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Glossaire
Détaillé, Lettre P, numéro 26
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Glossaire Détaillé, Lettre P, numéro
25
Potentiel normal de la
reproduction . texte. Terme
d’économie marxiste.
(a) Le
<<potentiel normal de la reproduction>> est utilisé par
Karl Marx dans le Livre III du Capital pour
définir la valeur marchande ou normale des produits
par l’égalité entre le besoin social
(pour une catégorie de marchandises) avec le quantum de temps
de travail consacré à la production des dites
marchandises. Ce quantum étant pris dans le temps de travail
dont la société dispose .
(b) A moins de faire
confiance à une énigmatique loi de reproduction
automatique de la société , fantasme commun à
toutes les théories économiques qui se veulent normalisatrices,
le potentiel normal de la reproduction est obligatoirement une norme que
l’économiste en chambre ou le planificateur central du Gosplan
est obligé (hypothèse méthodologique de
reproduction ) ou ravi (paranoïaque “Génie des
Carpates”, dictature du prolétariat) de sortir de son chapeau.
Voir La norme n’est pas normale . Le
normal est normatif . Le normatif est dominant
.
Normalement. Normalisation.
Normalité. Normalité comme
soumission . Norme. Norme
culturelle . Norme excluante . Norme
naturelle .
Potlatch. texte. Forme paradoxale du don. Le
potlatch est une forme de sacrifice de biens
préalablement accumulés ou reçus.
(a) Le mot
"potlatch" vient du langage chinook (un peuple indien de la côte
nord-ouest de l’Amérique du Nord). Son sens initial est "action
de donner".
(b) Pour les ethnologues américains ce terme
réfère à des cérémonies ostentatoires et
dispendieuses. Le potlatch en est venu à désigner une forme de
lutte par le don et le contre don. C’est une vision,
économiquement orientée, des festivités, des
déclarations publiques, des distributions et des destructions de biens
particulièrement observées chez les Kwakiutl, les Tlinglit, les
Salish, les Haida, les Tsimshian, les Nootkans ou encore les Chuckebee au
nord-ouest de l'Amérique. Les dons et les contre-dons ont
été traduits comme une forme de taux
d’intérêt , sans monnaie mais
usuraire.
(c) Les interprétations de ces
cérémonies (Franz Boas , 1897; Ruth Benedict,
1934) ont influencé l’anthropologie sociale. Elles ont
donné la théorie de la réciprocité de Marcel Mauss
(1924), la théorie des valeurs culturelles de Ruth Benedict, les
travaux structuralistes de Claude Lévi-Strauss (1958)
et “La Part Maudite ” de Georges
Bataille .
(d) Révisions ultérieures. En fait,
le potlatch agonistique n’est qu’une
variété de potlatch. Une étude plus approfondie (Barnett,
1938, 1964; P. Drucker et R. F. Heizer, 1967) montre que le potlatch ne donne
pas le statut. Il le sanctionne. Il marque le prestige. Il est alors possible
de rapprocher cette pratique de toutes les formes de luxe et de
l’affectation de ressources pourtant utiles à des biens
de luxe .
Voir Retable.
Enluminure. Tapisserie.
Joute. Ballet.
Pour le
Roi de Prusse . (a) Travailler ou combattre pour le Roi de Prusse
c’est l’amer constat de celui qui voit le roi de Prusse tirer les
marrons du feu quand c’est lui qui a enduré toutes les douleurs
du fer et des flammes.
(b) Le roi de Prusse. En 1700, par le
traité de la couronne (16 novembre) l’empereur du Saint
Empire romain germanique, endetté et dépendant, autorise le
couronnement (le 18 janvier 1701 à Königsberg) de
Frédéric, alors électeur de Brandebourg, comme roi
“en” Prusse. Très vite, les documents officiels parleront
du roi “de” Prusse.
(b) L’expression
<<travailler pour le roi de Prusse>> remonte à la longue
Guerre de Succession d’Autriche (1740-1748) ouverte à la mort de
l’empereur Charles VI. La pragmatique sanction de 1713 accordait
pourtant la succession à sa fille Marie-Thérèse. La
France a reconnu cette succession. D’autres accords donnent à
l’Électeur de Bavière Charles-Albert, au roi
d’Espagne Philippe V et au roi de Sardaigne Charles-Emmanuel des
droits à la succession. Dans cet imbroglio, le roi de Prusse
Frédéric II en profite pour faire reconnaître et
élargir son royaume aux dépends du Saint Empire romain
germanique. Frédéric II conquiert la Silésie puis
abandonne les combats et ses alliés en juillet 1742.
