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Réseau d'Activités à Distance

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Quelles Informations, quelle Communication ?


* Plan

1. Calcul, Communication, Capitalisation, Connaissance.

2. Ordinateur Central, Personnel, Infocentre, Réseau local, Réseau à distance.

3. CAO, Réalité Virtuelle, Ergonomie Cognitive.

4. Conception Simultanée du Produit, du Process et de l'Usage.

5. Société Industrielle et Société de Connaissance.


1. Ordinateur Central, Personnel, Infocentre, Réseau local, Réseau à distance.

Nous venons de résumer l'élargissement des applications de l'ordinateur. Ce changement de terrain s'est accompagné d'une évolution des architectures matérielles et logicielles. Un changement des mentalités a souvent précédé les évolutions majeures. C'est important pour évaluer les chances de développement du territoire.

La première informatique était centralisée et coûteuse, tournée vers le secret et la puissance. Après tout, elle est fille de la guerre froide.

La mini-informatique fut longue à sortir des laboratoires scientifiques. Il a fallu la grève des programmeurs du Crédit Lyonnais pour accélérer le passage des ordinateurs centraux aux ordinateurs départementaux. Qui sait si l'incendie du même Crédit Lyonnais favorisera les réseaux d'ordinateurs en miroir mutuel?

La micro-informatique, inventée par des individualités, fut longtemps freinée par les professionnels et les institutions.

La technique de l'infocentre a été une première tentative de conciliation des ordinateurs centraux et des ordinateurs personnels, sous le contrôle des services informatiques.

Pourtant, ce sont les réseaux locaux qui ont réussi à connecter les ordinateurs personnels. Ils furent le moyen de partager des matériels coûteux (imprimante laser, imprimante rapide, scanner, accès aux réseaux à distance). Ils furent aussi un moyen de faciliter la mise-à-jour et de réduire le piratage des logiciels. Les utilisateurs semblaient se lasser de leur propre course à la dernière version.

Force est de constater que les réseaux à distance, internes aux entreprises, se sont développés moins rapidement que le réseau externe par excellence, l'internet.

Il y a dans ce phénomène, imprévu, une parenté avec celui de l'ordinateur individuel. Dans les deux cas, une certaine forme de militantisme ou, plus exactement, d'esprit pionnier. Le développement d'internet est concomitant au développement du freeware et du shareware. Un logiciel freeware est un logiciel totalement gratuit. Un logiciel shareware est un logiciel dont la disposition est gratuite, mais pour lequel le concepteur demande une participation symbolique et facultative, en échange de propositions de mise-à-jour. Ces deux phénomènes ont joué un grand rôle dans le développement de standards de fait. Quand le logiciel est gratuit, cela ne coûte pas d'utiliser le même que tout le monde. Puisqu'il n'est pas protégé, n'importe qui peut proposer des améliorations. Si celles-ci sont réelles, elles se répandent comme le feu à une traînée de poudre. A l'origine du développement d'internet il y a la notion psycho-sociologique de réseau. Quand on compare le vitesse de développement de la technologie internet avec le temps qu'il a fallu à Microsoft pour imiter le système d'exploitation et l'interface utilisateur de Macintosh, on peut se dire que ces dix années de rivalités commerciales sont du temps perdu.

Un certain nombre d'universités participent au projet "Internet II". Il s'agit de relancer la création technologique dans les domaines du son et de l'image animée. On peut espérer aboutir à des standards de fait, grâce au freeware. La surenchère commerciale des grands fournisseurs de logiciels ("Ce site est optimisé pour Netscape / Microsoft") est moins favorable à l'émergence de standards de qualité que le déboggage collectif et l'amélioration progressive des logiciels gratuits.


2. CAO, Réalité Virtuelle, Ergonomie Cognitive.

Pendant que l'informatique de gestion et l'informatique individuelle connaissaient l'évolution décrite ci-dessus, l'infographie, l'informatique technique et l'informatique industrielle n'étaient pas en reste.

Les outils de l'infographie et de l'informatique technique sont sensiblement différents de ceux de l'informatique centrale et de l'informatique individuelle. Il s'agit de stations de travail, dotées de processeurs puissants et spécialisés. Il y a souvent un coprocesseur arithmétique, spécialisé dans le calcul en virgule flottante, et un processeur graphique chargé de produire les images et de gérer la mémoire de l'écran.

