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Glossaire Détaillé, Lettre P, numéro 32

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Glossaire Détaillé, Lettre P, numéro 31

Principe de réalité , texte. (a) Terme de psychanalyse.

• <<Associé au principe de plaisir , est, en fait, la modification seconde. En effet, c’est lorsque le sujet abandonne la recherche de satisfactions hallucinatoires de son désir qu’il retrouve, au prix d’un désagrément éventuel, la réalité qui, à son tour fonctionne comme principe régulateur de l’ appareil psychique . Freud écrit: <C’est seulement le défaut persistant de la satisfaction attendue, la déception, qui a entraîné l’abandon de cette tentative de satisfaction par le moyen de l’hallucination. A sa place, l’appareil psychique dut se résoudre à représenter l’état réel du monde extérieur et à rechercher une modification réelle. Par là un nouveau principe de l’activité psychique était introduit: ce qui était représenté, ce n’était plus ce qui était agréable, mais ce qui était réel, même si cela devait être désagréable. (Fédida, p. 209)>>.
  

(b) Le principe de réalité est la prise en compte de l'occurrence du déplaisir après le plaisir libératoire de la satisfaction du désir.

(c) Le principe de réalité est l’ acceptation du déplaisir comme conséquence de celle du plaisir.

Voir Orgasme. Désir tendu . Tendre. Désir. Acceptation. Cyrano. Cyrano de Bergerac . Acceptation du désir . Murmures d’acceptation . Esclave du désir .

Principe de séparabilité , (=Bernard d’Espagnat), texte. Terme de physique quantique.

• <<Pour, justement, pouvoir respecter notre exigence de précision nous allons fixer les idées en considérant un instrument de mesure F adapté à la mesure d’une grandeur physique A sur des particules d’un certain type (nous n’avons pas besoin de faire ici une hypothèse sur la nature “réelle” (corpuscule, train d’ondes ou les deux) de l’objet que, pour nous conformer aux conventions habituelles, nous nommons ici “particule”).
  

Supposons que F soit très éloigné de tout autre objet macroscopique mais que, à grande distance de F, se trouve une “source” S de particules du type en question, c’est-à-dire un dispositif qui génère et propulse dans l’espace de telles particules. Supposons qu’à un certain instant F enregistre le passage d’une particule provenant de S, particule que, dorénavant nous noterons U. Et supposons enfin que F enregistre simultanément un nombre réel a1, dit “résultat de la mesure effectuée par F de la grandeur physique A relative à U”. Nous n’excluons pas la possibilité que, concurremment avec U, la source S émette d’autres particules, éventuellement dans “d’autres directions” (cette expression est mise ici entre guillemets pour signifier que n’est pas faite l’hypothèse d’une existence en soi des directions de propagation). Nous n’excluons pas davantage la possibilité que telle de ces particules (appelons-là V) interagisse avec quelqu’autre instrument de mesure (appelons-le G) distant à la fois de F et de S, lequel mesure sur V une grandeur physique que nous pouvons appeler B avec comme résultat de cette mesure le nombre b1. De fait nous nous plaçons même dans le cas où ces hypothèses sont réalisées. Enfin, dernière précision mais qui est nécessaire, nous supposons que F et G sont orientables, nous repérons leurs orientations respectives par deux vecteurs a et b et nous supposons que la nature de chacune des grandeurs physiques A et B effectivement mesurées par l’appareil correspondant dépend de l’orientation, a ou b ce celui-ci.

Ayant ainsi spécifié la nature du dispositif expérimental considéré nous pouvons commencer à réfléchir à son sujet. Notons d’abord une chose bien évidente, qui est que quiconque ne connaît pas l’état de la source S à l’instant de l’émission de U ne peut prédire avec certitude quel sera le résultat a1 de la mesure de A par F. Il ne peut à ce sujet qu’indiquer des probabilités. En va-t-il différemment si cette personne connaît (pure hypothèse d’école) l’état objectif s1 de S à cet instant? Pas nécessairement car nous n’avons pas postulé le déterminisme. Afin de préserver une suffisante généralité nous considérerons donc la probabilité intrinsèque p pour que F fournisse tel ou tel résultat de mesure quand l’état objectif l de la source S est complètement fixé (ainsi que a1 bien entendu).

