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Réalité du territoire
"Dans un monde de plus en plus virtuel, dans une économie qui s'abstrait de la distance et de la durée, c'est en retrouvant la réalité du territoire, et du temps, que nous retrouverons l'homme..." (Ph. Séguin)
Il est indéniable que beaucoup d'aspects de la vie économique contemporaine sont marqués du signe de la virtualité. Qu'entendons-nous par ce terme?
Cette tendance à la dématérialisation n'est que relative car les électrons sont de la matière. Et le courant électrique est bien réel.
On pourrait parler de miniaturisation. Une carte de crédit peut "contenir" plus qu'une valise de billets.
On pourrait parler de fluidification. Le papier monnaie est remplacé par un flux d'électrons dans un fil électrique.
Cette tendance à la miniaturisation est inéluctable. Elle est un prérequis du développement durable. Elle ne manquera pas de s'accroître dans tous les secteurs industriels et pour la plupart des biens de consommation, ne serait-ce que pour économiser les matières premières et l'énergie. La consommation énergétique liée à notre mode de vie actuel n'est nullement généralisable à toute la population de la planète.
Il faudra nous habituer à ces réalités intangibles. Elles ne sont pas "dures comme fer". Pourtant, elles sont aussi contraignantes que les "corps pesants". D'ailleurs, la Science Économique n'a jamais été qu'une science des contraintes non perçues et des conséquences non voulues des activités délibérées ou spontanées. Il faut toute la rigueur des concepts et la puissance explicative des théories pour accéder à cette réalité, invisible a priori.
Si le territoire et le temps (le mot est peut-être mal choisi) ont une réalité, ce n'est pas en tant que choses mais en tant que contraintes et lois structurelles. La réalité n'est pas une chose tangible. Elle ne se confond pas, non plus, avec les espèces sonnantes et trébuchantes.
Méfions-nous du "chosisme" qui ne voit de réalité que dans les objets durs. Il prend pour inexistant ce qui existe sous la forme de relations, de limites ou de contraintes, dont l'expression est abstraite. Ce qui fait la réalité du porte-monnaie de la ménagère n'est pas sa substance de cuir ni son contenu métallique. La dure réalité pour la ménagère c'est que, du coté des revenus 2 + 2 ne fassent jamais que 4 et que, du coté des dépenses 4 -3 ne laissent jamais que 1. Et c'est en quoi un porte-monnaie ressemble à tous les autres. Et si on supprime la monnaie dans les échanges, la dure réalité reste la même (contrainte de budget).
La réalité du territoire réside dans les contraintes du développement durable, esquissées lors de la Conférence de Rio. Il est matériellement impossible de faire vivre l'humanité entière à la manière des New-yorkais ou des Parisiens.
L'aménagement du territoire est perçu comme une nécessité dès que l'on prend conscience des limites internes de l'organisation industrielle. Mais pour faire partager cette nécessité, par les citoyens-acteurs-consommateurs, il faudra de gros efforts pédagogiques.
La réalité ne saute pas aux yeux. La réalité n'est visible que par qui accepte et se donne les moyens de la voir. La réalité exige un appareillage scientifique pour dévoiler les illusions que nous projetons pour la couvrir de nos représentations. Parmi les infrastructures de notre nouveau mode de vie, il est dans le rôle de l'Etat de développer dans la nation une grande culture scientifique. Elle permettra de faire des choix de société, basés sur des connaissances solides et des réflexions profondes.
La réalité du territoire ne réside pas dans la nostalgie du paysage rural mais dans la compréhension des contraintes du développement durable.
La virtualité de la monnaie ne se limite pas à sa miniaturisation (carte à puce) ni à sa fluidification (électronique). La démonétisation récente de l'or et l'absence provisoire d'une monnaie mondiale unique relèvent d'une autre cause et provoquent d'autres conséquences.
