitable de pouvoir dire que le signifié comporte une partie affective et une partie cognitive; le concept sera alors hors de la première et se trouvera tout entier dans la seconde; ainsi la composante émotive de ce que ressent un sujet à la présentation du mot <baiser> n’appartient pas au (ou aux) concept(s) correspondant(s). D’une certaine façon la distinction ainsi faite ressemble beaucoup à celle que l’on établit souvent entre connotations et dénotation. Les connotations doivent être incluses dans le signifié, non dans le concept. Mais cette délimitation n’est pas encore suffisante;
  
• une seconde raison concerne les aspects logiques de la sémantique. Il n’est certainement pas exact de considérer que le contenu de tout signifié, et les relations que chacun entretient avec ceux qui lui sont connexes, sont descriptibles de façon logique, si l’on traite ce dernier terme avec rigueur... On a visiblement intérêt à considérer la présence d’un minimum d’organisation de caractère logique ou explicite comme le critère de l’existence d’un concept et à conserver un usage plus large de <signifié>.
  
• Une troisième raison s’ajoute à celles-là: les signifiés, comme on le verra, regroupent souvent un grand nombre d’informations stockées en mémoire; celles-ci peuvent, comme on vient de le dire, être disparates; mais même si elles sont bien organisées, elles débordent souvent largement ce qui permettrait de reconnaître le signifié, et qui correspond essentiellement à sa définition; ainsi pour toute personne qui connaît de l’histoire et qui entend parler de <révolution>, le signifié de ce mot englobe une grande quantité de connaissances, systématisées ou anecdotiques; personne n’affirmerait qu’elles appartiennent au concept de <révolution>. Mais il est bon de considérer qu’elles entrent dans le signifié. On regardera donc les concepts comme une sous-catégorie particulière des signifiés; l’ensemble des concepts est plus étroit en extension que l’ensemble des signifiés: tout lexème ne comporte pas un concept. D’autre part chaque concept existant est plus limité en contenu que le signifié correspondant; autrement dit, pour les lexèmes qui comportent un concept, celui-ci n’est qu’une partie du signifié. (pp. 100-101)>>.
  

Voir Organisation des signifiés . Sémantique et logique . Signifiants et signifiés . Sémantique psychologique . Symbole. Affect. Percolation des émotions . Signifier. Représentation et signification . Représenter et signifier . Mémoire énergétique et signifiante .

Signifier, texte. (a) Nous utilisons des mots (ou traits de crayon, notes de musique, formes fonctionnelles , touches de peinture) pour exprimer ce que nous pensons à d’autres personnes.

(b) Nous demandons à chaque mot (lexème) ou chaque phrase d’exprimer une partie de ce que nous pensons. Nous produisons ainsi un texte (ou message, discours, tableau, peinture, schéma, modèle, programme) que nous transmettons à d’autres, sous la forme d’ informations.

(c) A la lecture du texte (ou schéma, etc) que nous leur présentons physiquement (signifiant), nos lecteurs produisent des représentations dans leur imaginaire.

(d) Nous ne sommes pas certains que leurs représentations correspondent exactement à ce que nous avions l’ intention de leur dire.

(e) Mais nous sommes certains de provoquer la création ou l’activation de représentations, parfois bien lointaines de notre intension ou intention.

(f) En somme. Signifier, c’est alimenter l’imaginaire en représentations (nouvelles).

Voir Représenter. Représentation et signification . Représenter et signifier.

Silence de la pensée . (a) Le silence de la pensée est une conséquence d’un trop long et d’un trop profond silence des mots . Le silence de la pensée est toujours le silence de la pensée de l’ individu. Mais les causes peuvent provenir des trois niveaux d’organisation.

(b) Au niveau de l’individu: le divertissement permanent, la logorrhée, la drogue et l’alcool sont des moyens courants pour réduire au silence notre propre pensée.

(c) Au niveau de l’organisation: la domination comme principe fonctionne comme un principe d’organisation. Dans l’ organisation hiérarchique , la domination et la pensée du même qui sous-tendent la hiérarchie auto-reproductible sont favorables au conformisme qui est une des formes du silence de la pensée.

