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Parabole
à Felletin
Plan
1.
Télétravailler à Felletin
2. Les outils du travail
à distance
3. Croissance de Parabole
4. La cyber culture
5. La taille critique
6. Développer la région
7. Le télétravail à forte valeur ajoutée
8. Comment recruter
9. L’immobilier rural
10. Les
bureaux de voisinage
11. Un point accueil service
12. Les
nouveaux ruraux
13. Le développement en réseau
Conclusion
1. Télétravailler à
Felletin
Berceau historique de la tapisserie, Felletin
héberge un collège et l’École des Métiers du
Bâtiment. Le Lycée d’Aubusson est à 10 km.
L’aérodrome Montluçon-Guéret est à 35
minutes. Felletin est à l’écart des grands axes de
circulation et abrite pourtant une entreprise de développement de
logiciels à distance. Parabole employait 10 personnes à sa
création en juillet 1993. L’effectif est de 17 personnes en 1996.
L’initiative de la création de Parabole revient
à Michel Pinton, actuel maire de Felletin. Pour lui, le
télétravail dans la Creuse est une alternative au
télétravail dans les pays à bas
salaires et haute valeur ajoutée (Russie, Indonésie, Maroc).
Malgré une baisse des salaires des informaticiens à Paris,
l’implantation à Felletin réduit les coûts de
salaires et de structures. Pourtant, cette différence de coûts
n’est pas suffisante. On sait que le télétravail est
nomade. Une entreprise qui trouve intérêt à faire
développer son logiciel à Felletin ira peut-être aux
Philippines dans deux ans.
Parabole développe du logiciel
spécifique et des activités liées à Internet. Ses
ingénieurs réalisent la partie client de logiciels coopératifs. La partie
serveur est réalisée sur les ordinateurs des
sociétés pour lesquelles elle intervient. Il n’y a pas de
télétravail individuel, mais un
téléservice de Parabole à ses clients.
Pour des raisons d’organisation, Jean-Marc Abel, son directeur, veut
constituer un noyau local solide, avant de développer le
télétravail au sein de Parabole.
2. Les outils du travail à distance
Les outils de communication se nomment:Transpac, Numeris,
Téléphone et Fax. La Visiophonie de PC à PC permet de
partager un tableau blanc pendant une réunion
téléphonique. D’autant que Parabole développe
l’aspect visuel des interfaces de dialogue avec
l’utilisateur. Ces outils ne suppriment pas les réunions mais les
optimisent par une préparation poussée. Parabole utilise une
méthode de suivi de projet adaptée à son mode de travail.
L’usage courant de la messagerie électronique
assure une grande traçabilité des évolutions et
décisions. Le télétravail appartient à la culture
écrite. Certes, la convivialité de la pause-café est
favorable aux échanges informels et provoque parfois des idées.
Mais cette créativité de façade n’est pas toujours
suivie d’effet. Les informations échangées se perdent
parfois aussi vite.
Comme les programmeurs de Parabole ne
prennent pas le café avec leurs clients, autant faire de la distance un
atout méthodologique. On remplace donc la convivialité orale par
la convivialité écrite. Logiciel de travail en groupe, Lotus
Notes organise et mémorise la communication interne. Il permettra de
faire de l’ Intranet. Jean-Marc Abel insiste pour que
cet outil de groupware soit utilisé à la place
de la photocopieuse. Il refuse de lire les notes sur papier qui ne laissent
pas de trace organisationnelle. C'est un facteur de l'apprentissage organisationnel. Cette exigence
méthodologique est importante car Parabole travaille au forfait. Il
faut donc maîtriser, en interne, les délais de production. La performance industrielle est à ce prix.
3. Croissance de Parabole
Le
démarrage de Parabole est réalisé. La Datar s'est
penchée sur son berceau à sa naissance. Maintenant c’est
le marathon qui continue. Le projet a pris beaucoup de temps à ses
promoteurs. Le plus difficile fut d’éliminer les fausses bonnes
idées. Si l’aventure vous tente, cherchez durement le bon
créneau. Aujourd’hui, l’entreprise est encore fragile.