(c)
Grâce à la France, qui avait conquis la Bohême,
l’Électeur de Bavière devient l’empereur
Charles VII en 1742. Quand Charles VII meurt, en janvier 1745, le nouvel
Électeur de Bavière traite avec Marie-Thérèse. Son
mari, François de Lorraine, est élu empereur en juin 1745. Il
prend le nom de François I er.
(d) La France continue ses
combats (Fontenoy, 1745, Maestricht, 1748). A la paix d’Aix-la-Chapelle
(octobre-novembre 1748), la France renonce à toutes ses
conquêtes: les Pays-Bas, la Savoie, le comté de Nice.
Louis XV, en voulant <<traiter en roi et non pas en
marchand>> avait <<travaillé pour le roi de Prusse>>.
(e) L’empereur d’Allemagne. Le 18 janvier 1871,
à Versailles, Guillaume I er (1861-1888), “roi de
Prusse” devient aussi “empereur d’Allemagne”. Ainsi se
réalise le rêve de Bismarck.
Pour
quoi . texte. (a) Le “pour
quoi” n’est distingué du comment
qu’avec l’intelligence réflexive. Cela suppose un
dépassement de la causalité
magico-phénoméniste du niveau
sensori-moteur par lequel est passé le développement
cognitif et affectif de l’enfant que nous fûmes. En effet,
l’ habitude, à laquelle se
réfèrent trop souvent les mobiles des organisations, n’est
pas une intelligence réflexive. Elle reste une intelligence
sensori-motrice . Elle n’opère pas de dissociation entre
la fin et les moyens, le pour quoi et le comment.
(b) Le “pour
quoi” ou le but n’existe, à proprement parler, que par sa
distinction d’avec le comment. Cela suppose l’émergence
préalable d’un problème à
résoudre, sans encore savoir comment. L’ignorance culturelle des
problèmes, tout comme le refus de faire de la
sémantique ou l ’ignorance culturelle de la
peur , fabriquent une représentation
sociale du décideur néfaste à la
prise réelle de décision.
(c) Le
mépris organisationnel des problèmes et des “gens à
problèmes” vient d’une connotation
parfaitement fondée. L’enfant ne réussit à
distinguer le but et le moyen, la question du comment et sa réponse par
la conception d’un outil, que lorsqu’il est
capable de se distinguer (moi) de sa mère (nourrice).
Celle-ci apportait les solutions (le sein nourricier) avant qu’il ne se
pose la question du quoi (sensation de la faim), du quand
(temps, acquisition de la notion de temps ), du comment
(victuailles), du pourquoi (survie). Dans
l’ adualisme initial ou le
syncrétisme infantile, le nourrisson n’a que la
perception d’un déplaisir (les pleurs de la
faim). Après le traumatisme de la naissance , il lui
faudra supporter le choc du sevrage qui provoque le
besoin de reconnaissance et la joute pour la
reconnaissance .
(d) La connotation a donc un
fondement solide. Mais l’ attitude
méprisante n’a pas de pertinence dans un monde
de complexité. C’est parce que la
division politique du travail implique un refus de
reconnaissance des producteurs par les puissants que les
problèmes ne sont bons que pour les devoirs de mathématiques. Ce
qui n’est pas propice à leur solution, dans la
réalité concrète . Cette mythologie
décisionnelle perpétue les bifurcations non
perçues dans nos organisations chaotiques.
(d)
Dans une organisation apprenante , qui ne peut plus
s’accrocher à sa hiérarchie
auto-reproductible comme à une machine
génératrice de mobiles définitivement
adaptés, le pour quoi, les buts, doivent faire l’objet d’un
dialogue interne qui, sans remettre en cause la nécessité
d’une organisation (pas forcément la
domination), assurera la percolation des
émotions sans laquelle il ne peut y avoir de
motivation individuelle .
Voir
Résolution des problèmes .
Résolution mathématique .
Résolution psychologique . Stade du
miroir . Douteur.
Texte Du choc du sevrage à l’ouverture de
l’amour. Les Mobiles et les Motivations.
La Défiance et le Refoulement.
