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Glossaire Détaillé, Lettre T, numéro 13

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Glossaire Détaillé, Lettre T, numéro 12

Totalisation de Robinson , texte. (a) Une tentation de totalisation de Robinson se manifeste dans son projet de voyage maritime. Il entreprend la construction d’une pirogue assez grande pour transporter toutes les ressources dont il dispose sur l’île.

(b) Mais son projet, trop grandiose, comme la Tour de Babel, lui fait réaliser que les ressources de l’ île de Robinson sont à la disposition de l’ organisation Crusoé mais ne sont pas la propriété de l’ individu Robinson .

(c) Ces ressources sont des objets partiels sur lesquels Robinson investit son travail et sa libido. Malgré ces appropriations économique et symbolique, ils n’en restent pas moins les composants d’un objet global, beaucoup plus vaste, le système naturel , auquel ils sont liés par un principe de non-séparabilité.

Voir Épisode de la pirogue . Globalité. Totalité.

Théma Thématique de la Totalité. Thématique de la Globalité.

Totalitarisation de l’État . (a) Un État centralisé se transforme en État totalitaire quand un échec guerrier extérieur provoque un retournement policier sur l’ennemi intérieur et s’accompagne d’une totalisation sémantique:

• échec guerrier sur l’extérieur. Utilisation de la guerre idéologique intérieure;
  
• transformation sémantique pour assimiler. Les discours se simplifient. La violence symbolique accompagne la violence pure.
  
• succès d’organisations productives massives et standardisées.
  

Exemple: Nazisme, Stalinisme.

Théma Thématique de la Totalité. Thématique de la Globalité.

Totalitarisme, (= Touraine), texte. (a) Le régime totalitaire est le contraire de la Nation parce qu’il résume l’ identité ethnique en un tout d’où l’ individu disparaît comme différence possible.

• <<C’est quand la complémentarité de l’identité culturelle et de la participation politique disparaît et est remplacée par le recouvrement complet d’une société, d’une culture et d’un pouvoir autoritaire qu’on voit naître le contraire de la nation, le régime totalitaire (p. 267)>>.
  

(b) Le totalitarisme est populaire car il résulte d’une impossible percolation des émotions . Le désir ne connait plus d’investissement que massif ou molaire, dans la foule elle-même.

• <<Un régime totalitaire est toujours populaire, national et doctrinaire. Il soumet les pratiques sociales à un pouvoir dans lequel s’incarne l’ Idée qui fait du peuple le représentant et le défenseur d’une foi, d’une race, d’une classe, d’une histoire ou d’un territoire (p. 268)>>.
  

(c) Parce qu’elle cherche l’identité dans un monde chaotique, la totalité est soumise à de fortes contradictions internes.

• <<Le totalitarisme n’est pas un système stable (p. 269)>>.
  

(d) Le refus de la modernisation est le refus de la globalité, de la réalité et du mouvement.

• <<Partout où un pouvoir, parlant au nom d’une communauté, s’est formé pour combattre une modernisation internationalisée ou qui apparaît dominée par l’étranger, le totalitarisme est présent (p. 270)>>.
  

(e) Il est une forme de totalitarisme qui concerne le marché. C’est l’i ntégrisme des marchés .

• <<Tous ces exemples démontrent que ceux qui croient au triomphe naturel des institutions démocratiques associées à l’ économie de marché commettent une erreur dangereuse (p. 271)>>.
  

(f)La Guerre des Malouines à mis fin au régime militaire argentin. L’URSS n’a pu répondre aux défis techniques et militaires de Tchernobyl, de la Guerre des Étoiles (I.D.S.) ni aux résistants de l'Afghanistan.

• <<La chute des régimes totalitaires est consécutive à la défaite militaire ou à l’impuissance à faire face à des pressions militaires ou économiques venues de l’extérieur; elle n’est pas obtenue de haute lutte par les soulèvements populaires (p. 273)>>.
  

(g) La totalité est la recherche de l’identité statique collective. Le sujet n’existe que par l’ identité dynamique individuelle.