(d) Au niveau de l’ethnie ou de l’humanité: la domination comme principe fonctionne surtout comme un principe d’intelligibilité à l’égard de la nature externe . Cette réduction de la diversité par la pensée du même est encore une forme de silence de la pensée.

Voir Silence des sentiments . Bruits du corps . Bruits de la foule . Fureur des armes . Horreur des camp .

Silence des mots . (a) Nous avons tous fait cette expérience du silence des mots. Ce que nous vivons ici et maintenant ou ce que nous avons déjà vécu nous semble indicible ou inaudible, en tout cas inexprimable.

(b) Cette définition même est l’illustration de ce qu’un tel vécu n’est jamais définitif. Le lourd silence des mots finit toujours par se résorber, comme la nuit et le brouillard, pourvu qu’on le veuille.

(c) Mais cela nécessite un travail de l’écriture, un amour des mots et une distance gardée à l’égard des maux.

(d) C’est cette combinaison gagnante que nous considérons comme un travail amoureux .

(e) A l’inverse, à cultiver le silence des mots par honte (je suis trop nul), par orgueil (ils sont trop cons), par vanité (ils sont trop vulgaires), par masochisme (je souffre trop) ou pour toute autre dé- raison, nous risquons de produire notre silence de la pensée et le dangereux silence des sentiments qui l’accompagne.

Voir Crise du travail . Crise des relations . Bruits du corps . Bruits de la foule . Fureur des armes . Horreur des camp .

Silence des sentiments . (a) Le silence des sentiment a été représenté à l’écran par Daniel Auteuil, entouré d’Emmanuelle Béart et d’André Dussolier dans “Un coeur en hiver”.

(b) Refus d’exprimer, de manifester ou même de ressentir des sentiments, pour mieux maintenir notre silence de la pensée , sous prétexte que nous souffrons et nous enfermons dans un silence des mots . Ce peut être le refus d’être amoureux ou l’impossibilité apparente de développer une amitié.

(c) L’ art-thérapie peut provisoirement pallier au silence des mots en mettant d’autres sémiotiques (dessin, peinture, musique, danse) au service de l’expression du vécu douloureux. C’est le but des ateliers de créativités. C’est une première manière de réduire la souffrance gardée par la mémoire corporelle . On évite de trop développer les bruits du corps .

(d) Les ateliers d’écriture peuvent alors attaquer de front le silence des mots qui a provoqué la mort du verbe et parfois, la tentation de la mort de la chair .

(e) Ainsi s’amorce un chemin de renaissance qui passe par le réveil des sentiments et le chant des émotions.

Voir Question de la mort . Question du suicide . Discours anti-suicidaire . Bruits de la foule . Fureur des armes . Horreur des camp . Expérience de la mort .

Silhouette, texte. Forme générale extérieure d’un objet ou d’un corps vus à distance.

(a) Éthologie. Vision rapide de la forme extérieure du corps d’un animal ou d’un humain. Les mammifères reconnaissent le congénère ou l’ennemi par la silhouette. Ils distinguent ensuite les congénères selon leur sexe.

(b) Société. C’est par la silhouette, qui contient des caractéristiques sexuelles secondaires naturelles (sein, barbe) ou culturelles (longueur des cheveux, vêtements, allure, etc) que nous distinguons des corps pleins “sexuellement” ou plutôt culturellement différenciés.

(c) La silhouette délimite le volume du corps plein . Le solide du corps plein est recouvert par une peau d’inscription, naturelle ou artificielle (vêtement, uniforme, tatouage, accessoires). La peau d’inscription , celle qui se montre, sert donc à séparer ou à différencier les genres.

Voir Peau d’échange . Sens de la vision . Captation visuelle du désir . Beau corps plein . Dépréciation esthétique . Terrorisme cosmétique .

Sima. Terme vieilli de géologie. Sima, pour silicium-magnésium, désigne une zone de l'écorce terrestre caractérisée par la présence de silicium et de magnésium.

