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Naissance des Organisations Virtuelles
PlanIntroduction
1. L'émergence d'Internet
2. Les réseaux de travailleurs indépendants
Conclusion
IntroductionAprès avoir décrit l'évolution des formes de la concurrence entre grandes et petites entreprises, nous avons cherché les causes de l'externalisation dans l'échec de la technostructure. Il nous reste à voir comment, sur le terreau fertile d'Internet, sur un fond de chômage de cadres et de diplômés compétents, se développent d'une part des entreprises virtuelles et d'autre part des organisations virtuelles d'actifs indépendants. Ces deux mondes se complètent tout particulièrement dans les secteurs de l'élaboration et de l'utilisation intensive des connaissances. L'apprentissage organisationnel est leur défi commun.
1.
L'émergence d'InternetNous ne reproduirons pas l'historique d'Internet. Nous en avons parlé dans notre conférence à l'Université Coopérative sans Distance du Roannais consacrée aux opportunités de développement local offertes par les nouvelles technologies de la communication et de l'information.
Arpanet, créé par le Département Américain à la Défense, a bientôt été relayé par un vaste réseau majoritairement constitué d'universitaires. L'état d'esprit du Freeware et du Shareware s'y est tout naturellement développé. Et l'on sait l'usage que Netscape a fait des bêta versions de son navigateur pour donner une courbe exponentielle au nombre de ses utilisateurs. On imagine mal une telle politique commerciale chez IBM. Même Microsoft et Apple n'appartiennent pas à la même génération.
Par la suite, les organisations non gouvernementales (ONG) ont vite compris l'intérêt d'un tel outil de communication. C'est à l'occasion de la Conférence Internationale de Rio, consacrée au développement durable, que les ONG ont utilisé la messagerie électronique pour communiquer entre elles et avec leurs militants. La Conférence des Femmes à Pékin a fourni un nouveau champ d'expérimentation. On sait aussi l'usage que la révolte mexicaine a fait d'internet et de son médiatique leader.
L'année 1995 a vu la diffusion d'une nouvelle génération d'ordinateurs familiaux consacrés au multimédia. Pour 10 000 F, ils intégraient un lecteur de Cédérom (quadruple vitesse, s'il vous plaît), le modem, le logiciel et le premier abonnement au fournisseur d'accès. De nombreux sites web se créent cette année-là: nous citerons l'excellent Chroniques de Cybérie. Pendant les Fêtes de Noël, les journaux n'ont parlé que des surfeurs sans foi ni loi du multimédia. Il n'est pas sur que l'image d'Internet, chez ceux qui ne l'utilisent pas, ait fondamentalement changé depuis lors.
La génération suivante des adeptes d'Internet a été constituée par le monde de la publicité. Des revues comme Internet Reporter sont apparues dans les kiosques, avant de se transformer, tout naturellement en sites web. L'expérience de Yahoo et Netscape a fait des émules. De nombreux moteurs de recherche apparaissent sur le marché et quadrillent la Toile. Mais si la fortune publicitaire fait beaucoup d'appelés, il y a moins d'élus. Car la culture Internet, du fait de son origine universitaire puis underground, reste majoritairement une culture de la gratuité du contenu. La recette sera, pour de nombreuses années encore, "beaucoup donner avant d'espérer vendre un peu".
Le développement des serveurs de Curriculum Vitae, dont notre partenaire le Réseau Européen pour l'Emploi, peut être considéré comme l'étape suivante de la généralisation d'Internet. Et nous savons qu'aujourd'hui des recruteurs utilisent essentiellement le R.E.E. pour trouver et contacter des candidats. Des chasseurs de têtes considèrent qu'en publiant leur CV sur un tel site les candidats font la preuve de leur réactivité. Ils témoignent ainsi de leur ouverture aux nouvelles méthodes de prospection, de travail et de recherche d'information. Et c'est ainsi que des sites dédiés à la publication de CV ont reçu des annonces d'offres d'emploi avant même d'avoir prospecté le monde des recruteurs. Dans la même idée, saluons le Cyber Espace, dédié aux jeunes gens à la recherche d'un emploi, créé par la ville de Boulogne. Sur les 12 ordinateurs disponibles pour les jeunes de 18 à 25 ans, six sont connectés à Internet. Nous savons que certains lecteurs trouvent le Réseau d'Activités à Distance par ce Bureau d'Accueil. La reconnaissance de cet usage d'Internet fut l'inauguration officielle par Jacques Chirac dont les media, et tout particulièrement Les Guignols de l'Info, se sont fait l'écho. Et, pour rester dans le chapitre de la bonne humeur, saluons l'initiative de Roger Neukens et du site Cyber Chercheurs (d'emploi à l'Anpe). Il offre aux chômeurs un lieu où prendre une distance humoristique par rapport à la galère et à la course d'obstacle de la recherche d'emploi.
