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L’Équilibre selon l’École Classique
La Théorie Classique du
Chômage est inséparable de la théorie de
l’Équilibre Classique.
Plan
1. Courants et
précurseurs
2. Le modèle pur de l’équilibre
3. Exposé du modèle
4. Principe d’Exclusion
5. Un équilibre tautologique
6. Équilibre partiel
d’un marché
7. Équilibre général des
marchés
1. Courants et
précurseurs
Si la Grande-Bretagne a vu
émerger le coeur de la doctrine classique avec Adam
Smith et l’École de David Ricardo, la
France a eu des prédécesseurs en Pierre Le Pesant de
Boisguillebert et Robert Cantillon. Elle a eu un continuateur en Jean-Baptiste
Say, auteur de la Loi des Débouchés. Tous ces
auteurs insistent sur la notion de circuit économique
. Ils montrent, à juste titre, l’
interdépendance des activités
économiques. Écrivant au temps de la Monarchie Absolue, leur
thèse est que seule la liberté du commerce, à
l’intérieur comme à l’extérieur du royaume,
permet de profiter des mécanismes multiplicateurs de
l’activité.
Pourtant l’ École
Classique comportait des courants distincts:
2. Le modèle pur de
l’équilibre
La différence entre les
courants optimiste et pessimiste est bien une
question de point de vue . Ils ne mettent pas l’accent
sur les mêmes aspects de la réalité de
leur époque. Verre à moitié plein. Verre à
moitié vide. Ils diffèrent par leur imagination et leur audace
dans les transformations préconisées. Ils
n’ont pas la même foi dans l’intelligence ou
l’initiative. Mais tous se réfèrent au
modèle du marché équilibré .
La loi de l’offre et de la demande est
leur credo commun. Elle se déroule sur le principe des enchères
publiques. A chaque type de marchandise, y compris le travail, correspond un
marché virtuel particulier. Qu’il soit national
ou mondial, le marché est comme une immense salle aux enchères.
S’y rencontrent offreurs et demandeurs d’un type de marchandise.
C’est là que se comparent quantités offertes et
quantités demandées. De leur comparaison découle le
prix courant de la marchandise. D’une certaine
manière, l’ Histoire leur a donné raison.
Ils seraient probablement surpris par l’actuelle mondialisation et la
confrontation électronique des offres et des demandes. Peut être
même, leur modèle de détermination des prix est-il plus
réaliste aujourd’hui qu’au XIX ème siècle?
Mais leur modèle n’est pas seulement descriptif. Il est normatif.
Selon eux, en l’absence d’entraves structurelles et
d’accidents conjoncturels, le marché détermine un prix qui
assure l’ équilibre.
Pour les
Classiques, les phénomènes purement monétaires
n’ont pas grande importance. Ils ne prétendent pas les nier. Ils
considèrent qu’une mauvaise circulation de la monnaie peut
engendrer des difficultés. Mais cela renforce leur principe du “
laisser-faire, laisser-passer ”. Libre initiative des
entrepreneurs. Libre circulation des marchandises. Libre circulation des
hommes. Libre circulation des capitaux.
Dans sa
“Théorie sur le haut prix des lingots” (1811), David
Ricardo présente une théorie quantitative de la
monnaie . Les prix d’une quantité donnée de
marchandises augmentent en fonction de l’augmentation de la
quantité de monnaie ou de l’accélération de sa
vitesse de circulation. Les autorités monétaires doivent donc
éviter d’émettre trop de monnaie pour ne pas provoquer la
hausse générale des prix. La loi des débouchés de
Jean-Baptiste Say postule la neutralité de la monnaie
dans l’équilibre des marchés.
Il faut
replacer la théorie classique dans son contexte historique. En
réaction au conservatisme religieux (condamnation du prêt
à intérêt), royal (vente de droits de monopole,
tenure féodale ) et corporatif (règles de
production, cloisonnement des métiers, querelle des pâtissiers et
des rôtisseurs) les classiques prônent la liberté
d’entreprise. Toute rigidité est une
entrave. Pour eux, la source des obstacles ne se trouve pas dans la nature
humaine mais dans les réglementations héritées de
l’histoire. C’est pourquoi leur modèle de
l’équilibre est un modèle pur, un
idéal-type à la Weber. Mais il
représente aussi un projet qu’ils se proposent
de réaliser.