Les stations de travail pilotent de nombreux périphériques d'entrée ou de sortie. L'inévitable imprimante est complétée par de coûteuses tables traçantes. On trouve la tablette à digitaliser et le scanner pour saisir des graphiques. Des appareils de photos numériques et des logiciels d'acquisition vidéo fournissent des images fixes ou mobiles. Pour partager ces coûteux équipements périphériques, les stations de travail sont connectées, depuis longtemps, en réseau local (Ethernet). Le calcul de simulation, très gourmand en temps et puissance CPU (Central Processing Unit) est, dès que possible, réalisé sur des ordinateurs distants, pendant les heures nocturnes. Le réseau et le multimédia sont, depuis longtemps, l'environnement des stations de travail. Jusqu'à une date récente, IBM et Microsoft y étaient peu introduits. Nous sommes dans le monde de l'ouverture, relative, d'Unix.

Avec ses constructeurs d'avions, d'automobiles et de centrales nucléaires, la France s'est payé le luxe d'inventer et de commercialiser, plus ou moins loin dans le monde, trois logiciels de Conception Assistée par Ordinateur. (Catia, Euclid, Strim 100). Les "French Curves" (Bézier) sont aussi célèbres que les "French Doctors".

La modélisation des formes géométriques, des plus régulières (sphère) aux plus complexes (drapé des vêtements) en passant par les formes récursives fractales (montagnes, nuages) est la base de la conception des nouveaux produits. C'est ainsi que, progressivement, la station de travail remplace la table à dessin.

Le rendu réaliste des couleurs, des ombrages et des reflets autorise les concepteurs du Bureau d'Etudes à dialoguer avec les hommes du Marketing.

L'animation des objets, l'immersion de l'utilisateur virtuel dans la scène, les capteurs d'effort et le retour d'effet ont permis la Réalité Virtuelle. Très utile pour l'entraînement des pilotes de chasse et des conducteurs de chars, c'est le meilleur moyen de piloter des robots et des bras manipulateurs dans les centrales nucléaires. Tout cela a été popularisé par les réparations dans les navettes spatiales.

Les marchands de mobilier de cuisine peaufinent leurs catalogues électroniques. Ils veulent permettre à la ménagère, qui ne sait pas toujours interpréter les schémas de son bricoleur de mari, de se sentir déjà dans sa cuisine, avant même que le bon de commande ne soit signé. Si l'équipement domestique n'est pas votre "tasse de thé", vous pouvez aussi visiter le Musée d'Orsay en cliquant sur la souris de votre ordinateur multimédia.

Ce que je retiendrais, c'est qu'avant même de fournir de belles images au service de publicité, le concepteur, jadis solitaire devant sa table à dessin, va pouvoir discuter avec le futur utilisateur. Les ergonomes vont simuler le comportement mécanique de l'utilisateur. Ils vérifieront que les gestes, prévus ou impliqués, sont possibles, sécurisés et confortables.

Cette représentation anticipée d'une réalité inexistante, cette manière qu'a le verbe de se faire chair, ouvre un nouveau champ d'exploration. La représentation géométrique, colorée, lumineuse, sonore et tactile des futurs produits industriels reste la manifestation de l'idée que le concepteur avait "derrière la tête". Cette représentation d'un "projet de produit" doit rencontrer la représentation d'un "projet d'usage" qui se trouve dans la tête l'utilisateur. Cette rencontre des représentations garantit la future adéquation de l'offre à la demande. L'égalisation des valeurs d'échange implique l'adéquation de la valeur d'usage.

Le travail sur les représentations mentales de l'utilisateur est un nouveau champ d'activités. Dans les hautes technologies, chaque fois que l'ordinateur s'interpose entre la pensée et l'action, l'ergonomie logicielle, la conception des interfaces prennent une importance considérable. Quelques accidents d'avion ont montré que les pilotes ne voient et ne savent où ils sont qu'à travers des logiciels paramétrables.

Les logiciels de Conception Assistée par Ordinateur deviennent des monstres par leur taille et leurs possibilités. Quand un programme vous offre 100 manières différentes de tracer un cercle et/ou une droite, il devient difficile de trouver un nom pour chacune d'elle. Il est difficile de mémoriser la position du choix dans la cascade des menus déroulants. Les logiciels adaptatifs vous permettent de changer de repères géométriques à tout moment. Les techniques variationnelles permutent, en cas de besoin, les constantes et les variables d'une forme. Un carré peut devenir un rectangle. Les interfaces contextuelles vous proposent des options à l'instant même de votre tracé.