L'étape suivante est celle du télétravail. La France connait un net retard dans ce domaine. Mais les grèves des transport en décembre 1995 ont fortement contribué aux achats de fax, de téléphones mobiles, de modems et même d'ordinateurs multimédia. En quelques jours, des entreprises ont improvisé des télécentres. C'est à cette époque que le président du conseil régional d'Ile-de-France a écrit à de nombreux maires de la région. Il proposait une étude d'opportunité et de faisabilité d'un Bureau de Voisinage. Selon le concept défini par le Catral, il s'agit de réduire les transports inutiles des franciliens en favorisant le télétravail, non pas à domicile, mais dans des bâtiments équipés et gérés sur le modèle des télécottages britanniques. Et c'est en 1996 que fut organisé, à Serre-Chevalier, le premier Festival du Télétravail, avant l'inauguration, du Télespace du Vercors permettant à certains habitants du plateau de ne pas descendre tous les jours à Grenoble pour y travailler.
Mais pour l'instant, et surtout en France, la forme dominante du télétravail reste interne aux entreprises. Nicole Turbé-Suetens, présidente de l'Association Française du Télétravail et Téléactivités, peut témoigner de l'expérience qu'elle a mené pour IBM. L'année 1997 est celle de l'adoption des standards d'internet pour la communication interne des entreprises. D'où l'actuel développement de l'intranet. Il est six fois supérieur à celui d'Internet. Curieusement, si la limitation d'internet au seul personnel d'une entreprise donne l'intranet, l'ouverture d'intranet à l'extérieur de l'entreprise, clients et fournisseurs, ne redonne pas l'internet mais l'extranet. La différence réside surtout dans l'emphase mise sur la sécurité par les firewalls et les codes d'accès.
Nous avons progressivement assisté au décentrage de la grande entreprise. La voici réduite à un noyau restreint. Cette implosion provoquée par la mobilité du capital confronte un travail relativement immobile à la réalité du territoire. D'où la nécessité de restaurer et stimuler les capacités d'initiative et d'innovation. Nous avons listé certaines de ces initiatives. Elles illustrent l'impact des NTCI sur le développement local. Le manque de lieux d'insertion est fortement perçu par les chômeurs de longue durée. C'est sur le plan local que s'effectue une prise de conscience et la multiplication des associations. En témoignent les organisations de télétravailleurs que nous avons mentionné dans notre introduction. En France, outre la gestation de l'Association Française du Télétravail et des Téléactivités, nous devons signaler le plus ancien et très actif club des Cyberworkers.
La première organisation qui vient à l'esprit est la publication d'annuaires de compétences pour rapprocher l'offre et la demande de travail. Cela réduit le délai de recherche et augmente l'éventail du choix. Mais la concentration de l'offre et de la demande ne résout pas le problème de leur écart quantitatif. Et le télétravail interne que développent les grandes entreprises est un télétravail de crise. Il vise à réduire le coût des mètres carrés. Nous le considérons comme une forme transitoire d'externalisation. Par contre, quand il permet d'accélérer le travail en jouant sur les fuseaux horaires, nous voyons apparaître une nouvelle perspective. Ainsi, de nombreuses entreprises américaines, profitant de l'origine ethnique d'une partie de son personnel et du décalage horaire avec l'Irlande, confient le résultat de leur travail de la journée à des partenaires irlandais indépendants. Le lendemain matin, elles reprennent le travail là où l'ont laissé leurs partenaires. Elles économisent une journée de délai et se rapprochent de la production en continu. Les conditions culturelles requises pour une telle organisation trouvent leur origine dans la généralisation du travail en équipe de projet.