• <<Le totalitarisme est un régime politique qui détruit toutes les figures du Sujet, le Sujet personnel, le Sujet politique est aussi le sujet religieux, car l’idée d’un pouvoir total ne laisse aucune place au principe d’ autonomie et de recours qu’est le Sujet (p. 273)>>.
  

(h) Rien n’est plus hostile à la société civile des acteurs que le conformisme fusionnel de la foule totalitaire.

• <<Le totalitarisme fut la forme ultime et extrême de destruction de la nation comme communauté de citoyens, pour reprendre l’expression de Dominique Schnapper (p. 275)>>.
  

(i) Depuis le néolithique, l’État est la forme plusieurs fois millénaire de la totalité.

• <<Le totalitarisme est le problème central du XX ème siècle, comme la misère avait été celui du XIX ème. Car notre siècle n’a pas été dominé par l’économie mais par la politique, non pas par les banques mais par les États (p. 275)>>.
  

Voir Despotisme. Démocratie. Totalitarisme théorique .

Théma Thématique de la Totalité. Thématique de la Globalité.

Totalitarisme théorique , texte. (A) Dans le monde de la théorie, le totalitarisme consiste souvent à poser:

• (1) que le tout est la somme (agrégation) des parties (individualisme méthodologique);
  
• (2) que le tout est le principe premier (holisme) des individus qui reçoivent de lui (distribution) leurs qualités.
  

Or la synthèse de ces deux points de vue ne supporte pas la commune mesure qu’elle supposerait. (B) On peut échapper au totalitarisme si l’on distingue la mesure agrégative et la mesure distributive . L’individualisme méthodologique (en économie) et le holisme (en sociologie) sont incommensurables, ils n’ont pas de commune mesure.

(a) Mesure agrégative et mesure distributive ne sont pas la même opération concrète dont seul changerait l’opérateur mathématique: le signe plus ou le signe moins.

(b) La prétention à l’exhaustivité du tout est contredite par l’ abstraction de la méthode comme par la fractalité du référent.

(c) Les concepts de temps englobant et de temps englobé essayent d’éviter cette illusion de l’exhaustivité et de la totalité .

Voir Temps englobant . Temps englobé . Hypothèse de reproduction . Ensemble. Emboîtement des totalités . Identité statique .

Théma Thématique de la Totalité. Thématique de la Globalité.

Totalité. (a) Une totalité est une organisation réelle unitaire et centralisée. Elle ne reconnaît pas d’organisation réelle supérieure à elle-même. L’Univers est la seule organisation potentielle qu’elle reconnaisse comme organisation englobante. Une totalité prétend donner une explication suffisante et exhaustive de l’Univers. Une totalité n’est dominée par aucune autre organisation réelle, mais elle domine des populations.

(b) Une totalité se caractérise par une division politique du travail entre prêtres, guerriers et producteurs. Les prêtres assument seuls la fonction signifiante . Les guerriers assument seuls la fonction guerrière . La fonction productive est une fonction subordonnée. Les producteurs sont asservis par la violence guerrière. Cette domination est justifiée par le discours fondateur de la totalité.

(c) Une totalité assimile ses populations par un discours totalisant. Elle intègre ses explications dans un dogme. Une totalité supervise ses organisations productives par une organisation centrale, de type étatique. Une totalité est donc un système hiérarchique d’ organisations hiérarchiques . Une totalité est la réunion d’un dogme explicatif, d’une domination guerrière et d’une organisation productive hiérarchisée.

(d) Une totalité tend à détruire, dominer ou assimiler toute population qu’elle découvre à l’extérieur d’elle-même. La relation d’une totalité avec l’ Univers est surtout une relation imaginaire d’explication (mythe). Le discours fondateur est symbolique. Il parle à l’ inconscient. La cohérence logique n’est pas son critère de vérité. Le discours est vrai parce qu’il est souverain. La soumission à l’autorité (Auctoritas) et le respect des rites publics (conformisme) sont plus importants que la croyance dans le discours. Il peut suffire de faire semblant de croire. Pourvu que l’on pousse à la roue.