Régulièrement revient le lancinant problème de la
trésorerie. Le capital en soulève d’autres. Si pas
sérieux ni tenace, s’abstenir.
Internet est une ligne de développement
évidente pour qui développe à distance. Ce domaine
à forte croissance exige des compétences multiples: techniciens,
commerciaux, graphistes, presse. Il est préférable de relier des entreprises locales sur des projets communs
plutôt que d’embaucher toutes les compétences. Sur ce
nouveau marché Parabole saisit les opportunités. Elle est
déjà fournisseur d’accès à Internet et
prestataire de pages Web. Jean-Marc Abel propose aux entreprises
régionales (Michelin, Legrand) de créer une vitrine sur le
réseau des réseaux. La région parie sur les Nouvelles Technologies de la Communication et de
l’Information. Quatre entreprises locales, dont Parabole, sont mises
en concurrence pour développer le serveur du Limousin. Le Conseil
Régional utilise aussi l'approche réseau. Pour développer
des synergies régionales et favoriser l'émergence de projets, il
a mis en place un comité de pilotage. Parabole y côtoie ses
concurrentes: Keops Infocentre et Macorbur.
4. La cyber culture
Michel Pinton
est aussi l’initiateur de Cyber en Marche. Le cyber espace de Felletin,
est géré par une association locale. Cinquante adhérents,
à ce jour, témoignent d’un fort succès de
curiosité. Six micros en réseau local autour
d’une station de travail RS6000, permettent de se
familiariser à Internet. Le 3° âge de la Creuse se
déplace en car pour découvrir cette nouvelle fenêtre sur
le monde. Un moniteur explique les rudiments et montre
l’intérêt de cette navigation. L’association vise la
formation. Il faut que les jeunes intègrent les concepts et les
réflexes de la consultation sur Internet pour être
employables. Parabole fournit un support technique à
cette association dont les locaux sont voisins.
Cyber en Marche
est la partie visible du Centre Internet pour les entreprises et les
administrations locales ou régionales. Il fait partie de
l’enracinement local d’activités à haute valeur
ajoutée. Le Conseil Général de la Creuse apporte une
subvention de 60 000 F. Savez-vous que Felletin, grâce à Parabole
et Cyber en Marche, fait partie des 30 sites classés par le
Ministère de l’Industrie sous le label Autoroutes de
l’Information? Label partagé avec Paris ou Rennes.
Projet phare en Creuse: l’Education Nationale. "Cyber
Réseau Creuse Éducation". L'inspection académique de la
Creuse projette de connecter les écoles, collèges et
lycées du département, au réseau Internet. Avec le
concours financier de la Région, 8 lycées creusois se sont
équipés de modems et de logiciels
d'accès au réseau mondial. Les collèges le sont par le
département. Il s’agit maintenant de mettre en réseau 140
établissements primaires. A ce jour, 12 écoles rurales sont
reliées. Les établissements scolaires, qui ne
bénéficient plus de la franchise postale, cherchent à
réduire les frais de courrier. L’expérience initiale sera
généralisée à toute l’académie.
L’inspecteur d’académie, qui porte le projet, rêve de
faire visiter les musées du monde aux élèves de la
région.
5. La taille critique
Le développement de Parabole est conditionné par
sa clientèle. Il faut être nombreux pour mener de grands projets.
Le bâtiment actuel, en plein centre de Felletin, peut accueillir 30
personnes. Par la suite, un bureau distant de 20 km pourrait recevoir 10
personnes travaillant sur le même projet. Un autre bureau-satellite
serait possible. L’effectif idéal est de 50 personnes.
Loin de Paris, l’entreprise trouve la tranquillité
des transports, la souplesse de l’emploi et le temps de travailler.
Parabole prévoit de s’insérer dans le tissu administratif
et industriel pour augmenter les effectifs. Le
télétravail n’est pas un parachutage ni
une extraterritorialité. Il est nécessaire de contacter les
PME-PMI locales. Le développement exige la création et
l’entretien d’un réseau de voisinage et de service.
