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Glossaire Détaillé, Lettre A, numéro 04

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Acte manqué , texte. Résultat d'un conflit psychique ou intérieur. Supposons que je sois un décideur, en proie au problème décisionnel suivant:

(a) Je dois prendre le train pour un rendez-vous ou une visite importante.
(b) Je n'ai pas envie d'aller à cette réunion qui promet d'être difficile.

Ma morale, ma fonction et mes règles de vie m'interdisent de ne pas y aller. Alors, mon inconscient choisit une solution qui concilie mes deux attentes:

Je vais à la gare pour prendre le train parce que je suis un homme actif et dynamique.
Je manque l'heure du dernier train, à cause de discussions “imprévues” avec des collaborateurs.

L'acte manqué réalise mes désirs refoulés (ne pas aller au rendez-vous) tout en maintenant le moi-idéal (image du décideur et de l'homme d'action) dont j'ai besoin pour alimenter mon estime et ma motivation.

Voir Univers décisionnel . Lapsus. Univers décisionnel euclidien . Univers décisionnel chaotique . Univers décisionnel du marché .

Acteur, (= Touraine), texte. Du Sujet à l’acteur.

-<<En résumé, l’ identité du Sujet ne peut être construite que par la complémentarité de trois forces: le désir personnel de sauvegarder l’unité de la personnalité, déchirée entre le monde instrumental et le monde communautaire; la lutte collective et personnelle contre les pouvoirs qui transforment la culture en communauté et le travail en marchandise; la reconnaissance, interpersonnelle mais aussi institutionnelle, de l’Autre comme Sujet (p. 107)>>.

Acteur (sémiotique). Unité lexicale représentant une figure autonome.

<<Historiquement le terme d’acteur s’est progressivement substitué à celui de personnage (ou de dramatis persona) dans un plus grand souci de précision et de généralisation (un tapis volant ou une société commerciale, par exemple, sont des acteurs), rendant possible son emploi hors du seul domaine littéraire. Obtenu par des procédures de débrayage et d’ embrayage (qui renvoient directement à l’instance de l’ énonciation), l’acteur est une unité lexicale, de type nominal, qui, inscrite dans le discours, est susceptible de recevoir, au moment de sa manifestation, des investissements de syntaxe narrative de surface et de sémantique discursive . Son contenu sémantique propre semble consister essentiellement dans la présence du sème d’individuation qui le fait apparaître comme une figure autonome de l’univers sémiotique.
L’acteur peut être individuel (Pierre) ou collectif (la foule), figuratif (anthropomorphe ou zoomorphe) ou non figuratif (le destin). L’individuation d’un acteur est souvent marquée par l’attribution d’un nom propre, sans que cela constitue d’ailleurs pour autant la condition de son existence (un rôle thématique quelconque, <le père> par exemple, servira souvent de dénomination d’acteur: l’onomastique, relevant de la sémantique discursive, est ainsi complémentaire de l’ actorialisation (une des procédures de la syntaxe discursive)...
L’acteur dépasse les limites de la phrase et se perpétue, à l’aide d’anaphores, tout au long du discours (ou du moins d’une séquence discursive) conformément au principe d’identité. Il cesse dès lors d’être la variable d’un seul actant invariant, pour assumer successivement des rôles actantiels divers; de même, le discours étant le déroulement de valeurs sémantiques, l’acteur est susceptible de recevoir un ou plusieurs rôles thématiques différents.
On parvient ainsi à une définition plus précise de l’acteur: il est le lieu de convergence et d’investissement des deux composantes syntaxiques et sémantique. Pour être dit acteur, un lexème doit être porteur d’au moins un rôle actantiel et d’au moins un rôle thématique. Ajoutons que l’acteur n’est pas seulement le lieu d’investissement de ces rôles, mais aussi celui de leurs transformations, le discours consistant essentiellement dans un jeu d’ acquisitions et de déperditions successives de valeurs. (Greimas, Courtès, p. 8)>>.

Acteur résolu . L’acteur résolu n’est ni un décideur astreint à un spectacle décisionnel dans une organisation réelle ni un douteur. L’acteur résolu est simplement décidé, résolu à marcher, à vivre sa vie, sans savoir par avance ce qui l’attend. Il ne cherche pas à gravir une échelle sociale pour atteindre une position préalable.

L’acteur résolu fait preuve de résolution psychologique dans son comportement d’ acteur de sa propre vie (indépendance, autonomie). Il fait preuve d’ acuité visuelle et de résolution mathématique dans l’analyse des situations où il se trouve. En effet, la détermination de l’acteur résolu vient de ce qu’il sait ne pas être dans l’ univers décisionnel euclidien d’une table rase , mais dans l’ univers décisionnel chaotique d’un paysage montagneux . Si sa vie peut être un parcours narratif, ce n’est pas parce que tous les chemins mèneraient déjà à Rome. Mais, parce qu’il a une volonté de marcher, il y aura un chemin. Et peu importe la forme chaotique de ce tracé.
L’acteur résolu ne croit ni au déterminisme ni au volontarisme. Ces deux systèmes de pensée ignorent la réalité des détails. L’acteur résolu croit au possibilisme. En chaque instant de son processus fractal du futur , il fait advenir une de ses potentialités personnelles . Il l’ajoute à sa connaissance locale, fragmentaire mais réaliste, de son champ des possibles .