Supposons que vous ayez dessiné un cercle et que vous soyez en train de tracer une droite, au voisinage de ce cercle. Vous avez fixé le point d'origine de la demi-droite. Au fur et à mesure que vous déplacez la souris sur son tapis, la droite pivote autour de son origine. Approchez le curseur du centre du cercle, le logiciel vous propose, par un symbole convenu, de terminer le segment de droite au centre exact du cercle. Éloignez le curseur du centre, approchez-le de la superficie. A un certain moment, le logiciel vous propose de tracer une tangente au cercle, plus précise que tout ce que vous sauriez faire à main levée. Ces logiciels exigent une parfaite maîtrise des mathématiques de la part des programmeurs. Ils exigent aussi la capacité d'imaginer les multiples besoins des utilisateurs. Ce nouveau champ d'expérimentation est l'ergonomie cognitive. L'ergonomie des années 50 s'intéressait aux gestes et aux postures du travailleur. L'ergonomie cognitive s'efforce de comprendre ce qui se passe dans la tête de l'homme qui pense, invente et décide, parfois au rythme effréné d'un pilote de chasse.


3. Conception Simultanée du Produit, du Process et de l'Usage.

Notre panorama des Nouvelles Technologies de la Communication et de l'Information serait trop incomplet sans l'aperçu d'un autre changement technosocial au sein de l'entreprise industrielle.

La concurrence sur le marché mondial exige des entreprises qu'elles soient capables de réagir rapidement aux changements des besoins, des goûts ou des caprices de la clientèle. Le mot d'ordre est la réduction du temps de mise sur le marché. "Time to market" désigne le délais séparant la prise de conscience de l'opportunité d'un nouveau produit (ou service) et la date de sa mise à disposition du public le plus large, celui qui assure la pleine rentabilité des investissements consentis.

Pour réduire le "time to market", le processus d'innovation fait l'objet d'une réorganisation. Ce "process reengineering" pourrait devenir une forme de "révolution permanente", même en cas de retour durable à la croissance. Il se traduit par une "respiration" des structures, une succession, voire une concomitance, des embauches et des dégraissages. Sans développer les aspects sociaux, explicitons la logique interne de cette "innovation dans l'innovation".

Pour réduire le temps écoulé, une voie de recherche est de rendre concomitant ce qui était successif. Au lieu que le délai du travail A s'ajoute au délai du travail B, on s'efforce de réaliser A et B simultanément. On passe, alors, de la conception séquentielle à la conception simultanée. La Twingo est la première voiture française réalisée selon cette méthode. Mais, attention chez vous, cela ne permet pas de faire venir les peintres avant le départ des maçons, ni les couvreurs avant celui des charpentiers. Quoique!

Cinq activités majeures se dégagent, qui appartiennent au cycle d'innovation:

Ces activités, classiquement successives, ont généré des services différents. Le Taylorisme, l'organisation à la Fayol et l'esprit de corps ont provoqué un cloisonnement qui surprend fortement le nouveau venu. La réduction des délais de conception impose à ces services un dialogue et une sévère remise en question des habitudes et des attitudes.

La Conception Simultanée du Produit et du Process est la démarche la plus fréquente. Elle demande au concepteur du produit d'envisager, le plus tôt possible, les conséquences technologiques de chaque forme fonctionnelle du produit en cours de conception. Près de lui, le concepteur du process vérifie qu'une technique de production existe. Il s'assure qu'elle est ou sera maîtrisée dans l'entreprise. Il prévoit la disponibilité des machines et des compétences, sur le lieu de production retenu pour le produit. Même si les conséquences ne peuvent être réglées en temps réel, une avalanche de questions se propage dans les services et les cerveaux concernés.

A Saint-Quentin-en-Yvelines, Renault construit un Technocentre adapté à cette nouvelle organisation. Sans tenir compte des moteurs, on considère qu'il faut réunir au minimum 2 000 personnes sur le même lieu. Quand le concepteur se pose une question, il la transmet immédiatement à un spécialiste. Celui-ci repère le problème. Une rencontre, fournissant un début de réponse (oui / non / à telles conditions) doit être possible dans la journée. Pour ce faire, le site hébergera de nombreuses personnes extérieures à la société. Ces spécialistes sont les ambassadeurs de leur propre entreprise (fournisseur, sous-traitant, partenaire). Ils sont connectés au réseau local pour échanger le plus rapidement possible avec les concepteurs. Ils sont connectés, par un réseau à longue distance, à leur entreprise. C'est la condition pour disposer de toutes les informations et joindre les décideurs.

