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Nouveautés du Glossaire (13)




Suite de Nouveautés du Glossaire (12)





Mots définis entre le 1 er Juin 1999 et le 2 Juin 1999





Bellarmin. texte. Robert Bellarmin est un homme d’ institution et de mobiles (surtout les sphères célestes) plus que de motivation.

(a) Robert Bellarmin (1542-1621), professeur de théologie au collège des jésuites de Louvain (1569-1576) et théoricien de l’ ascétisme, est aussi le Cardinal Bellarmin (1599) et l’archevêque de Capoue (1602).

(b) À force de questions pertinentes (appliquées aux bons endroits) il obtint la condamnation des idées héliocentristes de Galileo Galilei et la rétractation de Galilée en 1616. Il fallait éviter que la confiance totale dans le dogme de la Bible ne puisse devenir une défiance absolue. Le pape Urbain VIII “élargira” Galilée dans l’un de ses domaines.

(c) En 1930, sous le Pontificat de Pie XI, il est devenu “saint” Robert Bellarmin, comme “sainte” Thérèse de Lisieux. En 1931, annoncé par Radio-Vatican, il est docteur de l’Église.

(d) Né Achille Ratti (1857-1939), Pie XI fut pape de 1922 à 1939. Cette canonisation est curieuse de la part d’un pape favorable à l’Action Catholique Ouvrière et à la J.O.C., la Jeunesse Ouvrière Chrétienne. En effet, c’est aussi en 1930 qu’il fait du jeune “évêque rouge” de Lille le Cardinal Liénart , au grad dam du patronat chrétien du Nord qui s’opposait à une longue grève ouvrière. Cette canonisation peut s’expliquer par une “nuance” dans son traitement du totalitarisme. Rigoureusement anticommuniste, Pie XI s’est montré favorable à Franco pendant la guerre d’Espagne. Son opposition à Hitler (“spirituellement, nous sommes tous des sémites”) et à Mussolini (en 1931, l’encyclique “Non abbiamo bisogno” entraîne la réponse du Duce: “Je prends l’homme au berceau et je ne le rends au pape qu’après sa mort”) est moins nette que la condamnation du communisme par l’encyclique “Divini Redemptoris” de 1937. Galilée était donc ce vilain matérialiste dont le “saint” Cardinal avait protégé les croyants. Si la Terre tourne autour du Soleil, c’est même après la mort des hommes qu’ils échappent à la croyance aux Saintes Écritures qui n’en parlaient pas. Comme plus d’un roi et plus d’un empereur chrétiens avant lui, Mussolini a peut-être su trouver le bon argument. L’ éternité est la spécialité de l’ institution religieuse pour laquelle le matérialisme et l’athéisme n’offrent pas de compromis. Achille Liénart conduisait à Dieu les enfants des ouvriers que les malins militants communistes auraient envoyés au diable.

(b) Malgré la réalité indépendante (“Eppure si muove ”, “Et pourtant, elle tourne”), en 1616 comme en 1633, Galilée (1564-1642) a du tenir compte de la croyance générale dans le géocentrisme et dans La Création divine comme d’un état de fait relatif au pouvoir politique et à l’opinion générale.

Voir La mort de Socrate . Giordano Bruno . Confiance totale . Défiance. Pasionaria.


Cardinal Liénart . texte. Achille Liénart est un homme de motivation beaucoup plus que de mobiles institutionnels.

(a) Achille Liénart (1884-1973). Né à Lille en 1884, sous le gouvernement de Jules Ferry, <<l’année de la loi sur les syndicats (Achille Liénart)>>, il est ordonné prêtre en 1907. Il fut évêque de Lille en 1928. L’année où les futures batailles se perdent déjà. Cette année-là, son voisin et cadet Charles de Gaulle, lâché par Pétain sur les problèmes d’armement moderne, part au Liban. Cette même année, une très longue grève agitait le carreau des mines, les rues et les consciences chrétiennes. La grève dura huit mois à Halluin, municipalité communiste dont le maire fut Fernand Grenier l’auteur de “Ceux de Châteaubriant ”. Achille Liénart manifeste son soutient aux syndicats chrétiens. Il le fait contre une organisation patronale tout aussi chrétienne. L’affaire remonte à Rome. C’est en 1930 que Pie XI le soutient publiquement en le nommant cardinal.