Pour l’essentiel le “principe de séparabilité” consiste à affirmer que la valeur de ce nombre p ne dépend pas, ou ne dépend que très faiblement, de l’orientation b que l’expérimentateur (lointain) qui manipule l’instrument G peut choisir de donner à celui-ci (pour éviter toute ambiguïté on peut se placer dans le cas où cet expérimentateur est libre de fixer à son gré, immédiatement avant la mesure, l’orientation en question), et que, de même, la valeur de p ne dépend pas, ou ne dépend que très faiblement, du résultat de mesure alors fourni par G. Dans une théorie déterministe p vaut “normalement” (c’est-à-dire si l’instrument est fiable) un ou zéro. Dans une théorie comportant un indéterminisme intrinsèque p est compris entre ces deux valeurs. (Une incertaine réalité, Gauthier-Villars, 1985, p. 107)>>.

Principe dialogique , (= Edgar Morin), texte. (a) Le principe dialogique exprime la possibilité d’une concourance. Il s’agit de l’union de la différence et de la complémentarité.

(b) Contrairement aux conséquences exclusives (“de deux choses l’une”) généralement tirées des oppositions binaires de termes, le principe dialogique exprime la possibilité ou la restauration de la complémentarité des choses détruite par les oppositions paradigmatiques .

• Que le mot <homme> s’oppose au mot <femme> dans la catégorie <genre> n’oblige pas l’homme à s’opposer à la femme dans tous les domaines.
  
• Que <haut> s’oppose radicalement à <bas>, n’empêche pas un objet d’être plus haut que l’un et plus bas que l’autre dans un triplet.
  

-<<Le principe dialogique rend compte de la dualité au sein de l’unité. Il associe deux termes à la fois antagonistes et complémentaires. Ainsi l’ordre et le désordre s’opposent mais aucun des deux n’exclut l’autre... Pour traduire cette concomitance de l’antagonisme et de la complémentarité, Ilya Prigogine utilise les mots de concurrence et de concourance: dans l’entreprise, le gestionnaire et l’innovateur sont en concurrence pour l’allocation des ressources, mais tous deux concourent à la survie l’un de l’autre (p. 40)>>.

Principe général . Point commun à toute une dynastie de produits (tous les ordinateurs, tous les réfrigérateurs).

(a) Le principe général est la définition minimale d’un produit qui fait qu’un avion n’est pas une automobile ou qu’un contrat d’assurance n’est pas une consultation médicale.

(b) Le principe général d’un produit est hérité par toute la dynastie des produits qui satisfont à ce principe général. Malgré leurs différences, tous les contrats d’assurances satisfont au principe général d’un contrat d’assurance.

(c) Ce principe général est défini en termes très généraux et très abstraits. Au sein de la dynastie, des branches satisferont à ce principe général selon des modalités particulières.

Voir Famille de produits . Dynastie de familles .

Théma Thématique des Produits en Conception.

Principe hologrammatique , (= Edgar Morin), texte. Le principe hologrammatique exprime la non séparabilité des parties et du tout.

• <<Le principe hologrammatique s’inscrit dans l’esprit du paradoxe de Pascal qui déclare ne pas pouvoir concevoir le tout sans connaître ses parties et réciproquement, mais il le dépasse: le tout est à la fois plus et moins que la somme des parties... En conséquence, comme le rappelle Dominique Genelot: seront considérées comme également vaines les démarches exclusivement individualisées et les démarches exclusivement globales et statistiques (p. 42)>>.
  

Voir Présupposition réciproque . Culture sans nature . Solidarité. Solidarité de la culture avec la nature . Solidarité de la matière et de l’information . Solidarité nature-culture . Activité. Pôle du travail . Pôle de l’amour . Monde du travail . Monde de l’amour .

Principe interne . (a) Pour Giordano Bruno , la distinction entre Le Créateu r et La Création n’est pas une relation extérieure ni statique. Dieu n’est pas transcendant. Dieu n’intervient pas du dehors pour mettre de l’ ordre (comme Zeus) et faire une totalité.

• <<Dieu n’est pas une intelligence extérieure faisant tourner d’un mouvement circulaire (l’Univers); car il doit être plus digne de lui d’être principe interne de mouvement qui est la nature propre, l’espèce propre, l’âme propre que possèdent, tous autant qu’ils sont, les êtres qui vivent en son sein et en son corps.>>.
  