C'est durant le mois de Janvier 1997 que le thème des organisations virtuelles est apparu dans la liste de discussion européenne sur le télétravail. Les contributions de Ari Luukinen, Mike Curtis, Horace Mitchell et Richard Davies ont mis en évidence l'intérêt d'une ouverture des régions sur le marché mondial. Internet abolit les distances géographiques. C'est ainsi que se renforce le concept de "région virtuelle", comme le montrent les discussions avec Robert Wagner et Jeremy Millard ainsi que celles avec Dino Gruppuso et Jack M. Nilles sur l'élargissement concomitant du sens du mot télétravail. La double mobilisation d'une région pour la promotion de son bassin d'emploi et le développement de son mode de vie témoigne de la redécouverte que son lien social est la base de sa compétitivité.
Le renversement de la logique de développement de la technostructure désorganise la grande entreprise. L'émergence de nouveaux pays industrialisés au sein du développement inégal entre Nord et Sud provoque la délocalisation des emplois. La concomitance d'Internet et de bataillons de chômeurs très compétents (étudiants docteurs, cadres dynamiques, techniciens pointus) contribue à modeler un nouveau paysage économique. Il faut s'attendre à la multiplication des initiatives chez ceux qui maîtrisent le "oueb" autant que le "mulot" et la "biscotte" et qui peuvent aussi facilement télécharger des fichiers lointains que coller des post-it sur leur portable. Les Bureaux d'Accueil ne sont qu'une première étape. Attendez-vous à voir se multiplier les organisations en projet et les réseaux de sites web complémentaires. Le réseau Européen pour l'Emploi, le Réseau d'Activités à Distance et ses Bureaux d'Accueil sont un exemple.
Le premier usage d'internet pour la création de nouveaux emplois est d'abord de favoriser l'accès à cette gigantesque et foisonnante bibliothèque virtuelle. Le dialogue technique, la veille technologique, l'intelligence économique, la traduction de sites anglophones en sites francophones ou hispanophones et vice-versa sont les premières pistes qui viennent à l'esprit. Elles s'ajoutent aux déja nombreuses organisations de programmeurs indépendants. Et pour montrer que le retard français n'est pas définitif, citons le rapport de Patrice Martin-Lalande. Il contient plus de 134 propositions pour développer l'Internet en France.
Nous assistons à une transformation de l'entreprise, à une disparition de l'emploi à vie et une remise en question de la nature du travail. Il semble que l'organisation taylorienne, qui échangeait un salaire sur et croissant contre un abandon de la conception et de l'organisation du travail à un bureau des méthodes, atteigne, ça et là, certaines limites. Tout particulièrement dans les activités de production immatérielle. La perpétuelle réorganisation des processus en témoigne. Dans bien des cas, l'entreprise citadelle a vécu.
De nombreux facteurs ont contribué à la fluidification des frontières de l'entreprise. La sous-traitance puis le partenariat l'amènent à nouer des contacts, autant basés sur la valeur d'usage que sur la valeur d'échange. L'intensification du dialogue avec ses clients, avec ses fournisseurs voire ses concurrents, aboutit parfois à l'entreprise étendue. Puis l'accentuation de la crise et le renversement de la logique économique la pousse à changer la définition même de son activité. Le mouvement croissant d'externalisation confie à des filiales ou à des intervenants extérieurs des activités classiquement réalisées en son sein. Elles ne sont plus considérées comme stratégiques dans le nouveau contexte du marché mondial, du fait de la concurrence des nouveaux pays industrialisés.
Dans le même temps, les laboratoires de la recherche militaire et le monde universitaire élaborent une nouvelle technologie de communication. Elle culmine avec l'invention des outils du World Wide Web, la toile d'araignée mondiale, par le Centre Européen de Recherche Nucléaire (CERN). Une nouvelle culture se répand, relayée et amplifiée par les outils du multimédia. Les premiers navigateurs (Mosaic) stimulent la création d'une nouvelle génération de start-up. Netscape et Yahoo en témoignent.
