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Glossaire Détaillé, Lettre T, numéro 04




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Glossaire Détaillé, Lettre T, numéro 03





Temps, texte. (a) Le temps est une construction intellectuelle purement imaginaire doublée d’une mesure abstraite. Cette mesure ne devient utile et pertinente que dans un rapport à une transformation matérielle et énergétique donnée.

(b) Il n’y a pas de temps absolu . (Einstein, Théorie de la Relativité). C’est ce que découvre Robinson Crusoé, dans la solitude de son île. Robinson Crusoé en arrive à penser que le temps n’est pas une matière qui se conserve en se distribuant et en se regroupant. Le temps n’est pas comme l’eau qu’il transvase d’un verseur dans un récipient. Le temps n’est pas comme le bois qu’il empile et dépile.

(c) Robinson verrait plutôt le temps comme un cadre de pensée , une forme, un a priori (Kant). Pour lui, le temps est une manière de structurer ses idées . Puis, sur ce modèle, il parvient à structurer ses actions. Le temps est un peu comme les règles de la grammaire. Il les emploie pour lui-même, puisqu’il n’a personne à qui parler.

(d) Robinson sent bien que ce n’est pas le temps qu’il passe à travailler qui fait pousser son blé, mûrir ses raisins ni prospérer ses chèvres. Il est pris dans une temporalité plus vaste, celle de l’île et de l’Océan.

Voir Temporalité de l’humanité . Temporalité de l’Univers . Temporalité de la conception . Temps collectif . Temps individuel . Temps concret . Tuer le temps . Règles de grammaire .


Temps absolu . (a) Nous savons, depuis Albert Einstein et la Théorie de la Relativité, qu’il n’y a pas de temps absolu. Ce qui existe, dans l’imaginaire des idéalités mathématiques, ce sont les nombres et leur série.

(b) Il n’y a pas de temps comme cadre vide destiné à recevoir les événements. Pas plus qu’il n’y a d’ espace euclidien vide ou féminin pour recevoir des objets pleins ou masculins.

(c) Mais il y a cette existence sémiotique très particulière de la série des nombres entiers dits naturels. Combinée avec des dispositifs techniques de plus en plus ingénieux on aboutit à un temps d’horloge partagé sur les systèmes socio-techniques .

(d) Le temps absolu est une illusion. Cette illusion est produite par la confusion inconsciente (ou la l’absence de distinction consciente) entre le temps global des organisations potentielles selon un certain point de vue et le temps collectif des organisations réelles .

Voir Dialectique du plein et du vide . Règles de grammaire . Nombre entier naturel . Génération des nombres .


Temps collectif , (/temps individuel), texte (a) Chaque fois que l’on parlera d’un temps collectif, par opposition à un temps individuel , il faudra dire de quelle organisation réelle il s'agit.

Méthodiquement, un individu peut être considéré comme une organisation individuelle. Tout aussi méthodiquement, un individu pourrait être considéré comme une organisation collective.

(b) Ce point de vue est plus souvent adopté par les sciences cognitives que par l’analyse économique. Mais il est tout aussi pertinent. L’opposition individuel / collectif est purement sémantique ou relative. Un individu appartient souvent à plusieurs organisations collectives: couple, équipe, famille, école, club, entreprise, syndicat, parti, nation, église, o.n.g., humanité.

(c) Le temps collectif dépensé par une organisation collective est constitué par les temps individuels dépensés par les organisations individuelles qu’elle englobe.

(d) Quand on parle du temps que la France consacre à la constitution et à l’entretien de sa force de frappe, on vise l’agrégation des temps consacrés à cet objet par un certain nombre d’organisations dont l’armée, des industries d’armement et des laboratoires de recherche.

(e) Parler de temps collectif suppose une volonté consciente dans une organisation réelle, qui pratique la division du travail . La temporalité de l’Univers n’est pas un temps collectif. Elle n’en existe pas moins comme un ensemble de contraintes et de régularités.

Voir Intention et corrélation . Tuer le temps .


Temps concret , texte. (a) Pour définir la temporalité et la matérialité d’un processus, Robinson Crusoé ne procède pas de manière descendante (précision ou résolution croissante) ni de manière ascendante (assemblage de solutions partielles) mais il utilise une démarche opportuniste qui combine les deux approches.

(b) La démarche de Robinson est d’autant plus opportuniste, qu’il assume tous les niveaux d’organisation qui vont de l’individu à l’ humanité. Il doit donc souvent changer de système de formalisation.

(c) Car il n’existe pas, malgré les nombreux prétendants, de discours qui soit à la fois cohérent comme les mathématiques et totalisant comme le mythe. C’est probablement pourquoi la Genèse, le premier livre de la Bible, n’est pas isomorphe à la théorie du big bang . Et que ni l’une ni l’autre ne correspondent à notre univers quotidien et à sa géométrie euclidienne.