Pouvoir. (A) Tout pouvoir est le
résultat d’une hiérarchie dans la
société, d’une violence symbolique entre
les hommes et d’une division politique du travail .
(a) Le pouvoir désigne l’autorité, la puissance ou
le gouvernement d'un pays. C’est en quoi la politique
peut se définir comme la lutte pour la conquête puis pour
l’exercice prolongé du pouvoir.
(b) Le pouvoir est un
crédit de confiance, une marge d’influence, une
possibilité d'action dont on dispose par les fonctions que l’on
occupe. C’est ainsi que Cambyse II fit condamner le
juge Sisamnès pour avoir abusé de son pouvoir afin de
s’enrichir. C’était il y a très longtemps.
(c) Un pouvoir est un mandat ou une procuration que l’on donne
à une personne pour qu’elle nous représente et agisse en
notre nom (par exemple voter) pendant notre absence.
(d) Le pouvoir est
une propriété d'une substance (l’opium a une vertu
dormitive ou le pouvoir de faire dormir) ou d'un instrument (la matraque a un
pouvoir contondant). On mesure le pouvoir de pénétration
d’une aile dans la masse d’air
par sa finesse.
(e) Un pouvoir (dont le type est
à préciser par un qualificatif) désigne l’ensemble
des personnes investies d'une certaine autorité. Le pouvoir
législatif (Parlement) se distingue du pouvoir exécutif
(Gouvernement) comme du pouvoir judiciaire (Tribunaux). En France, le pouvoir
temporel (dans le siècle et sur les corps) est distinct du pouvoir
spirituel (hors du temps et sur les âmes) depuis le
Concordat de 1801. Celui-ci introduit le principe de la
séparation des Églises et de l’État.
(B) Il
n’y a pas de lieu social dans lequel un pouvoir de
faire pourrait être supérieur à celui (faible mais
réel) que chacun peut ressentir en lui. Dans un monde de
positions , la chaîne hiérarchique des
positions donne l’illusion que la position
supérieure donne le maximum de pouvoir de faire. En fait, elle donne le
maximum de pouvoir d’empêcher. Les
micro-décisions de chaque individu, en chaque instant
de notre vie, sont les seules détentrices du vrai pouvoir.
Voir
Lieu social masculin . Domination masculine
. Domination comme principe . Le Jugement de
Cambyse . Gérard David . Habeas
corpus .
Pouvoir créateur , texte. C’est bien la question du pouvoir
créateur (d’où viennent les enfants,
d’où vient le monde) qui est à la base de
l’organisation selon les trois ordres politiques. Il y a la question
infantile (d’où viennent les enfants?) à laquelle chacun
doit répondre et la question adulte (d’où vient le monde?)
à laquelle répondent les prêtres, seuls détenteurs
de la vérité.
Voir Illusion ethnique . Adam.
Eve. Arbre de la connaissance .
Péché originel . Pomme d’Adam et
Eve . Pomme d’Adam . Pommes
d’Or . Pépins. Goûter le
fruit de l’arbre de la connaissance . Paradis
Terrestre . Jardin des Hespérides .
Cueillir les Pommes d’Or au Jardin des
Hespérides . Héraclès.
Alcmène. Danaé. Vierge
Marie . Immaculée Conception .
Productivité masculine absolue .
Productivité naturelle relative .
Pouvoir d’achat de la monnaie . (a) Le
pouvoir d’achat de la monnaie est la capacité que donne la
monnaie d’acheter un plus ou moins grand nombre de
marchandises (biens ou services).
(b) Le droit
d’émettre monnaie est réservé à
quelques-uns, Banque Centrale et système bancaire.
(c) Mais
personne n’a le pouvoir de donner à la monnaie son pouvoir
d’achat.
(d) Si la monnaie est trop abondante par rapport aux
richesses produites et échangées, la monnaie perd sa valeur, son
pouvoir d’achat. C’est la définition de l’
inflation ou de la hausse chronique des prix.
Voir
Création monétaire . Multiplicateur de
Crédit .
Pouvoir masculin , texte. (a) Avec la prohibition de l’inceste, un
pouvoir masculin se dessine. La circulation des femmes entre
les groupes fait des femmes des produits mobiles et des hommes les pivots
fixes des groupes locaux. Car la prohibition de l’inceste organise un
échange de femmes entre hommes .
