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Glossaire Détaillé, Lettre D, numéro 11

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Désir du sujet , (/devoir d’état), texte. (a) Dans le monde des trois niveaux , qui se profile au cours du XX ème siècle, l’ ordre apparent du monde a disparu. A juste titre, une impression de chaos lui fait place.

(b) Cette impression est génératrice d’ angoisse. D’autant qu’à peine sorti du monde des trois ordres l’individu n’a plus de devoir d’état pour le guider dans ses actes. Mais il a toujours beaucoup d’interdits. Ils provoquent des résistances à un désir encore inconnu . D’où la souffrance. C’est d’ailleurs souvent de cette manière douloureuse que l’individu, après Freud et la psychanalyse historique , découvre l’existence du désir et sa différence d’avec le besoin.

(d) Le sujet du désir ne se trouve plus situé dans un monde de positions. Il doit s’affirmer comme sujet. Et tout d’abord, par un apprentissage poussé de sa langue naturelle , comme sujet du verbe .

(e) Il doit éviter d’être assujetti comme objet. D’où, les joutes et les ballets d’où dépendent sa position.

(f) Dans le monde du travail , il affronte la joute pour la reconnaissance .

(g) Dans le monde de l’amour , il rencontre le ballet de deux corps pleins .

Théma Thématique, Erotisme.

Voir Résistance et souffrance . Rentrer dans un ordre . Devoir conjugal . Interdit divin .

Désir encore inconnu , texte. (a) Au début du XX ème siècle, le désir est encore inconnu de la plupart des individus. Il n’est pas reconnu par les discours officiels (caractérologie, médecine). Le désir est confondu avec le besoin biologique (faim, soif, froid).

(b) La dérive du désir, son absence d’objet stable, précis et définitif, son origine pulsionnelle et inconsciente, sont une découverte de Sigmund Freud . Il est difficile de parler de corps virtuel avant le début du XX ème siècle.

Voir Psychanalyse historique . Inconscient. Pulsion. Ça. Ordre du XIX ème siècle . Désir du sujet . Devoir d’état . Devoir conjugal .

Désir esthétique de l’homme , texte. (a) Le désir esthétique de l’homme est un désir de dérivation. Son émergence est provoquée par un refoulement partiel du désir sexuel de l’homme .

(b) Ce désir esthétique est tributaire du sens de la vision . Il est socialement conditionné par les canons de la beauté. Il concerne le corps de la femme considéré comme un objet de sublimation. Le désir esthétique de l’homme est un résultat de la captation visuelle du désir .

Théma Thématique, Erotisme.

Voir Désir incertain . Obligations sexuelles .

Désir et besoins , texte. (a) C’est l’échange des émotions, leur percolation, qui conditionne l’orientation des désirs et l’élaboration des besoins. Comme le disent Deleuze et Guattari:

<<Ce n’est pas le désir qui s’étaie sur les besoins, c’est le contraire, ce sont les besoins qui dérivent du désir: ils sont contre-produits dans le réel que le désir produit . Le manque est un contre-effet du désir, il est déposé, aménagé, vacuolisé dans le réel naturel et social. (L’Anti-Oedipe, p. 34)>>.

(b) Par une exacerbation du besoin de reconnaissance , l’économie de propriété produit le manque organisé . Les processus d’appropriation sont plus importants que les processus de production, ils les déterminent. Il déterminent un individu résiduel comme homo oeconomicus.

(c) Par contre, la percolation des besoins via la motivation et les mobiles est la clef de l’évolution des réseaux socio-techniques . Ils trouvent leur plein développement dans l’ économie de location par une réduction de la sphère de l’appropriation).

Théma Thématique, Erotisme.

Voir Désir comme production de réel . Le désir par la castration . Étayage.

Désir et souffrance , texte. (a) La satisfaction du désir entraîne un plaisir qui est suivi d’un déplaisir. La succession de ses états fait partie du réel du désir. C’est le refus du déplaisir qui entraîne la souffrance.