Une nouvelle étape se fait jour, qui n'a pas encore fait l'objet de publications tapageuses, la conception simultanée du produit et de son usage. Ce phénomène est d'autant plus important quand le client et le fournisseur sont des industriels.

La mondialisation incite chaque entreprise à définir sa niche sur le marché. La spécialisation en découle. La recherche de l'efficience accentue les contraintes spécifiques. Les conditions de la production dévoilent leur logique interne. Celle-ci s'impose avec force. Un producteur efficace est un acheteur exigeant. Et, comme les situations ne se ressemblent pas, il devient impossible de penser en lieu et place de l'utilisateur.

Reconnaître la spécificité du client, c'est introduire la variété dans le catalogue. Le développement des produits spécifiques ouvre la voie aux petites séries. La tension des flux appelle les ateliers flexibles. La souplesse exige la participation de tous et la responsabilité de chacun. Coopération interne, partenariat externe, l'entreprise inaugure un nouveau travail.

Cette organisation dans laquelle l'information circule de spécialiste responsable à spécialiste responsable, dessine un vaste réseau, fortement connexe, où le flux des échanges se réorganise chaque jour. Elle rentrera de plus en plus en contradiction avec la structure pyramidale, où les informations ne circulent que de bas en haut, tandis que les ordres diffusent de haut en bas. Mais, vous l'avez compris, nous avons quitté l'innovation technologique pour l'innovation sociologique. Par contre, nous n'avons pas abandonné les nomades, qui vont de projet en projet, et leur besoin croissant d'autonomie.


4. Société Industrielle et Société de Connaissances.

"Société de Connaissances" est une traduction libre d'un projet de recherche européen: "Information Society". La société de connaissances, si elle se développe, ne remplace pas la société industrielle. C'est la société industrielle, organisation à très grande échelle de la transformation matérielle, qui exige de plus en plus de connaissances de la part des individus, au fur et à mesure qu'elle traite, mêle, transporte et distribue des informations, pour concevoir, mettre en place et réguler une production largement automatisée. Les contraintes du développement industriel à l'échelle mondiale imposent ce que Michel Crozier appelait une "Révolution Managériale". Non seulement la conception simultanée du produit et du process remet en question l'organisation de Taylor et Fayol, mais la conception simultanée du produit et de l'usage bascule la filière inversée par laquelle la technostructure de la grande entreprise imposait ses produits et ses techniques à une clientèle ébahie.

Les grandes entreprises industrielles, sans abandonner la compétition pour les parts de marché, entrent dans des partenariats plus nombreux et plus fréquents. C'est la condition pour ne pas s'exclure d'une infrastructure technologique mondiale. Dans le même temps, alors qu'elles ne peuvent assurer ni l'emploi ni l'employabilité de leur personnel, elles demandent à leurs collaborateurs un investissement psychologique qui ne peut se porter sur les valeurs traditionnelles bafouées. De plus en plus souvent séparé du "service" correspondant à son "métier de base", le collaborateur navigue de mission en projet. Non seulement il est nomade en ce qu'il n'a pas toujours de bureau, mais il nomadise en ce qu'il n'a plus de profil de carrière. Ce qui donnait un sentiment d'appartenance, par conformisme à une culture d'entreprise, disparaît. Il ne reste que les sectes et certaines techniques de management qui s'en inspirent, pour offrir un cadre protecteur à qui refuse l'autonomie. Cette voie se fermera, dans les entreprises performantes, au fur et à mesure que les individus évolueront dans des organisations matricielles. La multiplicité des notations atténue la force de chacune d'elles. La diversité des cultures côtoyées oblige à des appartenances multiples. Dans la diversité conflictuelle le conformisme devient difficile.

Nomade, le multi-spécialiste doit constituer et maintenir, par lui-même, son capital de connaissances. L'entreprise, équipée et branchée, lui fournira des sources d'informations. Mais lui seul aura la possibilité et la charge d'en tirer des connaissances, signifiantes pour lui et opérationnelles pour l'entreprise. La société de connaissances développe l'innovation permanente dans la société industrielle.


* Suite

Relations entre NTCI et développement du territoire


* Corrélats

Concevoir le Produit et l'Usage

Graphe d'Exploration des Possibles

Information Society


* Définitions

Les termes en gras sont définis dans le glossaire alphabétique du Réseau d'Activités à Distance.


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Mise à jour: 16/07/2003