La démonétisation de l'or par le Président des Etats-Unis est une volonté de laisser flotter la valeur du dollar pour le faire échapper à toute contrainte de convertibilité. C'est l'abandon des conventions internationales de Bretton-Wood. N'ayant plus à respecter une quelconque promesse de remplacement des dollars par une quantité de métal précieux, les Etats-Unis se sont donnés le moyen d'émettre autant de monnaie qu'ils le jugent utile. C'est une manière d'émettre de la fausse-monnaie. C'est une manière de ne pas payer ses dettes.
Cette non convertibilité de la devise ($) qui sert de référence à toutes les autres a supprimé toute limite externe à la multiplication des "billets verts". Par le fait même, pourvu qu'elles respectent un certain rapport fluctuant avec le dollar (limite interne) les autres devises peuvent se multiplier aussi. Plus aucun rapport ou contrainte de proportionnalité ne relie la valeur des marchandises produites avec la quantité de "billets" qui permettent de les acheter. Les capitaux peuvent alors se déplacer de place financière en place financière à la recherche de la sécurité ou des taux d'intérêts les plus élevés.
Traditionnellement, le taux d'intérêt était supposé refléter l'abondance relative des emprunteurs (pour investissement) par rapport aux prêteurs (sur leur épargne). Si beaucoup de gens veulent acheter avec un argent qu'ils n'ont pas, ceux qui ne dépensent pas tout leur revenu sont très sollicités. Ils prêtent au plus offrant: celui qui propose les intérêts les plus élevés. Le taux d'intérêt monte. Quand personne ne veut investir (peur de l'avenir) les taux d'intérêt baissent.
La nouveauté est que les capitaux ne proviennent plus nécessairement d'un revenu préalablement gagné et épargné. Ce ne sont pas les dépôts qui font les crédits. Ce sont les crédits qui font les dépôts. Les capitaux peuvent se multiplier entre eux. C'est le développement de la bulle financière sans lien direct avec l'économie physique. Et c'est pourquoi, comme le remarque avec colère Philippe Séguin, les mouvements des capitaux peuvent suivre leur propre vie, sans lien avec le monde de la production, de la consommation, de l'investissement industriel et de l'emploi.
La sphère financière s'est autonomisée. Mais comme les taux d'intérêts sont le "prix d'appel" des capitaux, toute augmentation des taux d'intérêts attire les capitaux flottants et renchérit les investissements qui ne sont pas autofinancés.
L'autonomisation de la bulle financière tend à supprimer le mécanisme qui reliait revenu, épargne et investissement. Aux causes traditionnelles des fluctuations et du chômage s'ajoutent les mouvements autonomes des capitaux. C'est pourquoi les hommes politiques nous répètent qu'ils ne peuvent aller "contre les marchés".
Mais qu'elle est cette fatalité? En quoi la "bulle financière" est-elle incontrôlable? Parce que les Gouvernements ou les Banques Centrales essayent de les attirer. La cause n'est ni le destin ni les dieux mais la concurrence. Et la concurrence pour quoi, au fait? La concurrence pour émettre de la monnaie. La tentative de doper les exportations. Ce que les gouvernements interdisent à tous leurs citoyens, sous peine de prison pour faux-monnayage.
Pourquoi l'émission de fausse monnaie est-elle illégale? Parce qu'elle permet à celui qui s'y livre un "enrichissement sans cause" préjudiciable à la juste rémunération de tous les autres citoyens. Alors, d'où vient le "droit régalien de battre monnaie"? En fait, il ne s'agit pas d'un droit mais d'une interdiction.
Si le Roy de France a le "droit" d'émettre la monnaie, c'est pour que tous les habitants du royaume puissent se le voir interdire.
Le roi frappe des pièces de monnaie à son effigie. Lui seul peut le faire. De la part d'un autre, il s'agirait d'un faux en signature. Les pièces qui ont cours légal dans le royaume sont coulées et frappées à partir du stock d'or ou d'argent disponible dans le pays. Le poids de la pièce et la rareté du métal précieux garantissent la valeur d'échange de la monnaie.
C'est parce que l'or est précieux que la pièce d'or est recherchée. Remplacez un Louis d'or par une roupie de sansonnet et vous obtenez une chose sans importance et surtout sans "intérêt". Le seul "droit régalien" est l'obligation pour le roi de garantir que l'or est de l'or. Car sinon, le roi n'est plus un roi mais un coquin (Philippe le Bel).