Curieusement, notre société en crise invente conjointement le
travail à distance et les services de proximité. Ces deux
activités sont complémentaires dans le développement des régions fortement
rurales.
6. Développer la
région
Venir travailler à Felletin,
c’est participer au développement de la région. Des
grandes villes se vident au profit de villes moyennes. L’Ile-de-France
perd 68 000 habitants par an, selon l’Institut
d’aménagement et d’urbanisme de la région
Ile-de-France. Ce flot alimente un Grand Paris qui englobe Compiègne,
Chartres, Vendôme et Orléans. Il se dirige aussi vers Toulouse et
Sophia-Antipolis. On est surpris d’apprendre que le Limousin est devenu
une terre d’immigration. Ce sont des villes de la taille de Limoges qui
attirent ces émigrants. La ville de taille inférieure ne profite
pas encore de ce flux. Elle doit encore lutter contre l’exode. C'est
pourquoi les entreprises locales font du mécénat pour entretenir
la vie culturelle: Théâtre Jean Lurçat à Aubusson,
Cyber en Marche à Felletin. Car la culture est avec la technologie une
composante du développement.
Une logique industrielle et
centralisatrice pousse au développement de métropoles pendant
que l’exode rural vide les petites communes. S’installer dans les
zones dépeuplées c’est risquer d’être
entraîné par l’exode. Il faut bien comprendre les mécanismes de ce transfert de
population pour y porter remède.
7. Le
télétravail à forte valeur ajoutée
A Felletin, on ne commet pas l’erreur du
télétravail à faible valeur ajoutée. Trop
d’entreprises de télésecrétariat ne tiennent pas la
distance. Parabole crée des emplois à forte valeur
ajoutée pour des individus qui viennent de
l’extérieur. Le personnel hautement qualifié n’est
pas disponible dans le bassin d’emploi local. Il faut
donc le faire venir des grandes villes industrielles et universitaires. Il
n’y a pas réduction du chômage local mais apport
d’activité et de population. On renverse le flux
démographique pour casser la spirale des cessations
d’activités. Créer des emplois pour les chômeurs du
pays implique d’atteindre une taille plus importante. Peut-être
faut-il, une organisation en réseau pour
éviter les doublons d’investissement. L’accroissement du
nombre d’habitants relancera les travaux domestiques, l’entretien
et le bâtiment. Les enfants à scolariser éviteront la
fermeture de telle ou telle classe. Des emplois à forte valeur
ajoutée sont au développement local ce que les
industries motrices étaient à l'économie
nationale. Mais, pour le choix des activités, il faut penser à
l'échelle de l'économie mondiale.
Pour attirer durablement des ingénieurs compétents
et motivés, il faut veiller à leur
intégration dans le pays. La croissance de
l’entreprise implique le développement de la région.
Jean-Marc Abel insiste sur l’origine creusoise des candidatures
spontanées. Les ingénieurs viennent de Paris, Grenoble ou Nantes
mais les parents venaient de la Creuse. Il s’agit parfois d’un
retour au pays. Cette condition est d’autant plus importante que
l’emploi du conjoint n’est pas facile à assurer. Même
quand les compétences s’y prêtent, il n’est pas
souhaitable d’embaucher un couple sur le même lieu de travail.
Quand le conjoint appartient à l’administration, la mutation est
envisageable et les autorités locales facilitent les démarches.
8. Comment recruter
Un article de
Flore d’Arfeuille, paru dans Courrier Cadres, a provoqué de
nombreuses candidatures spontanées de la région PACA et
d’ailleurs. Mais les adorateurs du soleil et de la mer ne feront pas
forcément de bons creusois d’adoption. Une annonce dans “La
Montagne” sera lue par des natifs du Limousin exilés à
Paris ou à Lyon. Car pour un emploi à Parabole, c’est une
famille qui doit se loger, vivre, grandir, étudier et se plaire
à Felletin.
La motivation du retour à la campagne
est une première condition. Mais elle n’est pas suffisante.