<<Même lorsqu’il est satisfait, le désir peut engendrer de la souffrance, car il nous place face à un vide intérieur qui fait remonter à notre conscience nos échecs passés, nos désirs insatisfaits ou nos besoins non comblés... Mais plus nous fuyons ce vide en cherchant à satisfaire nos désirs, plus nous générons de nouveaux désirs, et plus la joie nous glisse entre les doigts. C’est un cercle vicieux . Nous cherchons constamment à posséder plus, à faire plus, à vivre plus, ce qui nous éloigne d’autant de la paix et de la joie naturelles qui nous habitent. (Manon Arcand, S’initier à la méditation, p. 89)”.

(b) Ce n’est pas la recherche obstinée de la prolongation du plaisir (désir tendu) qui peut barrer la voie du déplaisir. C’est la tendresse qui donne une autre coloration à la relation, pendant que le désir se reconstitue.

Théma Thématique, Erotisme.

Voir Méditation. Possession. Résistance et souffrance . Épicurisme. Détachement émotif .

Désir féminin , (/désir primaire). (a) On définit généralement le désir féminin comme un désir d’être pénétrée. Cette définition ne correspond nullement à un déterminisme géométrique des organes sexuels masculins et féminins. Cette “faim du pénis” est acquise par le développement de la relation amoureuse. Elle est la composante féminine d’un désir commun dans la caresse intérieure : la faim du pénis.

<<le désir féminin s’éprouve comme une sensation de vacuité et un besoin d’être pénétrée; le corps creux aspire à la réplétion; c’est la faim de pénis. (Leleu, Le traité des caresses, p. 241)>>.

(b) Ce désir n’est pas spontané. Il apparaît avec un certain niveau de satisfaction du désir primaire . Il suppose un certain régime du désir . Le désir féminin suppose un désir masculin comme son complémentaire. Tous deux n’apparaissent qu’avec le régime de satiété dans le monde de l’amour . C’est alors et alors seulement que le geste privé est en harmonie avec les conditions matérielles de la reproduction de l’espèce. Car si le désir s’origine dans la pulsion, il s’élabore à partir d’elle. C’est le même désir élaboré qui donne l’ amour séraphique et toutes les sublimations culturelles ou esthétiques.

<<La caresse intérieure est le point de convergence des pulsions instinctives des deux moitiés de l’humanité. (Leleu, Le traité des caresses, p. 242)>>.

Voir Désir constant . Désir qui n’en finit pas . Comme l’écrivait Pierre Corneille . Saturation. Régime de satiété . Bloemardinne . Marguerite Porète .

Désir incertain . (a) Le désir incertain est une forme très atténuée du désir sexuel de l’homme ou de la femme.

Le désir incertain s’oppose au désir constant de la relation amoureuse .
Il n’est pas la rencontre de deux désirs dans une relation sexuelle toute neuve.
Ce n’est pas, non plus, le désir de deux adolescents timides.
Le désir incertain se rencontre surtout dans le mariage (ou le concubinage notoire).
Le désir incertain attire les corps pleins autant qu’il les sépare avec ses obligations.

(b) Le désir incertain est un désir sexuel . Il rentre en conflit avec:

des obligations sociales (obligation de se lever tôt le lendemain matin),
des besoins biologiques (besoin d’un sommeil récupérateur),
des us et coutumes (faire l’amour le soir),
des interdits (ne pas faire l’amour l’après-midi),
des contraintes (présence ou proximité des enfants),
des influences diffuses (présence réprobatrice amicale ou parentale, réelle ou imaginaire),
des précédents non-satisfaisants (panne ou blocage),
des obligations sexuelles sans véritable fondement (terrorisme de l’orgasme , performance)
des non-dits (conflits cachés ou non résolus),
le désir esthétique de l’homme ou celui de la femme,
des désirs de dérivation (gastronomie, alcoolisme mondain),
des désirs sublimés (lectures romantiques),
des rêves (prince charmant, super woman),
d’autres projets (tirer des plans sur la comète du futur pavillon de banlieue),
d’autres occupations (regarder la télévision),
le stress de la vie moderne (sur-occupation, anxiété),
la cuirasse de dureté que le salarié endosse pour le monde du travail ,
une certaine usure du temps (impression trompeuse de n’avoir plus rien à découvrir par manque de curiosité et de résolution mathématique ) et
le manque de dialogue dans le couple (absence d’ amour réel).