Voir Nifé. Sial. Tectonique des plaques . Dérive des continents . Expansion des océans .

Similitude récursive de la hiérarchie . La similitude du rapport qui se reproduit tout au long de la chaîne hiérarchique est la similitude récursive de la hiérarchie. Elle explique la puissance de la hiérarchie comme forme concrète de la domination et comme substrat du processus de normalisation de la pensée du même.

(a) La hiérarchie a la propriété de se reproduire elle-même. Nous parlons de hiérarchie auto-reproductible .

(b) La hiérarchie est une manifestation concrète de la domination. La domination est le principe, abstrait, sous-jacent à la hiérarchie.

(c) Ce qui peut expliquer la hiérarchie, c’est la domination comme principe . La domination est un principe simplificateur . Elle satisfait les attentes de la pensée du même .

(d) La force de la hiérarchie auto-reproductible réside dans une contradiction entre la domination comme principe et la normalité comme soumission . C’est le p aradoxe de la normalité . Ce paradoxe se cristallise sur les caractéristiques nécessairement contradictoires de l’ individu normal .

(e) Par la dialectique du modèle et de la série , un individu normal, normatif et dominant, mais inexistant peut servir de modèle absolu à une série de termes . La série a l’avantage d’éliminer la diversité (qualitative) et de la ramener à une sériation ordinale .

(f) La hiérarchie produit du même à partir de la diversité. En effet, à chaque maillon de la chaîne hiérarchique , la relation hiérarchique est toujours la même.

(g) La hiérarchie dispense de produire une pensée de la diversité . Elle introduit de l’ ordre. Elle empêche aussi de voir la réalité du chaos.

Voir Le normal est normatif . Le normatif est dominant . La norme est anormale .

Simonie. Du nom de Simon le mage ou le magicien (I er siècle). Baptisé par Philippe, il proposa à Pierre (Simon, lui aussi) de lui acheter le pouvoir d’imposer les mains pour transmettre le Saint Esprit . Comme on ne prête qu’aux riches, il serait aussi le père du gnosticisme et le fondateur d’une secte gnostique.

(a) La simonie désigne la vente de choses ou de services considérés comme sacrés, saints ou spirituels (sacrements, dignités ecclésiastiques, reliques, indulgences). Elle est dénoncée par des réformateurs comme saint Jean Gualbert (vers 995-1073). La simonie fut une pratique courante (Rodrigo Borgia (1431-1503) est pape (1492-1503) sous le nom d’Alexandre VI, investitures, indulgences) et une calomnie (Templiers) encore plus courante.

(b) Les empereurs ont eux-même lutté contre la simonie. C’est le cas d’Henri III le Noir (1017-1056) empereur germanique (1039-1056), aidé par Pierre Damien et Odilon, abbé de Cluny. Suite à la vente de la dignité pontificale par Benoît IX à Grégoire VI, alors que Sylvestre III prétendait aussi au trône de Saint-Pierre, Henri III les fit tous déposer pour simonie. Clément II, Damase II et Léon IX poursuivront la réforme amorcée par le synode de 1047. Pour les clercs, la pratique de la simonie est liée à celle de l’investiture accordée aux évêques par les pouvoirs laïcs (investiture ecclésiastique). C’est pourquoi la réforme grégorienne des moeurs dans l’Église est passée par la Querelle des Investitures (entre le pape Grégoire VII et l’empereur Henri IV) et par le château de Mathilde de Toscane (1046-1115) à Canossa (1077).

(c) La simonie est au pouvoir spirituel du pape et des évêques ce que la vénalité des fiefs et des charges est au pouvoir féodal et à la monarchie. La simonie entraînait la confusion du spirituel et du temporel. La vénalité du fief et la dorure bourgeoise des blasons provoquera le clivage des représentations . L’ensemble provoquera la transformation de la totalité chrétienne (la chrétienté) en une totalité marchande (le marché).