Leur argumentation doit se comprendre comme
un plaidoyer pour l’avenir. Il s’agit de libérer les
capacités imaginatives et productives contenues par les
sociétés traditionnelles. Dans la mesure où nous parlons
d’une théorie datée du début du XIX ème
siècle, nous n’aurons pas l’injustice de leur reprocher
l’absence des contraintes écologiques ou le développement
des bulles financières qui n’apparurent
qu’à la fin du XX ème siècle. Nous devons admettre
que leur vision a été prophétique. Il était
possible de révolutionner les conditions économiques et sociales
des pays qui sortaient du féodalisme agricole.
3. Exposé du
modèle
Pour la théorie classique, le jeu
de l’offre et de la demande sur chaque marché détermine le
prix du bien considéré. Ce prix est un prix
d’équilibre , par définition.
Si
les conditions initiales ne sont pas celles de l’équilibre, le
jeu de l’offre et de la demande instaurera l’équilibre.
C’est cela la loi de l’offre et de la demande .
Le marché est un lieu virtuel où se rencontrent
des vendeurs potentiels (offre) et des acheteurs potentiels (demande) de biens
ou de services, voire de monnaie ou de capitaux dans les modèles plus
complexes. En vertu du circuit économique
supposé, les transactions impliquent que toute offre de biens est une
demande réciproque de monnaie. De même, toute demande de biens
est une offre de monnaie.
Le modèle du
marché ne considère que la demande solvable,
celle qui est accompagnée du pouvoir d’achat de la
monnaie . Elle ne s’adresse qu’à ceux qui
disposent d’un revenu. Le modèle du
marché n’est pas une théorie anthropologique des besoins.
Symétriquement, le modèle du marché ne concerne que les
marchandises, c’est-à-dire les seuls produits ou
services vendus. Ce n’est pas une étude technologique ou
écologique des activités transformatrices. La théorie
économique classique n’est pas un point de vue
économique sur la réalité sociale globale. Elle
découpe une partie de la réalité pour en
faire un tout: le marché équilibré.
Ce
point de vue est compréhensible pour les fondateurs
(Adam Smith , David Ricardo). Ils veulent
montrer que le marché est capable de se développer dans les restes de la société féodale
où ils vivent. Acteurs du commerce et de la banque, ou
théoriciens des sentiments dans la société, ils pensent
que le marché a sa dynamique propre, différente de celle des corporations urbaines et de la hiérarchie féodale. Il est,
rétrospectivement, impossible de leur donner tort. Dans la version
optimiste et la version pessimiste, les classiques discutaient entre-eux des
perspectives de développement du marché dans l’ensemble de
la société. Serait-il capable d’englober toute la
population ? Serait-il capable de fournir à tous un
emploi, un revenu et une existence sociale ? On sait que Thomas Robert
Malthus en doutait fortement. Son discours sur les lois en
faveur des pauvres (Poor Laws) n’est pas celui de Vilfrido
Pareto. Il n’avait rien de mystificateur.
4. Principe d’exclusion
Dans sa formulation, la loi du marché obéit
implicitement à un principe d’exclusion . Par
son fonctionnement même, le marché ne concerne pas toute la
société. Comme l’étendue de la mer sur la Terre, il
connaît des progressions et des régressions. Nous ne pouvons pas
exposer la loi de l’offre et de la demande sans étudier,
simultanément, la question de son élargissement à
l’ensemble de la société. Les déséquilibres
de l’offre et de la demande sont aussi les inclusions de populations
dans le marché et des exclusions d’individus ou de régions
hors du marché.
Dans d’autres textes, nous essayerons de préciser ces mouvements d’
inclusion. Quant à eux, les mouvements d’
exclusion ont précédé le marché.
Ils sont aussi vieux que les sacrifices humains (Rome,
Amérique précolombienne, Scandinavie, Baal-Moloch, Abraham, etc)
et le phénomène biblique du bouc
émissaire . Si nous ne le faisons pas, nous abusons du
projet d’intelligibilité de la science. Nous
passons du discours prophétique du projet politique des Classiques
(David Ricardo) au discours idéologique des Néo-Classiques
(Vilfrido Pareto).