(b) Achille Liénart est encore évêque de Lille pendant l’Occupation allemande. En 1943, pour répondre aux questions des jeunes catholiques sur le S.T.O. (Service du Travail Obligatoire), il prend publiquement position contre, pendant le prône de la Grand’Messe du Dimanche. Autrement dit, il prône la Résistance. A cette époque, à Paris, Léo Hamon détruit le fichier du S.T.O., à Grenoble, un certain lyonnais nommé Henry Grouès, plus connu sous le nom d’Abbé Pierre, alimente en recrues et ravitaille en nourriture le maquis du Vercors et à Lyon le Cardinal Gerlier organise des filières clandestines d’hébergement et d’évasion pour les Juifs et les républicains espagnols. La position du pape Pie XII (Eugenio Pacelli, né en 1876, élu pape de 1939 à 1958) était beaucoup plus timorée. Ses “silences” sur l’extermination des Juifs ont fait et feront beaucoup de bruit.

(c) En 1954, Achille Liénart, le Cardinal rouge, est à Rome avec ses collègues Mgr Feltin de Paris et Mgr Gerlier de Lyon pour soutenir, mais en vain, auprès de Pie XII, le mouvement des prêtres ouvriers.

(d) En 1962, deux jours après l’ouverture du Concile Vatican II, c’est encore le cardinal Liénart qui s’oppose à ce que les évêques soient obligés d’élire les membres des commissions conciliaires d’après des listes préparées par la curie. Ils seront élus par l’assemblée conciliaire sans pré-sélection.

Voir Bellarmin. Assomption au ciel .


Dogme. texte. (a) Un dogme est la base, estimée incontestable, d'une religion ou d'une doctrine philosophique. Le dogme est lié à la croyance en une vérité objectivable. Un dogme exige une confiance totale . Le fait qu’un mensonge dise le contraire de ce que l’on nomme, par opposition paradigmatique , “la vérité”, ne nous rend pas capable de dire la vérité sur la réalité en un temps réaliste. Nous serions bien en peine de dire toute la vérité d’une réalité dont la partie incluse dans notre horizon cosmologique raconte une histoire de 14 milliards d’années. Personne ne peut dire cette vérité.

(b) La formule testimoniale: <<Promettez de dire la vérité, rien que la vérité, toute la vérité. Levez la main droite et dites: “Je le jure” !>> devrait dire plus simplement: <<Promettez de ne pas mentir !>>. Le problème est que jadis en France et encore ailleurs, on jurait sur la Bible.

(c) La Bible est Le Livre de la Vérité dogmatique. Elle est révélée par la source de la vérité: Dieu. C’est au nom du dogme que furent décidées l’exécution de Giordano Bruno (1600), la condamnation du système héliocentrique de Copernic (1616) et le procès de Galilée (1632).

(d) De son côté, la science s’appuie sur des postulats ou des axiomes. Ce ne sont pas des dogmes. Ils ne sont pas démontrables, même s’ils servent à démontrer des théorèmes . A leur tour, ceux-ci ne sont pas “vrais”. Ils sont contenus implicitement ou logiquement compatibles avec les postulats de départ du projet d’intelligibilité . La science produit des hypothèses bien formées ou des conjectures soumises à la réfutation par l’ expérience.

(e) Le dogme est une tentative pie mais pitoyable (basée sur la piété et qui suscite la pitié) de transformer une confiance faible en une confiance totale en évitant les chemins merveilleux et escarpés de la confiance forte .

Voir Immaculée Conception . Assomption au ciel . Illusion ethnique . Bellarmin.

Texte Le Verbe se fait chair.


Assomption au ciel . (a) L’Assomption au ciel de la Vierge Marie est un “ dogme divinement révélé” de l’Église catholique. Il a été proclamé le 1 er novembre 1950 par le pape Pie XII dans le document “Munificentissimus Deus”. Il s’ajoute à celui de l’ Immaculée Conception que la Vierge avait elle-même confirmé, par la voix et par l’apparition, à Bernadette Soubirous dans la Grotte de Massabiel.

(b) <<L’Immaculée Mère de Dieu, Marie toujours vierge, une fois achevé le cours de sa vie terrestre a été assumée (élevée) corps et âme à la gloire céleste.>>.

(c) Impéccabilité. Depuis plusieurs siècles, bien qu’aucun texte de l’époque n’en fasse état, l’Assomption désigne la croyance en l’entrée au Ciel de la mère de Jésus de Nazareth . Elle aurait eu lieu à l’instant même de sa mort. Elle concernerait l’intégrité ou la totalité de sa personne, son âme et son corps restant unis.

(d) Pour les autres humains, la mort qui est le fruit du péché originel , serait la séparation de l’âme d’avec le corps auquel elle était chevillée depuis la naissance. Leur réunion ou conjonction doit se faire, selon l’eschatologie chrétienne, lors de la Résurrection des Morts. Celle-ci précède immédiatement Le Jugement Dernier .