(b)
C’est une homosexualité masculine qui organise le commerce
d’une hétérosexualité productive. Et l’on
retrouve, dans le mythe d’ Oedipe l’
homosexualité de Laïos .
Voir
Phallus. Un seul sexe . Deux
sexes . Productivité masculine absolue .
Productivité naturelle relative .
Texte Domination masculine.
Pouvoir
sur les hommes , texte. Dans le monde des
trois ordres, la question du pouvoir sur les hommes est identique à
celle du pouvoir de création pure.
On est toujours dans la série. Une logique
de domination qui produit des échelles
hiérarchiques comme des lignes de succession
(filiation).
Voir Pouvoir
créateur . Hiérarchie
auto-reproductible . Relation hiérarchique .
Chaîne hiérarchique . Domination comme
principe . Principe organisateur .
Texte Domination masculine.
Pouvoir
totalisant . (a) Il n’y a pas de lieu de pouvoir. Nous voulons
dire par là qu’il n’y a pas de lieu dans la
société ni dans la chaîne
hiérarchique où le pouvoir de faire de l’individu
serait supérieur à celui de tout un chacun. Par contre, tous les
individus ne sont pas autant motivés à faire ni à assumer
les risques de leurs actions ou de leurs opinions.
(b) Par contre il
existe une opportunité d’empêcher voire de faire souffrir.
Il existe aussi des lieux où cette opportunité est plus forte
qu’ailleurs. Il serait difficile de l’appeler <pouvoir>. Les
termes d’<impuissance> et de <contagion d’impuissance>
seraient sûrement plus appropriés.
(c) Un film comme
“La liste de Schindler” montre bien, par la confrontation entre
l’officier SS Amon et le dignitaire nazi Schindler lequel des deux
dispose d’une véritable personnalité et
lequel en est presque totalement dénué.
(d)
L’appareil totalitaire est justement celui qui fournit
une colonne vertébrale artificielle à ceux qui n’en ont
pas. Cette hiérarchie des paralysies est ce qui constitue les
totalités et leur considérable inertie. Il
n’est qu’à penser au pouvoir totalisant de Joseph Staline
et à l’opportunité qu’il a eu de bloquer le
mouvement imaginatif de plusieurs millions d’hommes. C’est ce que
l’on peut appeler, par dérision, le pouvoir totalisant.
Voir Relation père-fils . Relation
Père-Fils .
Praguerie. texte. (a) Le terme de <Praguerie>
désigne une révolte féodale, en France, contre le roi
Charles VII. Il fait référence à la récente
révolte de Jan Huss (excommunié en 1412) et des partisans
hussittes, à Prague et au mont Thabor, contre l’empereur
Sigismond (1419-1436).
(b) En 1440 et 1441, la Praguerie
française fut provoquée par l’initialisation d’une
réforme militaire (cavalerie, infanterie, francs archers, artillerie)
dans un mouvement de centralisation monarchique rendu nécessaire par la
Guerre de Cent Ans.
(c) Autour d’Alexandre, bâtard de
Bourbon, la noblesse française constitua une ligue. Il
s’agissait de remplacer le roi par le Dauphin, le futur Louis XI, alors
âgé de seize ans. Charles I er, duc de Bourbon, Dunois, Jean II,
duc d’Alençon, Jean IV d’Armagnac, Jean V de
Bretagne, La Trémoille, Louis de Bourbon et René d’Anjou,
comte de Provence, et leurs vassaux, furent les acteurs de
cette révolte. Après la défaite des conjurés, le
bâtard fut cousu dans un sac et jeté dans l’Aube.
Exilé en Dauphiné, le dauphin mènera une vie
d’aventures avec le sinistre Sire de Crussolles.
(d) En Forez,
Saint-Haon-le-Châtel et Cleppé
gardent le souvenir de cette révolte ou de ses suites.
(e) Dans
l’ensemble du royaume, la réconciliation des principaux
protagonistes dissuadera définitivement la petite noblesse de jouer aux
jeux, très ambigus, pratiqués dans la Cour des Grands.
Voir Bourbonnais. Comtes de Forez .
Texte Le Forez en définitions. Seigneurs et Marchands.
Auteur
Créé le 23 Juillet 1999
Modifié le 13 Novembre 1999
Suite
Glossaire Détaillé, Lettre P, numéro
27
Lettre
Q
Glossaire
Détaillé, Lettre Q, numéro 01
Fax: 04 77 96 03 09