(b) En conséquence, pas de création ex nihilo ni de Déluge vengeur ni de Messie ultérieur, comme à regret. L’Unité divine est dynamique, immanente et permanente. Elle n’est pas celle du dieu jaloux de la Bible. Le monde est un. Il est donc substance. Mais il comporte deux aspects liés: Dieu et l’Univers.

• <<Dieu est infini dans l’infini, partout en toutes choses, ni au-dessus ni à l’extérieur mais totalement intime à toutes choses. (Giordano Bruno, “De immenso”, Livre VIII, 1591)>>.
  

(c) Giordano Bruno réfute le modèle de l’artisan, de l’ artefact et du chef-d’oeuvre, au profit d’un “art vivant” de l’infini en acte.

• <<Il n’existe pas d’artisan qui préside d’en haut, et qui de l’extérieur ordonne et façonne.>>.
  
• <<L’art est extérieur à la matière; la nature est à l’intérieur de la matière. (...) La nature agit plus intimement en toutes choses que celles-ci ne sont intimes à elles-mêmes, et elle est principe de l’être, source de toutes les espèces, Esprit, Dieu, Être, Un, Vrai, Destin, Raison, Ordre.>>.
  

Voir Dieu à l’extérieur . Dieu à l’intérieur . Pensée organisatrice . Chaos structurant . Machines désirantes .

Principe simplificateur . (a) La domination est un principe simplificateur. Elle satisfait les attentes de la pensée du même . Elle affirme la possibilité d’une culture.

(b) La domination et la pensée du même sont posées par le même geste fondateur que la culture sans nature ou l’ illusion ethnique . Toutes trois visent à supprimer le chaos primordial de la réalité et à lui substituer un ordre. On supprime le chaos parce qu’il est inintelligible. Mais on ne peut le supprimer de la réalité. Alors on le supprime de notre vision, de notre représentation, de la réalité apparente .

(c) C’est cette vision ordonnée qui constitue notre culture. Sans l’admettre, on se retrouve avec (i) un réel chaotique comme une globalité et (ii) un imaginaire ordonné comme une totalité.

(d) Pour éliminer la diversité des sujets ou des objets, on les réduit à la similitude d’un principe abstrait. C’est la relation hiérarchique produite par la domination comme principe .

Voir Réduction. Abstraction. Abstraction comme réduction . Exclusion.

Théma Paradoxe de la normalité.

Principes fondateurs de la coopération , texte. Les principes fondateurs de la coopération sont les principes des comportements coopératifs ou des attitudes coopératives .

• <<Ces principes trouvent une expression en termes d’attitudes mentales, de croyance et d’intention, et, comme tels, une formalisation logique (p. 312)>>.
  
• Citons: l’ adoption d’intention , la sincérité, la pertinence, l’ ajustement des croyances , réagir aux sollicitations , l’ harmonie avec autrui et la reconnaissance d’intention .
  
• En Théorie des Jeux, voir le principe du donnant-donnant. Il ne s’agit pas d’une harmonie préétablie mais d’une coopération construite sur des apprentissages croisés et des décisions réversibles entre des acteurs aptes à la négociation et la renégociation .
  

Prise de parole , texte. (a) La parole de vérité s’adresse d’abord à soi-même. Le sujet rend dicible, pour lui, ce qui, jusqu’à cet instant, semblait indicible dans son vécu personnel.

(b) La prise de parole est secondaire. Elle va bien au-delà de la parole de vérité. Le sujet s’adresse aux autres, pour être entendu.

(c) La prise de parole suppose la capacité supplémentaire de rendre audible ce qui était, jusqu’alors inaudible parce que refoulé des représentations sociales de la réalité.

Voir Discours audible . Refoulement. Expérience. Atelier d’écriture .

Privilège de décision , texte. (a) Il y a toujours un décalage entre le réel et ses représentations. Mais la décision pose un problème particulier du fait de la division du travail , de la hiérarchie des rôles et de la séparation des statuts.

(b) Nombre de décisions inévitables concernent la division et l’organisation du travail. La division taylorienne du travail crée des occasions de décisions des uns à propos des autres. Il y a opposition entre la théorie qui fait de chaque individu un sujet rationnel opérant des choix ou prenant des décisions et l’ organisation taylorienne qui limite cette possibilité à la catégorie des décideurs officiels.