(e) L’Assomption n’est pas une ascension. Marie, la mère de douleurs, n’est pas une alpiniste. Elle ne monte pas au Ciel en restant sur la surface du sol comme dans un paysage montagneux . L’assomption est une élévation au-dessus du sol. Mais Marie ne s’élève pas par son vol, par sa force ou par son ingéniosité comme Cyrano de Bergerac , le disciple de Giordano Bruno qui ne croit pas aux sphères de Copernic . L’Assomption est une élévation passive et avec coupure. Marie ne s’élève pas. Elle est élevée à une dignité qui lui est reconnue. De profondis , cette élévation lui fait quitter le sol de cette “profonde vallée de larmes”. Elle échappe à la profondeur de la douleur. Elle reste impeccable. Elle échappe surtout à la pourriture du tombeau.

(f) Illusion ethnique . Ce que cachent implicitement les sépultures depuis que l’homme se dit homme, le dogme catholique l’affirme explicitement au XX ème siècle. Au moins par la Vierge Marie, l’espèce humaine échappe à la nature par sa culture. Au moins par la culture judéo-chrétienne.

Voir Sens de l’hallucination . Sens de la vision . Mirage. Sens de l’audition . Productivité masculine absolue . Sans avoir connu d’homme . Danaé. Opération du Saint Esprit . Majesté. Palsembleu.

Texte Le Verbe se fait chair.


Complexe de confiance et de méfiance . texte. (a) Les complexes (mélanges, combinaisons) de confiance et de méfiance décrivent soit l’attitude statique ou la prudence du spécialiste qui connaît bien son domaine de compétence soit l’attitude dynamique ou l’ appétence de l’explorateur qui s’aventure dans un nouveau domaine. La confiance pure étant de l’inconscience ou de la témérité par manque de connaissances.

(b) Les deux attitudes peuvent se trouver dans la même personne, selon les instants et selon les thèmes. Mais ce n’est pas toujours le cas, soit du fait des motivations des individus soit de celui des mobiles des institutions .

(c) Nous distinguerons donc l’ expert statique (Bellarmin, Pétain) qui s’arrête et l’ explorateur dynamique (Giordano Bruno , Galilée, Achille Liénart , Charles de Gaulle) qui continue. Ils ont pourtant en commun de n’avoir ni confiance totale ni défiance.

Texte Compétences et Aptitudes. Mobiles et Motivations. La Défiance et le Refoulement.


Expert. texte. (a) L’expert statique s’oppose à l’ explorateur dynamique. Leurs attitudes ont en commun un complexe de confiance et de méfiance dans leur domaine de compétence et/ou d’exploration.

(b) Les deux qualités peuvent se trouver dans la même personne. Mais ce n’est pas systématique pour des raisons touchant soit à l’audace de l’ individu (Galileo Galilei ou Giordano Bruno , Achille Liénart ) soit à la tolérance de leur organisation réelle d’ appartenance (Chrétienté, Inquisition, Bellarmin) soit à leur dépendance par rapport à la perfusion de l’appartenance .

(c) L’expert (ou la facette d’expert de l’individu) fait preuve d’une confiance faible , c’est-à-dire justifiée par des indices solides. Il est fortement sensible aux mobiles de l’organisation. Le cas échéant, il donnera la priorité aux mobiles sur sa motivation. Quitte à changer de point de vue ensuite, si sa stratégie de conservation s’est avérée inutile. Ce fut le cas pour le maître des Templiers, Jacques de Molay (vers 1243-1314), devant le cynisme de Philippe le Bel.

(d) Dans le film “Mission” où Robert de Niro campe un chasseur d’esclaves devenu Jésuite, l’envoyé du pape chargé d’annoncer la fermeture des missions des Jésuites , sous l’ultimatum portugais du Marquis de Pombal, est un expert. Il semble parfois regretter la motivation de sa jeunesse.

(e) Dans le dernier acte du “ Cyrano de Bergerac ” d’Edmond Rostand, en présence de Roxane, l’expert en carrière de Guiche donne un coup de chapeau à la motivation et au panache de son rival d’hier. Celui-ci était animé par la confiance forte . Celle de celui qui prend des risques, puisque n’en jamais prendre est le plus grand de tous.

Voir Guillaume Humbert .

Texte Compétences et Aptitudes. Mobiles et Motivations.