Monsieur le Maire se méfie des employés et des bailleurs de
fonds qui viendraient à Felletin comme ils iraient n’importe
où. Il faut s’appuyer sur des personnes qui ont des attaches ou
un projet d’insertion dans la région. Le financement de Parabole
est essentiellement privé même si la Datar et quelques
communautés territoriales ont subventionné sa création.
Depuis 1993, le Conseil Régional a accordé la
somme de 1 803 000 francs au titre des aides à la création
d'emploi, au recrutement de cadres et du plan particulier pour l'emploi en
Creuse. La région comprendrait mal que les nouveaux embauchés
rejoignent leur région d'origine au premier mal du pays.
9. L’immobilier rural
Les
nouveaux arrivants doivent se loger. La moitié a trouvé à
Felletin même. Un quart est allé dans des villes un peu plus
importantes comme Aubusson et Guéret. Le dernier quart s’est
installé dans les villages avoisinants. Cet exemple montre que la
démarche de développement ne peut se limiter à une
commune. Qu’on le veuille ou non, c’est un tissu local qu’il
faut nourrir et dynamiser.
De belles maisons de pierre sont
à vendre, mais certaines attendent l’acquéreur depuis si
longtemps que des travaux seront nécessaires. Certaines maisons du
centre ville peuvent abriter des bureaux. Mais ceux qui viennent habiter la
campagne désirent un jardin. Inutile de faire construire un pavillon.
Les bâtisses ne manquent pas. Par contre, le prix demandé par les
vendeurs ne tient pas compte du marché. Si l'économie de location se développe, ce
n'est pas encore dans les régions rurales. La maison, comme la terre,
est plus un symbole qu’un bien marchand. Le parc locatif est inexistant.
Des travaux de réhabilitation s’imposent. Des SCI regroupant des
banques, des commerçants et des personnes privées pourraient
dynamiser le marché immobilier local. Mais il n’est pas possible
pour le capital local de s’investir partout à la fois, surtout
que la partie n’est pas définitivement gagnée.
Il faut penser à la scolarité des enfants et aux
distractions de tous. Tennis, VTT, golf, football, jogging, randonnée,
ski, chasse et pêche. Les amateurs de plein-air ne s’ennuient
jamais au pays. Le libraire local invite régulièrement des
écrivains régionalistes pour des ventes-dédicaces. Mais
il faut prendre sa voiture pour aller au cinéma et au
théâtre d’Aubusson. Paris est à 45 minutes par la
voie des airs. En se levant à 5 heures du matin on est à La
Défense pour l’ouverture des bureaux. Le soir on se sent plus
à l’aise que le cadre parisien, retour de Grenoble, qui affronte
les embouteillages à Orly. Les rues sont calmes à 7 heures du
soir. Le matin on est réveillé par l’angélus au
clocher de l’église.
10. Le double
mouvement des téléservices
La
téléactivité motive les élus des zones rurales
comme ceux d’Ile-de-France. Le point commun réside dans
l’usage des télécommunications pour réduire le
coût de transport des personnes et des documents. Dans
l’immédiat, le télétravail
proprement dit, qui consiste à rester chez soi tout en continuant
à travailler pour son employeur traditionnel, ne sera peut-être
pas le moteur de ce mouvement. Ce n'est le cas qu'aux Etats-Unis où le
telecommuting (travail à domicile) est considéré comme
une arme contre la pollution des villes. La France n'en est pas encore
là.
Réservé à des individus
autonomes et indépendants, le
télétravail implique un changement de mentalité dans
l’industrie ou le tertiaire. Les entreprises de
téléservice seront probablement le relais entre
l’employeur traditionnel et le télétravailleur.
C’est ainsi qu’une entreprise de traduction fait connaître,
organise et vend les travaux de plusieurs traducteurs à domicile.
Nées de l’ externalisation de certaines
activités des grandes entreprises, les entreprises de
téléservices et les télécentres
doivent atteindre une taille suffisante pour développer le
télétravail.