Voir Désir mutuel . Désir mutuel cumulatif . Désir passionnel .

Désir masculin , (/désir primaire). (a) On présente le désir masculin comme une tension. Or la tension des tissus de la verge n’est pas tout-à-fait identique avec le désir tendu. Loin d’un déterminisme géométrique, le désir masculin est la composante masculine d’un désir commun dans la caresse intérieure : la faim du vagin.

<<Le désir masculin, à l’inverse, se ressent comme une tension lancinante, un besoin impérieux de pénétrer; c’est la faim de vagin. La caresse intérieure est le point de convergence des pulsions instinctives des deux moitiés de l’humanité. (Leleu, Le traité des caresses, pp. 241-242)>>.

(b) Ce désir n’est pas spontané. Il est acquis par des expériences précédentes satisfaisantes. Il apparaît avec un certain niveau de satisfaction du désir primaire . Il suppose un certain régime du désir . Le désir masculin suppose un désir féminin comme son complémentaire. Tous deux n’apparaissent qu’avec le régime de saturation dans le monde de l’amour .

Théma Thématique, Erotisme.

Voir Désir constant . Désir qui n’en finit pas . Comme l’écrivait Pierre Corneille .

Désir microscopique . (a) Le désir microscopique est situé et actif à un niveau d’organisation inférieur à celui de l’ individu. Il précède donc le théâtre des personnages (Oedipe, Jocaste, Laios) ou le spectacle socia l de la structure oedipienne de l ’inconscient selon Freud.

(b) Le processus de maturation biologique supposé par la succession des stades (oral, anal, phallique, génital) n’est jamais achevé. Les structures et les organisations pré-oedipiennes, étudiées par Sigmund Freud et par Mélanie Klein , restent au coeur de l’ inconscient du désir . Les pulsions partielles et les machines désirantes sont toujours à l’oeuvre pour que l’individu existe et se reproduise tout au long de sa vie. Cela se fait malgré la permanence de la pulsion de mort .

(c) Même les pulsions du moi ne peuvent réussir le totalisation ni l’unification de l’individu. L’ individu citadelle n’est qu’une illusion visuelle de la silhouette et de la peau d’inscription . Seul le corps virtuel peut produire ou garder l’ espoir sans lequel il n’y pas plus de vie réelle.

Voir Oedipe. Complexe d’Oedipe . Après l’orage .

Désir mutuel , texte. (a) Le désir mutuel ne naît pas de la seule rencontre, accidentelle ou socialement déterminée (Pierre Bourdieu), de deux désirs individuels. Le désir individuel est la relation d’un sujet vers un objet sexuel.

(b) Le désir mutuel apparaît lorsque deux désirs individuels, consolidés par la réciprocité, la satisfaction conjointe et la confiance mutuelle , sont transformés et dépassés par l’ amour. L’amour apporte, outre les plaisirs du désir, le réconfort de la tendresse. Mais l’amour n’a pas le monopole de la tendresse.

(c) La tendresse intemporelle transforme deux désirs en un désir mutuel. Le désir mutuel est autant tourné vers le plaisir donné que vers le plaisir reçu. Le plaisir reçu suppose le oui de l’ approbation.

(d) Le plaisir pris (domination du mâle dominant ), plaisir suivi d’un déplaisir, est totalement exclu par la contrainte de réciprocité et de mutualité.

Théma Thématique, Erotisme.

Voir Désir mutuel cumulatif . Souffrance . Désir et souffrance .