(d) Une formulation est toujours abstraite. Elle est relative à une unité de définition, à une échelle de résolution. Des phénomènes non traités, non prévus, peuvent se manifester et faire diverger la réalisation des prévisions du modèle. Il faut donc, non pas comparer les résultats aux prévisions, c’est alors trop tard, mais faire le bilan du nouveau processus et des nouveaux besoins qu’il fait émerger. On en déduit un nouveau projet.

(e) C’est pourquoi, contrairement à l’arithmétique pure du temps absolu imaginaire, le temps concret est discontinu. Chaque projet crée un nouveau monde imaginaire. Un nouveau système de référence. Chaque processus crée un nouveau monde réel. Une nouvelle réalité. De nouvelles potentialités. Et les deux ne sont jamais parfaitement représentatifs l’un de l’autre. C’est pourquoi l’histoire de l’humanité ne ressemble pas à la pousse d’un arbre, à la construction d’une tour ou au fonctionnement d’un moteur mais aux récits d’un livre d’aventures.

Voir Temps des activités . Temps. Rejet. Tuer le temps . Génération des nombres .


Temps cumulatif et instantané . texte. Notion implicite d’économie marxiste.

(a) Jusqu’au début du XX ème siècle, le temps et l’ espace étaient deux catégories de la pensée, voire pour certains deux substances, totalement indépendantes.

(b) Avec la théorie de la relativité d’Albert Einstein et la théorie quantique de l’école de Copenhague, l’espace et le temps deviennent un espace-temps et les quantités concrètes (particules élémentaires) de la matière ne sont plus infiniment ni indéfiniment divisibles (le quantum, les quanta de Max Planck).

(c) Le temps cumulatif est défini par la formule: <<Un jour portant un jour (Karl Marx )>>. Il se retrouve dans le <<cours de l’ Histoire>> ou le progrès.

(d) Le temps instantané est la définition de l’instant évanescent ou du présent ponctuel pris entre un passé déjà révolu et un futur toujours à venir.

(e) Lié à notre pensée (le mentalais de Steven Pinker) ou à notre langage (l’indo-européen, thèse de Lee Whorf à propos de la langue naturelle Hopi), le <temps cumulatif et instantané> n’est pas le reflet marxiste du mouvement réel de la matière (Lénine). Il est une représentation, c’est-à-dire un produit culturel. Il n’est pas le reflet passif, spontané, automatique, nécessaire, d’une infrastructure matérielle dans une superstructure idéelle.


Temps d’horloge . (a) La régularité, toute artificielle et conventionnelle, du temps d’horloge est à la base de l’illusion du temps absolu.

(b) Comme point de départ, il y a cette existence sémiotique très particulière de la série des entiers naturels. Ces nombres ont été matérialisés par des supports de plus en plus réduits (des alignements de Carnac aux bits des ordinateurs). Leurs usages sont différenciés. Certains supports sont propices à une reproduction automatique et régulière des représentations des nombres (signes ou figures).

(c) Combinée avec des dispositifs techniques de plus en plus ingénieux (comme les horloges à eau, les sabliers, les rouages métalliques, les cordes et les poids des horloges urbaines, leur miniaturisation dans les montres de poignet, leur numérisation et leur électrification dans les ordinateurs et leur interconnexion sur internet) la série des nombres peut produire un temps d’horloge. Il est de plus en plus commun. C’est un truisme de dire qu’il est synchrone, mais sa résolution mathématique est de plus en plus grande. Il est partagé entre les organisations réelles , les organisations virtuelles, les individus sédentaires et les nomades modernes qui constituent les systèmes socio-techniques .

(d) Mais ce temps concret ne fait pas le quart de la moitié du début du commencement d’un temps absolu . Le temps ne peut être que relatif à une transformation matérielle donnée par une énergie tout aussi définie.

Voir Génération des nombres . Tautologie.


Temps de Dieu . (A) Le temps de Dieu est celui que les hommes inventent dans leur imaginaire. Il nous permet de poser un temps absolu comme hypothèse simplificatrice. Il n’existe que dans la mémoire de notre néo-cortex quand nous nous figurons Le Créateur réalisant l’acte inaugural de La Création .

(B) L’écriture du livre de la Genèse est une activité métaphorique. Elle pose un ordre là où existe un chaos.

(a) Nous vivons dans un Univers dont nous ne connaissons pas de limites spatiales ni de limites temporelles. De cette globalité, nous ne pouvons tirer aucune totalité. Nous ne pouvons définir ni une date de début (les 14 milliards d’années des versions actuelles ne sont pas un début absolu) ni une date de fin (nous ignorons la densité de l’Univers et la plus grande part de la masse sombre qui peut constituer la matière).

(b) Partant d’un chaos structurant qui nous dépasse nous posons le problème tout autrement. Par un acte sémiotique, nous posons le tout. Il s’agit de poser la totalité comme une première information, en attendant mieux. Nous inventons à la fois:

la première page blanche (Au commencement),

le premier désir (Dieu),

le premier discours de vérité comme prophétie auto-réalisatrice (Fiat lux ),

le premier locuteur (le verbe),

la première tension (La Création comme objet à concevoir ),

le premier sujet (Le Créateur ),

le premier objet (La Création comme objet conçu ),

la première pensée organisatrice (le dessein divin),

la première réalisation (Et la lumière fut),

la première satisfaction ou le premier plaisir libératoire (Et Dieu vit que cela était bon).