Les grandes entreprises externalisent
une partie de leurs activités. Les communes rurales luttent contre la
désertification. Toutes pensent au télétravail. Le
mouvement s’alimente de cette double motivation. Mais il est
probablement trop tôt pour dire si le décollage
va réussir. Il n'est pas sur que ces deux mouvements réussissent
à se rejoindre. Trop d'obstacles juridiques, économiques et
culturels les séparent encore.
Lutter contre le
sous-emploi suppose de bien comprendre ses causes.
En premier lieu, il faut tenir compte de la concurrence
internationale par les salaires. Car le télétravail est
nomade. Il suit les bas salaires comme le tourisme accompagne les
dévaluations et fuit les attentats. Arrimer ces activités
nouvelles implique une stratégie délibérée de
développement. Il faut viser un terroir plus
qu’un taux de salaire. Entre la grande entreprise
qui se vide et l’individu qui cherche
à travailler, des organisations locales doivent assurer
l’intermédiation ou fournir des aides.
Mais il faut tenir compte, simultanément, de la crise du
travail salarié pour tenter de dynamiser les zones rurales ou
lutter contre l'asphyxie des métropoles. A coté de l'emploi autonome, de nombreuses structures
intermédiaires restent à inventer par les acteurs locaux. Ce
point est souvent abordé dans les listes de discussion sur le télétravail.
Parmi les acteurs locaux, les communautés territoriales
sont, bien sur, les premières concernées. Elles favorisent les
initiatives. Le Conseil Régional s'engage
dans une politique volontariste. Il lance un concours d'applications
concrètes aux technologies de l'information. Dans la catégorie
"Projets" ou la catégorie "Idées", toute personne physique ou
morale, localisée ou en voie d'implantation en Limousin, peut
concourir. Il peut s'agir de projets innovants liés au réseau
Internet. Le développement ou l'implantation de
téléservices en zone rurale seront
appréciés. On encourage les projets transversaux qui
réunissent universités et entreprises. Il va de soi que les
renseignement sont disponibles sur Internet. C'est le moment de mettre dans
vos bookmarks l'adresse du serveur du Limousin:
http://www.limousin.net/acticiel
11. Les bureaux de
voisinage
Les bureaux de voisinage ,
comme les envisage le Conseil Régional d’Ile-de-France, peuvent
faciliter l’émergence de ces entreprises. Ils participent
à l'économie de location. Dans un
même immeuble, des sociétés de
téléservices, des
télétravailleurs, des organismes de formation et des
associations de proximité animent un quartier défavorisé,
une ville dortoir ou un noeud ce communications. Le téléservice
fait appel au téléservice par la spécialisation des
activités. Une société de développement de
logiciel sous traite son secrétariat et sa comptabilité à
des sociétés spécialisées. Chacun
externalise ce qui n’est pas son métier de base.
On aboutit à un développement en réseau au moment
où la grande entreprise centralisatrice implose par
trop de lourdeur.
Mais les formes concrètes seront
différentes à Paris et en province. Dans chaque région il
faut tenir compte des caractéristiques
locales, dans un bilan des forces et des faiblesses. La recherche d'
identité ne doit pas se faire contre l'
instrumentalité. C'est peut-être en ce sens que
le télétravail, encore peu développé dans les
faits, est une voie d'avenir. A la condition de ne pas le confondre avec
l'ancien travail à domicile. Les ruraux doivent redéfinir la
ruralité: ce qui fait qu’ils s’attachent au
développement de leur pays. S’installer à la campagne, y
compris en hiver, quand on n’a pas de liens familiaux ou amicaux,
nécessite plus de force de caractère qu’en région
parisienne. Les bureaux d'accueil y seront
d’autant plus appréciés.
12. Un point d'accueil service
A
Échassières, en Auvergne, les Foyers Ruraux d’Allier
inaugurent le premier “point accueil service”. Ils s'inspirent de
l'expérience britannique des
télécottages. Un réseau de 10 P.A.S est
prévu. Cette initiative vise à pallier au manque
d’information sur l’emploi, la formation, les institutions et les
services publics. Elle cherche à résoudre des problèmes
de mobilité et répond aux aspirations des femmes en milieu
rural. Un point accueil service est implanté dans un lieu isolé
mais animé par une activité culturelle: bibliothèque,
cinéma itinérant. Là encore, on cherche à combiner
la culture et la technique dans une nouvelle ruralité. Comme à
Parabole, mais à une échelle réduite, on trouve des
moyens de communication et d’information: téléphone, fax,
minitel et ordinateur. Ce qu’il faut pour devenir un relais
d’information et une base pour le travail de proximité. La
responsable de PAS aura un rôle d’animation pour l’emploi du
chèque service et de formation aux nouveaux
outils de communication.