Cette monnaie, personne n'a jamais eu le pouvoir de lui donner de la valeur. Elle risque et trouve sa valeur relative dans l'échange permanent avec les autres marchandises. C'est pourquoi il est important de connaître les règles de son émission. Celles que garantit le Roy par son effigie.
Quand ce voyou de Philippe le Bel émettait de grandes quantités de monnaie en mettant du plomb dans l'or, c'est Hermès, le dieu du commerce, qui prenait du plomb dans l'aile. Par ses manipulations monétaires Philippe le Bel ne pouvait pas développer la richesse du pays. Il ne réussissait qu'à augmenter le prix du blé dans le royaume. Multiplier par deux la quantité de monnaie ne fait que multiplier par deux le prix des richesses produites et échangées. C'est ce que l'on appelle la théorie quantitative de la monnaie.
Philippe le Bel n'aurait pu multiplier les espèces monétaires sans changer leur titre (quantité d'or). Il n'y aurait trouvé aucun intérêt personnel en tant que faussaire. Si le royaume avait été plus riche en or, il aurait du émettre plus de vraie monnaie (titre légal) pour commercer une plus grande richesse générale. Cette plus grande quantité de monnaie aurait mis en mouvement plus de marchandises, dans une "zone franque" plus grande que le royaume. La diffusion de la monnaie aurait reflété la zone d'extension de la production française.
Si l'émission de monnaie doit être "réservée" c'est parce que personne ne peut "donner un pouvoir d'achat à la monnaie". Le monopole d'émission est une loi des hommes. Le pouvoir d'achat est une loi des faits. Les plus tenaces, car les faits sont têtus. Une réalité aussi "dure" que la gravitation des "corps pesants".
La loi interdit aux sujets de produire de la "fausse monnaie" pour que la monnaie soit unique sur le royaume. C'est une loi des hommes. L'or interdit aux rois d'émettre de la "fausse monnaie". Sinon, la monnaie du pays perd son pouvoir d'achat. C'est une loi des faits: tant que l'or est utilisé pour battre monnaie. Il n'y a donc pas de "droit" régalien ni de "pouvoir monétaire".
Abandonner la convertibilité de la monnaie en or (Nixon, 1971), c'était donner à chaque gouvernement la tentation d'essayer l'impossible: fantasme de donner à la monnaie son pouvoir d'achat. Abandonner l'étalon-or, au début des années 70, c'était amorcer un processus inéluctable: la monnaie unique, rendue nécessaire par la mondialisation du système productif. Le faux-monnayage, américain puis généralisé, n'a fait que précipiter le mouvement.
Richard Nixon ne l'emmènera pas plus au paradis que Philippe le Bel. Voilà un bel exemple de dure réalité, ni sonnante, ni trébuchante.
Comment se prémunir contre les mouvements des capitaux flottants? Comment réinventer les mécanismes de production et d'échange des richesses quand on n'a pas la possibilité d'émettre des dollars? Comment travailler, produire, se rendre utile, garder une appartenance sociale et une sensation d'utilité quand on n'a plus d'emploi et donc plus de revenu monétaire? Ces questions, beaucoup se les posent depuis quelques années pour relancer l'activité dans les zones sinistrées. Ils sont les inventeurs de l'économie solidaire.
Pour cela, il faut revenir aux fondements même du pouvoir d'achat de la monnaie. Et trouver le moyen de faire la même chose, sans monnaie. Car la monnaie n'est qu'un objet conventionnel choisi pour matérialiser durement et durablement une dette à l'égard de quelqu'un d'autre. La monnaie matérialise l'obligation de rendre pour qui a reçu. C'est pourquoi sa dématérialisation n'est qu'une opportunité de circulation plus rapide et de calcul plus systématique.
Contrairement aux apparences, l'économie marchande n'est pas le contraire d'une économie de don. Aucune des deux n'est une économie de la gratuité ou de la générosité. L'économie marchande est une forme particulière de la vie sociale ou de l'économie de don. Une forme généralisée dans le temps et dans l'espace. Une forme qui élargit la communauté des échangistes et multiplie les opportunités d'échange.