Voir Nicolaïsme. Anselme de Cantorbéry . Querelle des Universaux . Marchandise. Sacrifice. Profane. Victime. Joachim de Flore . Gnose.

Simplicité, (/complexité), texte. (a) La simplicité est une limitation relative de nos représentations mentales par rapport à la complexité de la réalité dont elles se veulent une modélisation.

(b) Cette simplicité est inhérente à la réduction sans laquelle la carte serait plus massive que le territoire. Elle résulte du processus d’ abstraction pratiqué par toutes les disciplines scientifiques quand elles définissent leur objet et leur méthode. Ainsi en est-il de l’ homo oeconomicus de la science économique.

(c) Ce rapport entre la simplicité de la représentation et la complexité du réel référent est à la source de ce que nous avons appelé la transcendance de la réalité elle-même. Cette notion de transcendance interne est indépendante de toute idée de création.

Simplification.Le bon niveau de simplification des modèles géométriques des composants:

• garde une ressemblance après simplification,
  
• respecte les fonctions réalisées par le fournisseur,
  
• facilite la recherche du composant par les critères dimensionnels du client,
  
• permet le paramètrage des programmes coûteux pour l’intégrateur,
  
• permet l'allégement des modèles coûteux pour le client.
  

Voir Garantie.

Théma Thématique des Bases de Composants.

Simulateur de vol . Logiciel utilisé pour l’entraînement des pilotes de chasse (par la modélisation de situations probables) et pour la distraction des employés quand leur hiérarchique est absent du bureau.

Simulation, (économique, biologique, chimique, ...), technique informatique permettant de reconstituer le déroulement d’un phénomène à partir d’une modélisation mathématique (système d’équations) et de l’introduction de quelques paramètres dont la valeur est choisie par l’utilisateur.

(b) Avec un simulateur économique vous vous prenez pour le Premier Ministre. Avec un simulateur biologique, pour Charles Darwin.

Voir Conception Assistée par Ordinateur . IAO.

Sincérité, texte. La sincérité est une des caractéristiques attendue d’un agent logiciel pour qu’il puisse manifester un comportement coopératif.

• <<La sincérité est une composante du comportement coopératif. En termes d’attitudes mentales, cette propriété peut se traduire comme suit: un agent i ne peut avoir l ’intention qu’un agent j vienne à croire vraie une proposition p sans la croire vraie lui-même ou bien sans avoir lui-même l’intention de la savoir vraie (donc potentiellement de la réaliser) (p. 312)>>.
  

Singularité, texte. (a) La singularité est ce qui échappe à l’organisation de classes de situations déjà repérées et pour lesquelles une réaction est prévue et rédigée dans un guide de l’opérateur. La singularité ou l’ événement requièrent une capacité d’ initiative.

• <<Divers dispositifs (les stocks, les assurances, les règles diverses) ont pour fonction de permettre de faire fonctionner les standards en contraignant ou en s’isolant du bruit de l’environnement. La faible performance de telles organisations en matière de conception tient beaucoup, nous semble-t-il, à leur incapacité à aborder la singularité autrement que comme une gène, une entrave à la coopération. Or, dans la conception, la singularité est un phénomène incontournable, sur lequel il s’agit précisément de construire l’ordre à venir (p. 68)>>.
  

(b) La singularité est à rapprocher des événements de production (Zarifian, 1994). Face à la multiplicité des réponses possibles, la singularité est un repère commun qui facilite la coordination en éliminant des solutions, en soulevant de nouveaux problèmes et en imposant de nouveaux travaux à exécuter en parallèle.

• <<C’est parce que l’on est dans un cas particulier que l’on peut trouver plus facilement un arrangement (p. 68)>>.
  

Voir Évaluation tactique . Coopération. Co-opération.

Auteur

Hubert Houdoy

Créé le 23 Mars 1999

Modifié le 21 Novembre 1999

Suite

Glossaire Détaillé, Lettre S, numéro 20

Lettre T

Glossaire Détaillé, Lettre T, numéro 01

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Mise à jour: 24/12/1999