Cet accès aux outils du travail à distance
facilite la recherche d’emploi. Il
n’est plus nécessaire de se déplacer au chef-lieu pour
apprendre à rédiger son CV. L’assistance à distance
permet de démultiplier l’action des organismes d’aide
à l’emploi. Internet donnera accès au serveur Web du Réseau Européen pour
l’Emploi. Cette association publie des CV, des offres d’emploi
et toutes informations utiles. L’information
est accessible à tous, pourvu que l’on soit branché.
13. Les nouveaux ruraux
Une forte
culture, des attaches familiales, des intérêts dans des
entreprises locales, des propriétés immobilières, un
travail intermittent (acteurs de cinéma), la création artistique
ou littéraire sont les caractéristiques de ceux qui reviennent
à la campagne. Le fait est commun à la Normandie, la Creuse et
le Périgord. A ces premiers migrants, le développement des
nouvelles technologies de la communication et de l’information va
ajouter des travailleurs de la connaissance.
Par la nature de leur travail et par les outils de communication
dont ils disposent, ces nouveaux travailleurs craignent moins
l’isolement que d’autres. Identité
culturelle et instrumentalité technique sont
les armes dont ils disposent contre la destruction du Moi .
Peu importe que les rues soient silencieuses quand on peut admirer, de chez
soi, les tableaux de Vermeer, sur Internet et que l'on participe
quotidiennement à un réseau de centres de
décision . Tous ne souhaiteront pas la
délocalisation, mais certains le feront.
L’exemple de Parabole pousse deux entreprises,
américaine et parisienne, à investir à Felletin. Les
nouveaux projets concernent soit le traitement des données soit
l’acquisition et le traitement des connaissances. Le mouvement doit se
poursuivre jusqu’à ce que la greffe réussisse. Plusieurs
initiatives indépendantes, mais concertées, ont plus de chance
qu’un projet massif. Les PME locales se reconnaîtront plus
facilement dans d’autres PME. Les bureaux satellites des grandes
entreprises viendront ensuite. L’ essaimage sera
facilité. L'enracinement local et le branchement sur les grands flux
mondiaux sont les caractéristiques complémentaires des organisations virtuelles dont la logique englobe celle
du télétravail.
L’apparition de nouveaux
métiers qui permettent plus de souplesse dans la gestion du temps et de
l’emploi, est une chance pour l’aménagement du territoire.
Pourquoi pas “Veilleur sur Internet” ? C’est un
métier qui s’exerce très bien à domicile. Il
n’exige pas d’appartenir à l’entreprise pour laquelle
on scrute l’horizon.
La navigation dans les hyperdocuments
de la toile mondiale nécessitera de plus en plus d’
intelligence collective de la part des logiciels de coopération. La linguistique et la
sémantique informatiques iront au-delà des possibilités
de la recherche en plein texte. Ces évolutions scientifiques autant que
techniques vont multiplier les emplois à haute valeur
ajoutée et à forte autonomie, qui
exigeront des attitudes coopératives . C’est aux
communes rurales, à caractère touristique, technologique et
culturel, de savoir les attirer.
Le rêve de quitter la
ville ne doit pas masquer les causes profondes et durables de l’exode
rural. Pour renverser ou aménager ce mouvement, il faut utiliser des
ressources qui n’appartiennent pas à une ruralité
passéiste. Les habitants des communes rurales peuvent domestiquer les
nouvelles techniques. On peut les apprendre chez soi et s’entraider
à distance.