Voir Discours clos . Discours de vérité . Domination comme principe . Créon. Pensée du même .

Théma Thématique de la Totalité. Thématique de la Globalité.

Totalité des informations , texte. Pédagogie ou formation.

(a) A un moment donné, on peut envisager la totalité des informations qu’il est possible de transmettre dans un temps donné, dans un contexte donné, à une population donnée, avec des outils pédagogiques donnés (écran, tableau, cinéma, vidéo, estrade, table, chaise, etc) et une méthode pédagogique donnée.

(b) Il est même raisonnable de se faire une idée précise de la totalité de ces informations. Cela est nécessaire pour faire de l’ ingénierie de formation et concevoir le produit de formation . Cette totalité est une limite matérielle de l’activité de formation.

(c) Par contre, nous n’aurons jamais le concept correspondant de totalité des connaissances acquises.

Voir Globalité des connaissances .

Totalités masculines , texte. (a) Les totalités masculines sont les premières tentatives de totalisation dans les communautés primitives. Elles s’amorcent par l’ échange de femmes entre hommes . Au lieu de développer le groupe jusqu’au jour où il doit se scinder en deux (scissiparité de groupe), on limite la taille du groupe (un total) et on échange ses membres avec d’autres groupes. L’essaimage des groupes nomades autonomes sur un territoire sans bornes fait place à l’occupation d’un territoire dans sa totalité.

(b) Au niveau de l’ organisation réelle de l’ethnie primitive, l’inceste est un crime. Il le devient parce qu’il est prohibé. Sa prohibition ne prouve nullement qu’il soit désiré. Ce n’est pas une pulsion d’inceste préalable qui pousse à sa prohibition subséquente. D’autant que le vrai crime, le crime pédophile n’est guère prohibé et guère puni. Il ne s’agit pas de la répression d’une pulsion. Il s’agit de la mise en place d’un système de délimitation territoriale et sociale entre des groupes.

(c) Des groupes de chasse passent du nomadisme à la sédentarité. Ils prennent possession d’un territoire naturel. Il est la surface d’inscription du groupe. Des groupes de guerre le protègent des groupes rivaux. La surface du territoire délimite un tout. On obtient la première quantité spatiale, la première citadelle, le premier quantum de richesses. Des tabous alimentaires hiérarchisés régleront la distribution des richesses de ce territoire dans la communauté. Ces groupes de guerriers se constituent en totalités masculines.

(d) Le système de délimitation est très largement arbitraire, comme en témoigne la diversité culturelle. Il s’accompagne de règles d’échange entre les groupes. Des femmes, des paroles, des dettes, des biens dotaux circulent. Des hommes les font circuler. Des corps pleins servent de pivots ou d’enracinement aux groupes. D’autres circulent entre eux.

(e) Ce fonctionnement est global. Il constitue une machine sociale par un certain branchement des machines désirantes . Filiations et alliances sont la chaîne et la trame de ce tissu social .

Voir Pouvoir masculin . Domination masculine . Cheval domestique .

Théma Domination masculine.

Totalité psychologique . La conscience d’une totalité psychologique est une illusion individuelle . Elle consiste à dire ou à penser: “JE pense, donc JE suis” sans avoir conscience que: “ ça pense, donc je ressent ça” ou “ils ont d’abord pensé pour moi et c’est moi, l’enfant de ça ”, ou même “ils ont d’abord pensé pour moi et maintenant que j’y pense, je suis”, seraient tout aussi valables.

Voir Illusion ethnique . Emboîtement des totalités .

Totem, texte. (a) Le totem est la matérialisation de la totalité ethnique, la représentation du héros fondateur , qu’il soit homme ou animal.

(b) Le totem est la base des tabous alimentaires au sein de l’ ethnie. Il est la manifestation la plus archaïque de la division politique du travail .