Explorateur. texte. (a) L’explorateur dynamique s’oppose à l’ expert statique. Leurs attitudes ont en commun un complexe de confiance et de méfiance dans leur domaine de compétence et/ou d’exploration.

(b) Les deux qualités peuvent se trouver dans la même personne. Mais ce n’est pas systématique. Pour des raisons touchant soit à l’audace de l’ individu (Achille Liénart , Charles de Gaulle, Galileo Galilei ou Giordano Bruno ) soit à la tolérance de l’ organisation réelle d’ appartenance (Chrétienté, Inquisition, Pétain, Pie XII).

(c) L’explorateur a une confiance en soi et une confiance dans la réalité suffisantes pour oser s’aventurer dans un nouveau domaine (avec méfiance) pour lequel il est néanmoins préparé par un vécu adapté. De l’ amour de son activité, de son travail amoureux , il a tiré une confiance forte liée à une solide expérience. C’est ainsi que se joint la curiosité scientifique du Docteur Paccard de Chamonix à l’expérience du minéralier ou cristallier, chasseur de fours ou de chamois, Jacques Balmat. Ensemble, ils sont les premiers à atteindre le Mont Blanc pour faire de nouvelles mesures sur la pression atmosphérique .

Voir Horreur du vide . Blaise Pascal . Torricelli. Confiance faible .


Confiance dans la réalité . texte. (a) La confiance dans la réalité est un complexe de confiance et de méfiance .

(b) Ce n’est pas une confiance totale . Ce n’est pas non plus une défiance absolue. Toutes deux sont caractéristiques d’une projection affective. La projection est euphorique dans un cas et disphorique dans l’autre. Elle s’opère sur une abstraction ou sur une réduction de la réalité que nous détachons de son contexte et dont nous faisons une totalité .

(c) La confiance dans la réalité consiste à garder au réel le caractère de la globalité de la réalité indépendante pendant que l’on s’efforce de se le rendre intelligible par les techniques mentales de l’abstraction et de la réduction. Autrement dit, le modèle d’intelligibilité , que nous construisons comme une représentation, nous rend la réalité intelligible, mais il n’est pas le réel. Nous ne pourrons jamais faire de la réalité notre objet de propriété ou de possession. C’est pourtant le rêve de la religion et la prétention du dogme .

(d) La confiance dans la réalité est l’attitude de l’explorateur. Il ne connaît pas la réalité qu’il explore. Il ne lui fait pas confiance pour être telle qu’il l’espère. Il lui fait confiance pour être la réalité.

Voir Fait d’être .

Texte Compétences et Aptitudes. Mobiles et Motivations.


Projection. texte. Terme de psychologie et de psychanalyse. (a) Projection des sensations . La projection est le fait de situer dans le monde extérieur les impressions ressenties. Nous interprétons comme des sensations externes nos sensations internes.

(b) Projection des affects . La projection est le processus par lequel une personne se décharge de ses sentiments en les attribuant à autrui.

(c) Projection euphorique. Nous projetons sur la réalité des intentions positives qui peuvent nous donner une confiance totale et nous faire oublier toute méfiance. La lecture des seuls albums et la vision des seuls films de Walt Disney provoquent des accidents avec les enfants dans les parcs zoologiques. Devenu grand, l’enfant inversera peut-être le sens de ses projections en restant tout aussi irréaliste.

(d) Projection disphorique. Nous projetons sur la réalité des intentions négatives au point de cultiver une défiance paranoïde ou paranoïaque (Adolf Hitler, Joseph Staline) ne reconnaissant même pas la confiance faible des institutions . Les “Remarques psychanalytiques” (Sigmund Freud , 1911) sur les “Mémoires” du Président Schreber, expliquent l’origine de sa paranoïa par une projection de défense contre un conflit homosexuel. L’absorption de son énergie dans une défense contre une homosexualité qu’il ne peut pas assumer annihile sa confiance faible. Elle le rend dépendant de la perfusion d’appartenance au monde du verbe où il fait carrière. Et la perfusion est d’autant plus nécessaire que les interdits de l’institution obligent à se défendre contre un plus grand nombre de pulsions partielles.

Référence. Sami Ali, “De la projection. Une étude psychanalytique”, Payot, 1970.

Voir Sensations internes et sensations externes . Voix. Hallucination. Sens de l’hallucination . Bon objet . Mauvais objet . Mélanie Klein . Spitz. Identification à l’agresseur . Syndrome de Stockholm . Wilfred R. Bion .

Texte Socrate sur Internet. Peurs et Tabous.





Auteur


Hubert Houdoy

Créé le 29 mars 1998





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Mise à jour: 16/07/2003