Voir Décidé. Décisif. Décideur. Ignorance culturelle du doute . Doute organisé par le conscient . Douteur inconscient . Douteur. Douteur conscient . Sujet. Résolution mathématique . Résolution psychologique .

Acteurs sociaux , (= Touraine), texte. Chercher à être acteur de sa propre vie a un jour ou l’autre un impact social et politique pour faire reconnaître la légitimité de son projet.

<<La demande de subjectivation est déjà partout présente et active, mais elle est maintenue à un niveau infrapolitique par les effets de la mondialisation de l’économie et par les obstacles que lui opposent les organisations de type politique, partis ou syndicats, héritiers de mouvements sociaux aujourd’hui disparus mais qui conservent une influence politique et idéologique considérable (p. 359)>>.
<<C’est pourquoi la jeunesse, les femmes, les immigrés, les membres de minorités et les défenseurs de l’environnement sont, déjà depuis vingt ans au moins, les acteurs historiques les plus manifestes, au moins dans les sociétés industrialisées; ce sont eux qui s’efforcent le plus consciemment d’agir et d’être reconnus comme des Sujets (p. 359)>>.

Action, (/opérations de la pensée), texte. Dès le niveau sensori-moteur , avant 2 ans, l’enfant est capable d’action, à partir d’une activité spontanée et globale. Tout l’apprentissage consiste en une décentration et une différenciation de ce syncrétisme ou adualisme initial . On passe alors de l’action inconsciente, accidentelle, fortuite et inadaptée à une activité différenciée, élaborée, appropriée voire systématique comme dans le cas de l’industrie.

Action (sémiotique) , Sémiotique. Enchaînement ou articulation d’actes.

<<L’action peut se définir comme une organisation syntagmatique d’ actes, sans que l’on ait à se prononcer sur la nature de cette organisation: suite ordonnée ou stéréotypée, ou programmée par un sujet compétent.
En sémiotique syntagmatique, l’action peut être considérée comme le résultat de la conversion, à un moment donné du parcours génératif, d’un programme narratif (simple ou complexe). Dans le cas d’un programme complexe, les différents programmes narratifs d’usage, qui le composent, correspondent aux actes qui constituent l’action. Cela revient à dire qu’une action est un programme narratif habillé, le sujet y étant représenté par un acteur et le faire converti en procès. (Greimas, Courtès, p. 9)>>.

Action collective , (= Touraine), texte. Loin de s’opposer comme l’ont supposé les idéologies du XIX ème et les pratiques du XX ème siècle, il existe une solidarité de l’action collective et du sujet individuel.

<<Mais cette ouverture et cette reconstruction, ce dépassement de la communauté par la culture et du marché par le travail, supposent l’intervention d’une action collective. Il n’y a pas de construction du Sujet possible en dehors de la référence à une telle action collective. C’est pourquoi le point central de ma réflexion est celui où l’idée de Sujet se lie à celle de mouvement social (p. 102)>>.
<<Le Sujet n’est pas une réflexion de l’individu sur lui-même, l’image idéale de lui-même qu’il dessine dans l’ intimité, dans les replis cachés de son existence sociale; il est une action, un travail. C’est pourquoi il ne coïncide jamais avec l’ expérience individuelle (p. 102)>>.
<<C’est en bas et non plus en haut, dans l’ individuation et non plus dans l’identification, qu’agit et se manifeste le Sujet (p. 103)>>.

Voir Communautarisme.

Théma Thématique de la Totalité.

Texte Organisations Virtuelles.

Action et but , texte. Il existe plusieurs relations possibles entre l’action et le but.

<<Si l’on accepte de définir la coopération comme le processus d’ actions finalisées vers le même résultat, on peut alors ajouter d’autres précisions concernant les deux termes de la définition: les actions et le but. Les actions peuvent être communes ou séparées et la finalisation peut être spontanée (le but est choisi par les sujets) ou bien imposée (Maggi, 1996): lorsque les actions sont communes, cela implique des échanges mutuels, des rapports réciproques et des communications directes entre les sujets. Les deux dimensions de la coopération, l’action et la finalisation, définissent quatre situations de coopération et différentes stratégies des acteurs, selon que l’action est commune ou séparée et que la finalisation est choisie ou imposée (p. 252)>>.

Voir Modèle de la cible . Modèle de l’Artefact . Table rase . Processus Fractal du Futur . Paysage montagneux . Buts des organisations .