• <<dans son acception ethnologique la plus classique, le totem est <un animal comestible, inoffensif ou dangereux et redouté... qui se trouve dans un rapport particulier avec l’ensemble du groupe. Le totem est, en premier lieu, l’ancêtre du groupe; en deuxième lieu, son esprit protecteur (Freud)>. Le système du totémisme (dont les significations sont profondément réévaluées par l’anthropologie contemporaine) est utilisé par la psychanalyse pour reconnaître l’universalité de la loi d’ exogamie et, ainsi, l’interdit de l’ inceste. <Nous sommes, dit Freud, amenés à voir dans l’attitude incestueuse à l’égard des parents le complexe central de la névrose.>. (Fédida, p. 247)>>.
  

Voir Cannibalisme. Mythe scientifique . Repas totémique . Prohibition de l’inceste .

Totem et tabou . “Totem et Tabou” est le titre collectif de quatre essais de Sigmund Freud (1856-1939) parus entre 1912 et 1913 dans la revue “Imago” créée à cette occasion pour appliquer la psychanalyse aux “sciences de l’esprit”. On parlerait aujourd’hui de sciences cognitives .

(a) “La Crainte de l’Inceste”. Dans cet article, Freud établit un parallèle entre sa théorie du complexe d’Oedipe et la description que les ethnologues donnent de l’animal totem. Celui-ci contribue à la définition de l’ exogamie.

(b) “Le Tabou et l’ambivalence des directions affectives”. Freud développe un autre parallèle entre le Tabou et la névrose obsessionnelle du civilisé contemporain. Il montre l’ambivalence contenue dans toute normalité.

(c) “Animisme, magie et toute puissance des pensées”. La pensée magique de l’ animisme est la pensée originelle, refoulée tant dans la société (par la religion et la science) que dans l’inconscient individuel.

(d) “Le Retour infantile du totémisme”. Partant d’exemples de phobies infantiles dont celle du petit Hans décrite dans “Cinq Psychanalyses (1905-1918)”, Freud marque une équivalence psychique entre l’animal totem et l’image paternelle. Il s’appuie sur la théorie du banquet primitif décrite par William Robertson Smith (1846-1894, “La Religion des sémites”) autant que sur l’hypothèse darwinienne de la horde primitive pour expliquer un préhistorique mais initial meurtre du père d’où seraient nées la culture et la tradition de la fête. <<Un jour, les frères chassés se réunirent, abattirent le père et consommèrent le père et mirent ainsi fin à la horde du père (Freud)>>. C’est cet acte qui paralyserait l’enfant phobique, dont l’image du père est l’intériorisation de la bête primitive tuée et incorporée comme dans le cannibalisme.

Voir Vendredi. Robinson Crusoé . Cannibalisme social . Culture sans nature . Inceste. Prohibition de l’inceste . Mythe scientifique .

Touffe. (a) La touffe (poils, cheveux, plumes) est un signe distinctif. Pensez à Esaü, à Samson ou à Absalon.

(b) Dans le Bouddhisme. Au crâne rasé des moines s’oppose la coiffure du Buddha. Son crâne est orné d’un chignon ou d’une bosse couverte de cheveux. Enfin, il a une touffe de poils sur le front, l’urna.

(c) La touffe de poils ou de plume caractérise les casques des officiers grecs ou romains. Henri VI comptait sur son panache blanc pour rallier ses troupes.

(d) A l’inverse, c’est par ironie que Savinien Cyrano de Bergerac (en Chevreuse, 1619-1655), précurseur de la théorie du cycle du carbone, rappelle que nous avons été l’herbe dont nous nous alimentons et que nous serons celle que nous aurons fumé.

• <<Ce grand pontife que vous voyez la mitre sur la tête était peut-être, il y a soixante ans, une touffe d’herbe dans son jardin. (Cyrano de Bergerac)>>.
  

Voir L’Espoir .

Auteur

Hubert Houdoy

Créé le 12 Avril 1999

Modifié le 22 Novembre 1999

Suite

Glossaire Détaillé, Lettre T, numéro 14

Lettre U

Glossaire Détaillé, Lettre U, numéro 01

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Mise à jour: 24/12/1999