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Système d'indemnisation

"On maintient un système d'indemnisation qui est à la fois temporaire et dégressif... A quoi rime une assurance contre le chômage, quand un actif sur huit vit durablement cette situation ?" (Ph. Séguin)


Actuellement nos cotisations et nos indemnités forment un système d'assurance. Quand les licenciements relèvent d'un chômage cyclique le système coopératif de l'indemnisation est pertinent. Ceux qui ont un emploi cotisent pour se prémunir du risque de perte d'emploi. Les indemnités perçues en cas de chômage permettent de tenir jusqu'au retour de la croissance. Aujourd'hui la croissance ressemble à Godot. Et même quand elle vient, c'est sans l'emploi. Car notre économie mondiale n'est plus celle d'hier.

1. Dans la situation actuelle, les cotisations n'ont plus de sens.

Les cotisations ne prémunissent pas d'un risque trop massif. Globalement, c'est l'emploi salarié qui se réduit pour des raisons externes de concurrence internationale et des raisons internes de mutation sociologique. Les indemnités permettent de survivre quelques temps. Mais elles ne permettent pas d'attendre un emploi qui ne vient pas. Elles ne sont pas prévues pour créer de nouvelles activités. L'énergie des chômeurs, investie dans une course à l'emploi qui ne vient pas, est dépensée en pure perte. Autant les inciter à créer des activités manquantes. Les services rendus ne seront jamais perdus. Les sommes dépensées ont le mérite de transformer des chômeurs dépendants en créateurs inventifs.

Comme le propose Philippe Séguin, les cotisations peuvent devenir un impôt. Mais les indemnités ne doivent pas devenir une rente ni financer des emplois publics. Les indemnités versées aux chercheurs d'emploi et aux créateurs d'activités doivent fonctionner comme des investissements productifs, créateurs de revenus.

L'Etat, qui perçoit l'impôt voté par les citoyens et verse les indemnités, n'est pas pour autant un employeur. L'expérience montre qu'en situation irréversible de concurrence internationale, l'Etat ne peut pas plus garantir l'emploi que l'entreprise. Mais les indemnités peuvent fonctionner de manière plus dynamique que les "rentes de misère" qu'elles sont trop souvent. Les indemnités distribuées doivent permettre de lancer de véritables activités jusqu'à leur période de décollage. Le chômeur ne doit pas choisir entre les indemnités et le travail temporaire. Les indemnités doivent faciliter les investissements matériels nécessaires à la mise en place d'une entreprise personnelle ou d'un réseau de coopérations. Pour favoriser le travail productif, l'Etat peut passer commande de services à des créateurs d'activités nouvelles. L'Etat peut réaliser les investissements d'infrastructure complémentaire que ne peuvent financer les créateurs d'activités.

Dans l'Histoire, l'Etat a créé les routes sur lesquelles circulaient les marchands. L'Etat a créé les écoles et les université qui formaient une main-d'oeuvre compétente. Les nouveaux pays industrialisés nous envient ces avantages. Aujourd'hui l'Etat peut investir dans les infrastructures sociales et stimuler les initiatives de la part des chômeurs eux-mêmes.

2. Cela suppose que l'Etat sache voir plus loin que les marchés.

C'est ce qui le rend légitime. Tout comme l'entreprise, l'Etat doit justifier de son existence. Rien ne légitime son intervention économique s'il ne peut garantir l'emploi. Et c'est le triste constat. Son action est inutile quand il n'est pas producteur de convergence sur des marchés déboussolés. Et toutes les discussions sur la "force", la "stabilité" ou la "compétitivité" de notre monnaie de clocher ne contribuent pas à cette convergence. Il est stérile de distribuer des subventions quand l'emploi salarié est devenu un "mistigri" pour les entreprises.

L'emploi salarié est devenu un repoussoir, pour les entreprises parce que la permanence du revenu versé est en contradiction avec les fluctuations de la charge de travail. D'où la recherche de plus de flexibilité de la part des entreprises. Cette recherche est compréhensible. Les fluctuations des marchés et l'incertitude sur les investissements sont les ennemis de l'emploi. Il ne sert à rien, de la part du Gouvernement, de fustiger la prudence des entrepreneurs. Il serait plus cohérent de réduire l'amplitude des fluctuations et d'éclairer les voies du développement. Il peut au moins essayer avec l'argent que, de toutes façons, il dépense.

L'Etat doit s'attaquer aux causes des fluctuations, au lieu de jeter l'argent puis les anathèmes désabusés. Guidés par les paris spéculatifs sur l'évolution de la valeur d'échange, les marchés à terme sont aveugles sur le futur. Ils font penser à "La Parabole des aveugles" peinte par Pierre Bruegel en 1568. "Laissez-les: ce sont des aveugles conducteurs d'aveugles; mais si un aveugle conduit un autre aveugle, ils tomberont tous deux dans la fosse". On ne peut reprocher aux aveugles d'être aveugles. Il est déraisonnable de les choisir pour guides.