Economie marchande et économie de don font circuler les produits et les services en répartissant les richesses. Notre économie marchande est une forme monétarisée de l'économie de don. Avec quelques conséquences importantes, bien sur. Notons que le don n'est ni gratuit, ni généreux, ni facultatif.
Car rien n'est jamais gratuit. Même pas dans la famille où la gratuité apparente pour les enfants est financée par les parents. Elle crée une obligation de rendre plus tard. Cette obligation n'est pas écrite. Mais la "non assistance à personne en danger" est écrite dans notre code.
Le fait d'utiliser ou non de la monnaie ne change rien à la non-gratuité. L'économie de don a été décrite par Marcel Mauss dans son "Essai sur le don". Elle se caractérise par la circulation, en double sens, des dons qui créent la dette et des contre-dons qui éteignent la dette. Même de nos jours, certaines dettes sans monnaie sont parfois plus difficiles à éteindre que les dettes monétaires. Les dettes inconscientes sont, de toutes, les plus cruelles.
L'économie marchande n'est pas non plus l'économie capitaliste. Celui qui est son propre employeur et employé relève, le plus souvent, de l'économie marchande. Une première différence réside dans le fait d'employer des salariés dont le salaire est fixe, alors que les revenus de l'entreprise sont variable. L'employeur est alors un entrepreneur qui prend un risque particulier et qui se rémunère par un revenu particulier: le profit. Les associations, qui n'échappent pas à l'économie monétaire, relèvent de l'économie marchande. Dans la mesure où leur but est non-lucratif et surtout où elles n'ont pas de capital coté en bourse, elles n'appartiennent pas à l'économie capitaliste.
Échanger des services, de personne à personne, relève de l'économie marchande.
Ce qui compte c'est la circulation fluide des biens et services entre les personnes, sans trop de ruptures. De manière à ce que le jeu vital se poursuive. A ce titre, l'économie domestique et les relations amicales appartiennent depuis longtemps à une économie marchande mais non monétaire. Elles peuvent fournir le support à une redynamisation des échanges sociaux.
Les économistes présentent souvent l'invention de la monnaie comme une amélioration du troc. C'est faire bon marché de l'histoire et de l'ethnologie. Le troc tel que le définissent les économistes appartient plus au présent qu'au passé.
Les pays sous-développés utilisent des "contrats de compensation" (barter) pour pallier à leur absence de devises. Bases de Données (84-88). Mais la monnaie alentour et les prix du marché mondial servent de référent à l'appréciation des marchandises. La dette et les marchandises circulent. Il n'y a que la monnaie matérielle qui ne circule pas. Il serait plus juste de dire que le troc est plus moderne que la monnaie métallique, comme l'économie de location (leasing, facility management) est plus moderne, fluide, que l'économie de propriété (achat, vente).
Des régions sinistrées par le chômage relancent l'activité économique par des échanges sans monnaie. Elles redécouvrent la double logique de l'économie de don et de l'économie marchande. En fait une monnaie alternative circule pour matérialiser les dettes, mais elle limite géographiquement les risques de spéculation.
Le vrai problème est de ne pas s'enfermer dans un ghetto local. Au lieu de se replier sur son petit monde, il faut trouver le moyen de l'ouvrir sur le large. L'économie solidaire ne s'oppose pas à l'économie monétaire ni à l'économie capitaliste. Elle permet de relancer les échanges quand la disparition brutale de la monnaie les avait provisoirement taris. Il est possible de démarrer une activité productive en franchissant les diverses étapes de la monétarisation des échanges.
En redécouvrant la vraie nature de la monnaie, masquée par le fétichisme des prix et de la valeur d'échange, on retrouve la valeur d'usage et le moyen de relancer à la fois la vie économique et la vie sociale. Comprendre la nature des échanges socio-économiques c'est comprendre comment relancer l'activité en l'absence provisoire de monnaie. Son absence définitive nous paraîtrait dangereusement utopique. C'est le Sud-Ouest de la France qui est allé le plus loin dans cette recherche de nouvelles formes de monnaie.