(C) Pourtant, cet acte de poser n’est pas neutre. Il a de nombreuses conséquences. Ce sont les conséquences du temps de Dieu .


Temps de réflexion . (a) Temps que l’on prend ou délais que l’on s’accorde pour remettre en cause une intuition, une remarque, une réflexion spontanée ou une décision subite.

(b) Un temps de réflexion est généralement rempli par un travail critique sur les représentations: un travail de réflexion .

(c) Dans ce cas, la réflexion humaine est une véritable réflexion d’intelligence . Dans beaucoup d’autres cas le discours spontané est le reflet des influences multiples.


Temps de travail dont la société dispose . texte. (a) Le <<temps de travail dont la société dispose>> pour mesurer la force de travail de la société toute entière est l’étalon de la mesure de la valeur pour Karl Marx .

(b) Cet étalon de lui-même est l’ancêtre de la marchandise composite ou de la gelée de groseille pour la “Production des marchandises par des marchandises” de Piero Sraffa.

(c) Après avoir implicitement posé une conception agrégative de la valeur et une conception distributive de la valeur , Marx abandonne celle qui pourrait tenir compte de la globalité du rapport à la nature au profit de celle qui pose la totalité de la société ou de la culture sans nature .

(d) Et puisque le temps, ainsi défini, est la mesure du travail, la conception agrégative de la valeur est éliminée de toute mesure. Seul est pris en compte le Tout de la valeur. Pourtant nous n’avons pas de moyen de le mesurer. Ce Tout est défini a priori. Il est le “temps de travail dont la société dispose” à un moment donné de son développement. Chaque marchandise cristallise une partie de ce Tout dans sa valeur d’échange . Peu importe l’énergie réellement dépensée et la masse effectivement transformée. D’où la difficulté de connaître véritablement la quantité du <<travail socialement nécessaire>>. D’où les faux et insolubles problèmes de transformation des valeurs en prix pour être sûr que le Tout de la conception distributive de la valeur soit aussi la somme des parties de la conception agrégative de la valeur.


Temps des activités , (/temps du travail), texte. (a) Bien que la distinction entre travail et non-travail soit pertinente pour les sociétés sédentaires à forte densité de population, elle est de peu d’intérêt pour les sociétés nomades et dans les sociétés à faible densité de population comme Robinson Crusoé ou les pionniers de la “frontière” américaine.

(b) Une économie du temps doit dépasser la problématique capitaliste du temps du travail (liée au salariat). Elle doit s’intéresser à l’ensemble des activités. C’est le seul moyen de comprendre comment s’organise le mode de vie et comment émerge la valeur des produits de l’activité humaine.

(c) Si la formule marxienne ou marxiste <<Dans la production sociale de leur existence, les hommes entrent dans des rapports...>> peut avoir un sens, c’est en considérant l’ensemble des activités et non pas le seul travail (dont le sens ne peut être stable).

Voir Tuer le temps . Temps absolu .

Texte A la recherche des déterminations économiques de la valeur.


Temps disponible , texte. (a) Pour Robinson Crusoé comme pour n’importe quelle organisation réelle ou société, le temps disponible tant pour le travail que pour le non-travail ne peut recevoir de définition objective a priori.

(b) Le temps disponible pour l’ action volontaire n’est pas le temps d’horloge constaté du point de vue de Sirius. Le temps disponible est fonction d’un horizon subjectif (individu) ou collectif (organisation réelle).

(c) Ce temps disponible n’est pas objectivement déterminé (les E.O.D. de Kantorovitch). Il n’est connu qu’en fonction de l’horizon et des projets. Autrement dit, la mathématisation de l’économie ne peut être le travail d’un chercheur isolé. Elle ne peut intervenir qu’après ou pendant la sémiotique d’un projet collectif.

Voir Tuer le temps . Temps absolu . Rejet.


Temps du non-travail , (/temps du travail), texte.

(a) Dans une économie capitaliste , et pour le salarié, le temps du travail est celui où se joue le montant du salaire nominal .

(b) Il s’oppose au temps du non travail. Pendant ce temps, le travailleur veille à la reproduction de sa force de travail voire à sa propre reproduction. Pour cela, il consomme ou fait usage des biens de subsistance qui constituent son salaire réel .

Voir Travail. Non-travail. Biens de luxe . Reproduction individuelle . Reproduction de l’entreprise .





* Auteur


Hubert Houdoy



Créé le 8 Juin 1998

Modifié le 22 Novembre 1999





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Glossaire Détaillé, Lettre T, numéro 05





Lettre U


Glossaire Détaillé, Lettre U, numéro 01


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Mise à jour: 16/07/2003