Texte Les Secrétaires et la Décision.

Action finalisée , (/ discours clos ), (/ direction légitimée ), texte, dans les sociétés en trois ordres (Clergé, Noblesse, Tiers-Etat), la domination des guerriers sur les travailleurs est masquée.

Le masque de la domination est une action finalisée (projet, but, cible).
Cette action finalisée est tendue vers une direction qui est légitimée par le discours clos des prêtres.
D’où la coupure entre théorie et pratique, qui renforce la coupure du verbe et de la chair . La théorie prétendant précéder et fonder la pratique.

Voir Modèle de la cible . Table rase .

Texte Trois Niveaux d’Organisation

Action organisationnelle , texte. Au niveau du spectacle décisionnel , l’action organisationnelle l’action de l’ organisation réelle considérée comme un seul acteur.

<<La perspective qui considère l’action organisationnelle comme la fixation d’un cadre de dépendance des actions doit être abandonnée au profit d’une perspective en terme de processus, dans laquelle le cadre et les acteurs interagissent et au travers de cette interaction parviennent au résultat. Toute tentative de coordination doit être ramenée à la mise en ordre formalisée provisoire et locale des actions: seule la coopération est le processus qui permet aux acteurs de contrôler la production de leurs actions et d’imaginer, dans le cours de leurs actions, l’ordre le plus satisfaisant (p. 22)>>.
A dire vrai, l’action organisationnelle, comme l’apprentissage du même nom, est plus une métaphore qu’une réalité concrète. Quand nous rentrons dans le détail de la réalisation, nous ne rencontrons que des actions individuelles. Il est alors préférable de parler de politique organisationnelle et de stratégie organisationnelle. Au niveau tactique et concret, nous ne trouvons que des actions individuelles.

Action sous contraintes , texte, mode de coopération lié à la négociation aval .

Action sur les contraintes , texte, mode de coopération commun aux trois situations: négociation amont , r enégociation amont , renégociation aval .

Activisme, texte. Priorité absolue donnée à l’ action même sans réflexion.

Forme primitive de l’ activité spontanée , au niveau sensori-moteur .
Déséquilibre entre l’opérationnel et le conceptuel.
Forme de volontarisme qui traduit un fatalisme inversé.
Prétention de changer le réel sans le connaître.
<<Les entreprises sont obsédées par l’action. Elles accordent un privilège exorbitant à la décision, croyant que tout avance avec elle. Mais une action se prépare, notamment par une écoute réelle de tous les partenaires concernés, s’évalue et, enfin seulement, s’effectue. On mesure aujourd’hui l’importance de cette connaissance qui seule permet ce vrai changement (interview de Michel Crozier).>>
<<Ce que l’on reproche principalement aux patrons, c’est de ne pas pratiquer eux-mêmes le management participatif; d’être trop activistes, trop pressés, d’exiger des résultats concrets quantitatifs; et de ne pas laisser à leurs cadres la liberté de mettre en oeuvre le changement en fonction des contraintes et des opportunités que ceux-ci sont seuls à pouvoir bien apprécier (Michel Crozier, L’entreprise à l’écoute, p. 95)>>.
<<Souvent, il est vrai, on se trouve devant des oppositions de castes, par exemple entre le groupe des cadres supérieurs, qui communiquent avec le sommet, et le groupe des cadres moyens qui, eux, sont tournés vers le bas et se plaignent de ne pas être écoutés (p. 96)>>.
<<Les cercles de qualité suscitent une adhésion presque unanime... Les critiques portent sur la précipitation des responsables, le caractère formaliste et contraignant du modèle qu’ils emploient, le trop grand activisme directorial et l’absence de respect pour les problèmes du terrain, très rarement sur l’objectif ou la méthode elle-même (p. 96)>>. L’activisme ne donne qu’un changement par adaptation. Il aboutit au constat amère que “plus ça change et plus c’est la même chose”.

Voir Table rase . Univers décisionnel euclidien .

Texte L’entreprise à l’écoute. La Prise de Décision comme représentation sociale.

Activité. Nous définissons l’activité de telle manière que l’ensemble de nos activités recouvre la globalité de notre vie.

D’où notre équation: Activités = Travail + Amour (ou affections).
<Activité> est un terme générique plus large que <travail>. Il permet d’englober tous les moyens par lesquels l’individu se construit comme Sujet de sa propre vie. Le sujet se construit en refusant l’aliénation que lui procurent l’ identification à un seul rôle social, la schize du rythme dodo-boulot-métro ou le refuge dans le totalitarisme d’une communauté fusionnelle.

D’où le Réseau d’Activités à Distance, qui, par ses chapitres:

s’efforce d’être plus qu’un site web consacré à un télétravail dont la définition ne serait que technologique (Rapport Breton).

Voir Travail. Amour. Distance. Perfusion de l’appartenance .

Auteur

Hubert Houdoy