Patrick Vassy, nous parle du SEL: "Un Système d'Echange Local est la mise en commun des compétences inexploitées par le système économique officiel. Un S.E.L. permet d'échanger, d'une manière multilatérale et sans but lucratif, des biens, services, prestations, savoirs et savoir-faire, sans avoir recours à l'argent. L'action de chacun devient une véritable énergie au service du groupe, sur laquelle personne ne peut spéculer, contrairement à l'argent". S.E.L.
Mais, au fait, pourquoi l'économie capitaliste est-elle si spéculative? Bien sur, parce qu'Homo Sapiens est aussi Homo Demens. Mais cela n'est pas nouveau. L'usage de la monnaie, qui n'a pas provoqué de mutations génétiques, ne change pas grand chose. Le "bon sauvage" sans monnaie est un mythe rousseauiste.
L'économie capitaliste se distingue de l'économie marchande par l'existence des capitaux financiers. Ceux-ci représentent la propriété des entreprises et d'autres formes de créances générées par les opérations de l'économie de crédit.
La propriété d'une entreprise n'est pas une marchandise que l'on peut produire. Elle n'est pas appréciée pour son coût de production. Sinon Thomson Multimédia vaudrait une fortune, car on ne produit pas en un jour un tel savoir-faire collectif. La propriété est estimée pour ce qu'elle peut éventuellement rapporter. Une entreprise criblée de dettes ne vaut le franc symbolique que par convention. Cette valeur est une valeur politique. Glossaire Alphabétique du Réseau d'Activités à Distance.
Abstraits de toute correspondance physique, les capitaux flottants circulent de place en place recherchant sécurité et rémunération (taux d'intérêt). Les marchés à terme sur lesquels s'achètent et se vendent des opinions, comme chez les bookmakers, en sont une bonne illustration.
Les marchés à terme tentent de protéger les opérateurs des dangers qu'ils affrontent sur les marchés physiques. Supposons un trader en pétrole qui achète une cargaison de brut saoudien. Pendant les semaines où la cargaison fera le tour de l'Afrique avant de joindre Amsterdam, Rotterdam ou Anvers, le trader prend un risque. Celui-ci est lié aux fluctuations des cours du pétrole. Le trader est dans une situation spéculative. Obnubilé par le risque de perte, synonyme de licenciement pour lui ou de faillite pour l'entreprise, le trader peut tenter de réduire ses pertes.
En supposant que les fluctuations sur le marché physique (pétrole sur le bateau) et sur le marché à terme correspondant (pétrole de papier) soient de même sens (hausses simultanées, baisses concomitantes) une spéculation volontaire peut équilibrer une situation spéculative. Pour réduire son risque de faillite en cas de baisse du cours du pétrole "arabe léger", le trader spécule sur le papier, en sens inverse. En même temps qu'il achète une cargaison réelle sur le marché physique, il vend une cargaison virtuelle sur le marché à terme. A la revente du brut, il "achètera" la cargaison papier déjà vendue à terme. S'il perd sur le pétrole physique, il peut espérer gagner sur le pétrole papier. Il limite sa perte (stop loss). S'il gagne sur le physique, il risque de perdre sur le papier. Il limite son gain.
Ce qui est possible pour les marchandises comme le pétrole, le soja, le blé, le sucre ou le jus d'orange est valable pour les monnaies (Options, Matif). La multiplication des marchés à terme, des marchés d'options et de tous les marchés virtuels vise à réduire les risques de pertes. Mais loin de supprimer la cause des fluctuations (non convergence et non consolidation des anticipations) ils multiplient les capitaux et autres "virtualités" spéculatives. Chacun tente de se protéger en multipliant le risque pour tous. C'est le comportement de panique dans un bâtiment en flammes.
Le seul moyen de réduire l'incertitude objective est de confronter et rapprocher les opinions sur l'avenir par des projets communs. C'est Concevoir le Produit et l'Usage.