Désir mutuel cumulatif , texte. Le désir mutuel cumulatif (amour heureux) ne doit pas être confondu avec le désir passionnel (amour malheureux). Le désir mutuel a les propriétés cumulatives d’un cercle vertueux :

(1) Le désir mutuel accroît la fréquence et amplifie les désirs individuels.

(2) La tendresse prend le relais des désirs quand leur satisfaction entraîne le déplaisir.

(3) Il arrive que les marques et gestes de tendresse des amants stimulent ou réveillent les désirs. C’est ainsi que (2) provoque et renforce (1).

(4) Grâce à (3), le désir mutuel augmente la fréquence des rapports sexuels amoureux et les occasions de satisfaction des désirs individuels. Le désir mutuel renforce les deux désirs individuels (désir masculin et désir féminin ) qui le sous-tendent.

(5) Grâce à (4), les amants ne vivent plus des instants de plaisir dans un parcours de travail, d’ennui et de déplaisir. Une alternance de désir et de tendresse donne la quasi-continuité du désir tendre , très élaboré à partir du désir primaire .

(6) Grâce à (5), le désir mutuel et le désir tendre rendent superflus les marchandages de la synchronisation des désirs individuels. La confiance et la tendresse sont renforcées.

Théma Thématique, Erotisme.

Voir Caresses données . Caresses acceptées . Caresses partagées . Deux désirs .

Désir passionnel , texte. (a) Le désir passionnel (ou amour malheureux) est poussé par les pulsions de mort . Ce désir de totalité est le refus de toute altérité et de toute différence.

(b) Le désir passionnel est un désir primaire (non élaboré) et régressif (tourné vers le passé). Il cherche à retrouver et à reproduire l’état de fusion de l’ embryon et du corps de la femme gravide (future mère).

(c) Il ne peut se confondre avec le désir mutuel cumulatif (amour heureux) dans lequel le désir est d’autant plus élaboré qu’il est relayé par la tendresse.

Voir Deux désirs . Étreinte. Étreinte mortelle . Étreinte affective .

Désir primaire . (a) Le désir primaire est la forme initiale du désir. Rien n’oblige à ce qu’il soit aussi sa forme finale. Il se manifeste comme une pulsion de vie instinctive, tant qu’il ne se mêle pas à la tendresse. Rien n’oblige non plus en s’en sentir coupable ni à imaginer une faute (péché originel ), une chute (docétisme) ou une damnation.

(b) Pour l’homme comme pour la femme, le désir primaire est un désir tendu . Mais il ne sait pas vers quoi il est tendu. D’où la multiplicité des objets possibles. Freud parle, à propos de l’enfant, de désir pervers polymorphe. C’est lui qui tend l’individu vers l’obtention de l’ orgasme, comme vers l’atteinte d’une cible par les flèches d’ Éros.

(c) Le désir primaire, aveugle, s’oppose tant au désir masculin qu’au désir féminin qui sont des désirs élaborés, différenciés et complémentaires.

(d) Il en est du désir et de sa satisfaction comme de la compétence en ski ou à bicyclette. Le plaisir pris est fonction du désir que l’on en a, mais aussi de la tranquillité et de la confiance avec lesquelles on aborde l’exercice. Le désir primaire est d’autant plus présent que le désir est dans un régime de pénurie . Ça presse, ça fait du bien par où ça passe, ça soulage, ça dégage, mais sans plus. C’est là que le déplaisir fait immanquablement suite au plaisir comme les courbatures au décrassage sportif.

Théma Thématique, Erotisme.

Voir Modèle de la cible . Hypothétiques ancêtres féminins . Hypothétiques ancêtres masculins . Régime du désir .

Auteur

Hubert Houdoy

Créé le 14 Décembre 1998

Modifié le 28 Juillet 1999

Suite

Glossaire Détaillé, Lettre D, numéro 12

Lettre E

Glossaire Détaillé, Lettre E, numéro 01

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Mise à jour: 16/07/2003