Les communes rurales peuvent s’allier
aux nouvelles activités pour conserver leur cadre de vie et voir la
population augmenter. Ces activités sont compatibles avec un tourisme,
discret, de la culture et de la randonnée. Les nouvelles technologies
font connaître les richesses architecturales des communes. On peut
savourer par avance le cadre des gîtes ruraux sur les écrans du
World Wide Web. D'ailleurs, avec l'aide du Conseil Régional, une banque
de données faisant l'inventaire de l'offre touristique en Limousin
devrait voir le jour à la fin de 1997. Elle sera consultable sur
Minitel et Internet.
14. Le
développement en réseau
Les initiatives
se concertent. Les département et la région renforcent leur
complémentarité. Robert Savy, Président du Conseil
Régional, propose que le Département soit compétent pour
animer ou gérer les services de proximité. La Région
prendrait en charge les projets touchant au développement
économique.
Une commune ne fait pas un pays. Une auberge
n’est pas un terroir. C’est dans une commune que l’on
acquiert un logement et que l’on apporte son travail. Mais c’est
un pays que l’on découvre et le terroir que l’on savoure.
La force de la ville réside dans le raccourcissement des
distances. La densité permet de se concerter plus facilement. La hausse
du prix des terrains commence à faire payer trop cher cette
caractéristique. Les encombrements réduisent cet avantage. Dans
le secteur tertiaire relationnel , de faible
productivité, les télécommunications offrent une alternative. Le monde rural peut saisir sa
chance. Mais la concertation reste le secret de la réussite.
Le développement centralisé qui engorge les villes
et désertifie les campagnes est celui de la production
matérielle. Le traitement de l’information et a fortiori le
travail sur la connaissance n’obéissent pas à la
même logique. Ils donnent une nouvelle chance au pays rural à la
condition qu’il sache inventer, avec les grandes entreprises
industrielles en cours de réorganisation, un
mode de travail et de développement en réseau.
Conclusion
Dépassant
l’exemple de Felletin, nous évaluons les possibilités du
télétravail dans les zones rurales. La différence des
coûts ne peut suffire à installer durablement des
activités. Il faut un travail à forte valeur ajoutée.
Mais le télétravail nomade est dangereux. Il faut aussi une
implication dans la vie régionale et une action en direction des PME
locales. Le bilan des contraintes plaide pour une organisation en
réseau.
Les nouvelles entreprises sont un trait
d’union entre les grandes entreprises industrielles qui
externalisent des activités tertiaires et les PME
locales. Elles apportent une aide technologique et méthodologique.
Tournant la distance à leur avantage, elles inventent les
méthodes et les outils du travail
coopératif. Ce faisant elles rejoignent d’autres initiatives
de développement rural.
Les régions rurales font
face à un chômage de faible qualification. L’initiative des
Foyers Ruraux d’Auvergne facilite le développement des services
de proximité. Elle aussi se réclame du développement en
réseau. A son tour elle est un relais vers les zones les plus
reculées.
Les outils et les méthodes du travail
à distance peuvent aussi contribuer au replacement des personnes sans emploi. Le Point
Accueil Service est un accès au réseau des
télécommunications. La population rurale profite ainsi des
initiatives bénévoles qui se développent sur le World
Wide Web. Cette aide à l’emploi est un atout dans
l’assimilation des nouvelles technologies. Depuis, d'autres initiatives ont suivi cet exemple.
Dernières (mauvaises) nouvelles
<<L'entreprise Parabole, l'Association Cyber en Marche et
le serveur de
http://www.mairie-felletin.fr
et ses
dérivés
http://www.cyem.mairie-felletin.fr etc)
n'existent plus. (e-mail d'Alain Delavigne, le 6 septembre
1999)>>.
Pour plus d'infos:
Ma
télé Multimédi@
http://www.matele-multimedia.com
2 Petite rue du clocher
23 500 Felletin
05 55 66 91 00
Auteur
Créé le 8 Juin 1996
Modifié le 6 Septembre 1999
Liens cités encore actifs
Le R.A.D. s'installe en Haut-Forez
Association Cyber Accueil Informatique en Haut Forez
http://www.noiretable-haut-forez.com
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