Philippe Séguin nous parle aussi de la réalité du temps. Le temps n'est pas continu ni dérivable mais il est irréversible. Nul ne se baigne deux fois dans le même fleuve. Les équations simultanées des modèles économétriques sont des fictions mythiques.
Le temps est discontinu du fait des bifurcations qui transforment la flèche du temps en une arborescence de possibilités alternatives. C'est pourquoi il n'y a pas de futur objectif, ni pour les voyantes extra lucides, ni pour les économètres, ni pour les prévisionnistes.
L'avenir est construit par des millions de micro-décisions. Le système qu'elles constituent est une système chaotique soumis, comme la météorologie, à l'effet papillon. Tout au plus peut-on y repérer des "attracteurs" qui sont des zones de croissance ou de dépression des marchés, des rumeurs haussières (immobilier parisien) ou des vents de panique chez les "chartistes".
Quels enseignements peuvent en tirer les municipalités sinistrées et les laissés pour compte des plans sociaux? La disparition brutale des flux monétaires provoquée par une faillite locale crée une situation radicalement nouvelle. Une bifurcation.
Un licenciement est un choc. Ce traumatisme doit être traité comme tel au même titre que les victimes d'attentat et les otages libérés. C'est une discontinuité. Une limite entre deux mondes. Le passage d'une économie à une autre. Cette nouvelle situation n'obéit plus aux mêmes règles que la précédente. Comme Alice de l'autre coté du miroir ou Robinson Crusoé sur l'Île du Désespoir, il faut rapidement faire un bilan de la situation pour comprendre les règles du nouveau monde.
Mais sous les règles monétaires continuent à jouer les règles de la vie sociale. Parmi celles-ci la logique du don. La personne ou la communauté locale se trouve devant des choix. Il faut résister résolument à la tentation d'accuser la technologie. Les conséquences d'une non-concertation des projets ne lui incombent pas. Les causes sont les décisions basées sur la seule valeur d'échange et le fétichisme des prix. La seule erreur provient d'une confiance naïve en des marchés aveugles. Au contraire les Nouvelles Technologies de la Communication et de l'Information donnent des opportunités.
Nous conseillons d'assimiler Télétravail et Recherche d'Emploi. En mettant à profit les méthodes récentes de conception, les nouvelles opportunités peuvent être représentées dans un Graphe d'Exploration des Possibles. Les bifurcations de ce graphe sont la meilleure illustration de l'existence d'un avenir. Cette réalité du temps futur n'existe que par un projet personnel. Il reste à la renforcer par une coopération dans un réseau d'activités à distance. C'est le sens des organisations virtuelles.
Quand les ressources locales ne sont pas suffisantes, il est bon d'utiliser des ressources et des opportunités plus lointaines. Et c'est là que le NTCI offrent des opportunités. Dans une région isolée comme la Creuse, l'exemple donné par la ville de Felletin mérite d'être cité.
Les réalités les plus dures sont les règles non-écrites qui s'imposent même à ceux qui croient pouvoir les violer. Le colombe n'échappe pas à la pesanteur ni à la résistance de l'air. Elle utilise ces forces pour voler. On ne commande à la Nature qu'en lui obéissant. D'où l'importance d'une solide culture économique et sociale au développement de laquelle les discours électoraux n'ont pas contribué, de part et d'autre de l'hémicycle, et encore moins aux extrêmes. Le mérite du livre de Philippe Séguin est de montrer le chemin de l'obscure réalité à ceux qui trouvent plus confortable d'attendre Godot sous le réverbère.
Créé le 10 Juillet 1996
Modifié 13 Février 1998
Bilan Personnel et Professionnel à Distance
Concevoir le Produit et l'Usage
Graphe d'Exploration des Possibles
Nouvelles Technologies de la Communication et de l'Information
Télétravail et Recherche d'Emploi
Glossaire Alphabétique du Réseau d'Activités à Distance
Quelles Informations, quelle Communication ?
Quelles Nouvelles Technologies ?
Relations entre NTCI et développement du territoire
Initiatives illustrant l'impact des NTCI sur le développement
S.E.L., Patrick Vassy.
E-mail: pvassy@cie.fr
URL: http://www.altern.com/sel/