(c) Ce privilège de la décision est une représentation de l’organisation dans tous les sens du terme. Les décideurs privilégiés sont la représentation officielle de l’organisation. Ils la matérialisent. Ils la concrétisent. Ils peuvent même la personnifier (L’État c’est moi).

Voir Décideur. Spectacle décisionnel . Spectacle social . Domination. Domination comme principe . Hiérarchie. Hiérarchie auto-reproductible . Personnification.

Théma Thématique, Décision.

Prix courant , (/prix moyen), texte. (a) Le prix courant est le prix constaté chaque jour sur le marché.

(b) Les prix courants connaissent des variations. Elles furent longtemps considérées comme cycliques. Pourtant leur apparence n’est pas sinusoïdale.

(c) D’où l’hypothèse de l’existence d’un axe (prix moyen ) et de ressorts de rappel, l’ensemble fonctionnant comme des mécanismes d’équilibration autour d’un prix d’équilibre .

(d) En fait, la nature des variation est plutôt fractale. Leur mouvement est chaotique. Leur source est le chaos.

Voir Pays de nullepart . Modèle du marché équilibré . Modèle du chaos .

Prix d’équilibre , texte. (a) Le prix d’équilibre est le prix qui découle du rapport particulier de l’offre et de la demande.

(b) Par définition, ce prix “satisfait” les acheteurs et les vendeurs. Quand le “prix d’équilibre” est affiché par le commissaire-priseur imaginaire, il devient le prix du marché:

• Les acheteurs qui proposaient un prix égal ou supérieur au prix d’équilibre emportent toutes les marchandises qu’ils demandaient.
  
• Les vendeurs qui proposaient un prix égal ou inférieur au prix d’équilibre écoulent toutes les marchandises produites ou offertes (destockage éventuel).
  
• Les demandeurs qui proposaient un prix plus faible constatent que leur besoin n’est pas solvable. A partir de cet instant, ils ne relèvent plus de la théorie économique classique.
  
• Les offreurs qui demandaient un prix supérieur découvrent que leur technique de production est obsolète. Ils sortent de l’économie de marché.
  

(c) Sémantiquement parlant : La flexibilité des prix assure l’équilibre de chaque marché, par la simple définition des mots prix, équilibre et marché. Le modèle décrit une tautologie.

Voir Modèle de l’équilibre . Modèle du marché équilibré .

Prix de production . texte. Terme d’économie marxiste. (a) Entre la valeur fondamentale qui dépend de la part de la force de travail dont la société dispose qui est affectée à la production de telle catégorie de marchandises et le prix de marché qui reflète un déséquilibre momentané dans la loi de l’offre et de la demande , le prix de production est le prix calculé par le capitaliste d’une branche économique pour réaliser la vente de ses marchandises tout en assurant à son capital une “rémunération” au taux de profit moyen de l’époque et de la formation sociale considérée.

• <<Dans la production capitaliste, il ne s’agit pas seulement de retirer en échange d’une masse de valeurs jetées dans la circulation sous forme de marchandise une masse équivalente sous une autre forme, que ce soit celle de l’argent ou d’une autre marchandise; il s’agit de réaliser, pour le capital engagé dans la production, autant de plus-value ou de profit (proportionnellement à son volume) que tout autre capital de même volume, quelle que soit la branche de la production où il est investi. Il s’agit donc de vendre les marchandises à des prix qui assurent au moins le profit moyen, c’est-à-dire, à des prix de production . (Karl Marx , Livre III du Capital )>>.
  

(b) La rentabilité du capital suppose une péréquation des taux de profit . Elle est, dans son principe, assurée par la concurrence des capitaux qui s’investissent dans telle ou telle entreprise, surtout à partir du développement des sociétés par action, au moment même de la rédaction du Capital de Marx.

(c) Par contre, Marx n’a pas réussi à boucler tous les objectifs de sa théorie. D’où les schémas de transformation du Livre III et les insolubles problèmes de la transformation des valeurs en prix et de la transformation des valeurs en prix de production .

Voir Valeur d’usage . Valeur d’échange . Besoin social .

Texte Plus-Value et Taux de Profit. A la Recherche des Déterminations Économiques de la Valeur.

Auteur

Hubert Houdoy

Créé le 23 Juillet 1999

Modifié le 19 Novembre 1999

Suite

Glossaire Détaillé, Lettre P, numéro 33

Lettre Q

Glossaire Détaillé, Lettre Q, numéro 01

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Mise à jour: 24/12/1999