C’est ce point qui
motive la présence de cette discussion sur le Réseau
d’Activités à Distance . Nous verrons, avec la théorie keynésienne du chômage,
que l’État a joué un rôle dans la sortie de la crise
de 1929. Reste à savoir s’il peut jouer le même rôle
aujourd’hui. Sinon, il faut prévoir un troisième
secteur , associatif ou solidaire. La mise en réseau
des activités peut se montrer nécessaire pour assurer
tant la percolation des revenus que la percolation
des émotions . C’est alors que la société
peut englober le marché. Cela suppose de concevoir la
société non pas comme une totalité, mais
comme une globalité.
C’est aussi
pourquoi les économistes, sauf à être les complices du
totalitarisme, ne peuvent prétendre expliquer,
épuiser, ni même déterminer en dernière instance,
l’ensemble des faits sociaux, politiques et culturels. D’ailleurs
les fondateurs de la discipline scientifique (Adam
Smith , Jeremy Bentham) ont simultanément
produit des ouvrages de droit, de morale ou de linguistique avant la lettre.
Preuve que, pour eux, l’économique n’épuisait ni
même ne déterminait l’ensemble du politique, du culturel et
du social.
5. Un équilibre
tautologique
Revenons à la théorie
classique. Les prix d’équilibre assurent
l’écoulement des marchandises, la satisfaction de la demande
solvable, la pleine utilisation des capacités productives et le
plein emploi du travail disponible dans l’
économie de marché . Mais
l’économie de marché n’épuise pas la
réalité de la société qui sert de
référent ultime au discours.
Nous
insistons sur cette définition simultanée du prix, de
l’équilibre et du domaine couvert par le marché. Elle
relève de la tautologie. Cette tautologie n’est
pas fautive, dans le projet des classiques. Mais l’oublier serait
dangereux pour nous. Et la masquer serait intellectuellement malhonnête.
Un modèle mathématique ou une
conjecture scientifique sont comme un roman. Ils produisent
le micro-monde qu’ils prétendent décrire. A aucun moment
l’auteur ni le lecteur ne peuvent ajouter de
personnages, d’ attributs ou de
règles pour résoudre l’énigme. C’est ce
qu’exprime si bien Umberto Eco dans
“Lector in fabula ”.
Ainsi, par
définition, par construction du modèle, chaque équilibre
local, partiel et de court terme, contribue à un équilibre
général du système économique. C’est ce que
dit le modèle d’intelligibilité où
tout repose sur l’équilibre des forces. Mais celui-ci
n’épuise pas le contenu de la société ou de
l’ Univers.
Pour simplifier (but
pédagogique), nous supposerons que le marché ne connaisse que
trois marchandises: les biens, le travail et la monnaie. Ces marchandises sont
échangées par trois catégories d’agents
économiques: les ménages, les entreprises et
l’État.
La présence de l’État dans le
modèle permet aussi de discuter l’opportunité de
l'impôt et de sa redistribution. Ménages et entreprises demandent
la monnaie pour réaliser leurs transactions marchandes. Le troc peut
exister dans la société. Mais, par définition, il
n’est pas considéré dans le modèle du
marché. On ne considère pas plus les cadeaux
dans la famille que la circulation des produits semi-finis dans les
entreprises ou des documents administratifs dans l’appareil
d’État. C’est volontairement que nous parlerons de
marchandises pour signifier les biens produits ET
échangés . Elles ne sont qu’un sous-ensemble des
biens produits ou disponibles.
Chaque marchandise voit son
prix déterminé sur un marché:
L’équilibre de chaque marché contribue
à l’ équilibre général .
D’un point de vue pédagogique, le marché des
biens est relativement central.
Pour les classiques, ces fluctuations cycliques
(sinusoïdales et non pas fractales) sont limitées
et restent très proches du plein emploi . S’il
en est autrement, ce sont les rigidités féodales, royales et
corporatives qui en sont la cause. Keynes
critiquera cette vision simpliste. Néanmoins, il apparaît
déjà que le profit des entreprises est au
centre des mouvements d’expansion ou de récession de
l’économie de marché. Tout au moins dans le cadre
sémantique du modèle classique.