Une valeur d'échange ne porte aucune information sur l'avenir. Pour une raison simple: il n'y a pas d'avenir objectif. Et l'agrégation de milliers de paris sur l'avenir (options, ordres en Bourse) ne fera jamais le début d'un futur objectif. Au mieux, on peut espérer que la perte d'un opérateur soit amortie par un gain dans une spéculation de protection. Encore faut-il que le gain spéculatif de l'un soit compensé par un ensemble de petites pertes bénignes pour d'autres. Ce que rien ne garantit. Par contre, la moindre tentative de dialogue avec le client et le fournisseur éclaire tant soit peu le champ des possibles pour chacun des acteurs. Un projet n'est pas un avenir certain mais un avenir construit sur une information commune. S'il n'y a pas de futur objectif, il peut y avoir un sens intersubjectif. Tout projet mené en partenariat est, peu ou prou, réducteur d'incertitude. Nous l'avons écrit: Concevoir le Produit et l'Usage est une manière de tracer le Graphe d'Exploration des Possibles. La logique d'un projet de partenaires ne supprime pas l'incertitude de la valeur d'échange, mais elle tend à renforcer une de ses composantes: la valeur d'usage.

3. L'Etat est dans son rôle s'il développe la réflexion sur la valeur d'usage.

L'Etat est dans son rôle quand il favorise la concertation et donc l'information commune entre les citoyens, non pas comme au café du commerce, mais sur la base de projets réels. A lui de favoriser les projets en partenariat. C'est déjà bien de ne pas les interdire au nom d'une vision ancienne de la concurrence providentielle. A lui de permettre aux chômeurs de créer des structures minimales pour devenir des chercheurs d'emploi branchés ou des créateurs d'activités interconnectés. A lui de promouvoir le secteur de la connaissance. Les marchés, faute de circulation des projets et faute de débat public, sont aveugles. Ils n'assurent pas la convergence des anticipations. Ils transforment les rumeurs en protections spéculatives sur les monnaies.

Le développement de la bulle financière s'explique par le recours à la spéculation sur la valeur d'échange quand le seul moyen de réduire l'incertitude est la conception simultanée du produit et de l'usage. Tous les marchés à terme augmentent dangereusement une masse de monnaie sans commune mesure avec les marchandises échangées sur les autres marchés. Cette monnaie sans port d'attache ne peut que chercher refuge de place financière en place financière. Ce qui est une tentative de protection pour chacun accroît le danger pour tous.

Inutile d'accuser les Banques Centrales, elles n'ont pas le pouvoir qu'on leur prête. Le droit régalien de battre monnaie, n'est pas un pouvoir, mais un monopole. Interdire l'émission de fausse monnaie ce n'est pas l'autoriser au roi ni à ses successeurs élus. Les particuliers qui s'endettent créent beaucoup plus de monnaie que les instituts monétaires. Personne n'a le pouvoir de donner à la monnaie son Pouvoir d'Achat. Tout au moins personne n'a plus de pouvoir que chacun d'entre nous dans la multitude de ses micro-décisions quotidiennes. Ce qui manque à nos décisions, c'est la convergence. Pour organiser la convergence des anticipations, l'Etat peut développer des scénarios, impliquant des partenaires. Il ne s'agit ni de prévisions purement imaginaires (modèles économétriques) ni de réactions purement tactiques (marchés à terme).

La convergence des anticipations est possible si elle combine les mécanismes du marché et les principes de la recherche scientifique. Ces deux mondes, que j'ai connus successivement mais qui se connaissent mal, doivent se rapprocher et collaborer. Mais cette convergence ne doit concerner ni de la pure monnaie (marché à termes) ni de pures théories (marginalisme). Elle doit mettre en liaison les projets réels des acteurs réels.

L'Etat doit se charger de la cartographie du champ des possibles en favorisant la connection des projets privés. Il peut centraliser les informations sur les anticipations et les projets des entrepreneurs. Il s'agit de centraliser et redistribuer les informations sur l'action. Les anticipations se construisent par un approfondissement de la valeur d'usage. Pour sa part, le Réseau d'Activités à Distance se propose de mettre en relation les projets des créateurs d'activités et de leur fournir une publication commune.

Philippe Séguin propose le remplacement des cotisations par l'impôt. Cela n'a de sens que si les indemnités favorisent une recherche d'un nouveau type d'emploi et deviennent des commandes à des créateurs de nouvelles activités. Car si l'emploi salarié se fait plus rare, il faut aller au bout de la logique. Ce sont d'autres activités qu'il faut créer. Les indemnités versées ne doivent plus accompagner une vaine recherche de l'emploi perdu. Mais pour que chacun ait plus de chances de créer son emploi, il faut montrer dans quel domaine ils manquent le plus. Non pas en abstraction, mais pour compléter les projets concrets des autres. Grâce au débat politique, c'est à l'Etat de dresser la carte des projets. Grâce aux fonds publics, les investissements d'infrastructure susciteront les initiatives. Pour le reste, il faut encourager les réseaux d'initiatives et les initiatives en réseau. C'est le moyen de transformer les dépenses passives en investissements. Ils seront productifs d'un nouveau mode de vie.

Il ne s'agit plus d'indemniser les conséquence du chômage, mais d'inciter à la création d'activités.

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Mise à jour: 16/07/2003