Dans un univers où rien ne reste figé très longtemps, la libération de forces de travail éduquées, inventives et fortement motivées provoque l'appropriation rapide de ces nouveaux outils et un élargissement de la culture hypertextuelle. Les travailleurs indépendants du cyber espace économique ne sont pas longs à créer des organisations virtuelles. Elles sont le moyen de réunir des acteurs compétents et motivés qui ne se trouvent pas toujours dans la même ville. Ils disposent enfin des moyens de se rencontrer. Sans faire les investissements immobiliers et technologiques de l'entreprise traditionnelle, ils contournent les anciennes barrières à l'entrée qui protégeaient les marchés oligopolistiques. Comme d'autres découvrent le facility management, ils utilisent à leur avantage la souplesse de l'économie de location. Les entreprises virtuelles, spécialisées dans les domaines de la connaissance, ne nécessitent pas autant de capitaux que de compétences multiples. Elles se développent dans un milieu propice, constitué de sites web, de newsgroups spécialisés et de listes de discussions thématiques. Elles émergent avec les régions et les organisations virtuelles.
Dans les organisations virtuelles cohabitent des mondes qui se fréquentaient peu. Elles sont contemporaines d'un décloisonnement de la vie de travail, de famille, de loisir et de citoyen. A la suite d'Alain Touraine, appelons "Sujet ce désir de construction d'une vie vraiment individuelle". Nous pouvons en voir un indice dans la difficulté, pour les responsables de listes de discussion, de maintenir l'adéquation des messages avec une définition stable du thème de la liste. Même si, par définition, les entreprises virtuelles sont plus aptes que les associations à produire des bénéfices et à les réinvestir, la milieu dans lequel elles évoluent est encore régi par une culture de la gratuité. Nous sommes persuadé que ces deux catégories se développeront en symbiose. D'où notre préférence pour le terme plus générique et pour le pluriel "organisations virtuelles".
Créé le 18 Mai 1997
Modifié le 23 Mars 1998
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http://www.mygale.org/09/neuneu/
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http://event.ucli.ucl.ac.uk
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http://WWW.inforoutes-ardeche.fr
http://calvaweb.calvacom.fr/g-fedoce/
http://www.telecom.gouv.fr/francais/activ/techno/rapportpml00.htm
Publication de votre CV sur Internet.
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exempleshttp://www.fghoche.com
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The ETO website team is listed at
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Présidente: Julie Sisson
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Alan Denbigh
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Technologie
appropriéeOnly an Internet browser is needed (such as Netscape).
http://drake.itri.bton.ac.uk:8000/pub_test/english.cgi/0/15
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Terminologie
et Bibliographiethe new business revolution
James Martin
Amacom, 1997
Apprendre le management post-industriel
Michel Crozier
Seuil, 1994
ou les nouveaux modes de travail
Denis Ettighoffer
Odile Jacob, Paris, 1992
Penser, organiser, vivre la structure en réseau
Hervé Sérieyx, Hervé Azoulay
Village Mondial, Paris, 1996
252 pages
146 F
Égaux et différents.
Alain Touraine
Fayard, Paris, 1997
395 pages
140 F
Traducteurs
/InterprètesA_S Bialystok, Pologne
http://www.atrans.bptnet.pl/French.htm
A. R. Juarez-Barthez
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Systranet
http://www.systranet.com
Albert Arock, Provence
- Vice-versa, Français-English-Français
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http://www.mcelhearn.com
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Nouveaux aspects de l'activité de conception
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Divershttp://altavista.digital.com
publiées depuis le 2 avril 1995
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fournis par nos lecteurs- Le site Web des Chroniques a été mis en ligne en avril 1995. Mais les Chroniques étaient déjà diffusées par courrier électronique depuis novembre/décembre 1994. Vous trouverez sur le site du défunt Cybersphère une interview (janvier 96) avec Jean-Pierre Cloutier, l'auteur des Chroniques, qui raconte leur origine. C'est à l'adresse suivante: http://www.quelm.fr/CSphere/N8/intjpc.html
DéfinitionsLes termes en gras sont définis dans le glossaire alphabétique du R.A.D.
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