Il
apparaît aussi que nous ne pouvons parler d’expansion et de
récession qu’en situant l’économie de marché
dans un cadre social, plus vaste, qui l’englobe. Nous tenterons une théorie de l’inclusion et de
l’exclusion. Bien qu’exclus du “marché du
travail”, c’est à ce cadre sociétal
qu’appartiennent les chercheurs d’emploi et les créateurs
d’activités du R.A.D. C’est pourquoi il est si important de
comprendre la respiration du marché dans son cadre social. Nous
cherchons les moyens de faciliter l’interpénétration des
sphères marchande et non marchande de la société. Cela
nous paraît plus utile, mais probablement plus difficile, que de se
contenter de dénoncer les indubitables horreurs économiques.
6. Équilibre partiel d’un
marché
Sur chaque marché, des offreurs et
des demandeurs négocient l’échange d’une
marchandise particulière. Supposons (vertu
pédagogique) qu’il s’agisse d’un bien de
consommation.
Tous les offreurs n’ont pas le même
coût de production. Tous les demandeurs n’ont pas le même
besoin ni les mêmes disponibilités
monétaires. En fonction de ses coûts (valeur travail), chaque
offreur propose une certaine quantité de produits à un certain
prix. En fonction de son utilité, chaque demandeur
propose d’acheter une certaine quantité de produits à un
certain prix.
Comme aux enchères, un prix
courant va s’établir. Il reflète la composition
particulière du marché, ce jour-là. Par
définition, ce prix va satisfaire les acheteurs et les vendeurs.
C’est un prix qui découle du rapport particulier de l’offre
et de la demande. Notez bien que je ne décris pas une
réalité concrète particulière. Je
ne fais nullement appel à vos connaissances pratiques ni à votre
bon sens. Sémantiquement parlant , je suis en train de
mettre, dans votre tête, la représentation que
École Classique a produit au tournant des XVIII ème et XIX
ème siècles.
Quand le prix
d’équilibre est affiché par le
commissaire-priseur, il devient le prix du marché :
Sémantiquement parlant : La
flexibilité des prix assure l’équilibre
de chaque marché, par définition des mots prix, équilibre
et marché. Chaque marché ne concerne que les produits ou les
services qui sont achetés par l’un et vendus par l’autre
(marchandises). La loi du marché ne régit que les
produits ou les services qui réussissent à
devenir des marchandises. Par définition un marché est
équilibré ou équilibrable. Par définition, ce qui
s’échange sur un marché est une marchandise. Par
déduction, ce qui ne trouve pas à s’échanger sur un
marché n’est pas une marchandise et ne relève pas de
l’économie de marché.
Cela ne signifie pas
qu’une telle chose ne puisse exister dans la réalité. Bien
au contraire. Les surplus, les invendus, les chômeurs et les besoins non
satisfaits existent bel et bien. Encore faut-il produire un discours
permettant de les prendre en compte. (Voir:
Lectures en Sémantique).
Certains acheteurs et certains
vendeurs, outre d’avoir satisfait leur besoin de
reconnaissance par le marché, ont réalisé une
bonne affaire:
Les
rentes (épargne, profit
extra ) exerceront un effet sur les autres marchés. Le surplus
du consommateur peut trouver à se prêter ou à
s’investir. Le surplus du producteur l’incite à augmenter
sa capacité de production. A une condition: que le coût des
nouvelles unités produites (coût marginal) ne dépasse pas
son coût moyen actuel. C’est à dire qu’il existe une
marge de production dans l’équipement actuel.
Nous
espérons avoir illustré la vertu
pédagogique (faire comprendre les grandes lignes) de la
théorie classique. Nous espérons avoir montré que
l’objectif pédagogique est différent de l’objectif
de description exhaustive de la réalité. Pour l’instant,
le principe d’exclusion ne concerne que les mots. Ce
qui est exclu du discours économique peut relever d’un discours
technologique, sociologique, culturel ou anthropologique. Il n’en irait
plus de même si nous disions que l’économique était
déterminant en dernière instance (Louis Althusser, Karl
Marx , ou en de tous autres termes, Vilfrido
Pareto). L’ exclusion du discours
économique serait alors le préalable à une exclusion de
la réalité sociale (chômage) puis de la
réalité tout court (horreur des camps ).
Nous remettrons à plus tard la discussion sur sa vertu
épistémologique (produire une connaissance intime de la
réalité contemporaine) et sa vertu pratique
(fournir des informations, permettre les décisions quotidiennes).
7. Équilibre
général des marchés
Chez les
fondateurs, l’équilibre général est
l’intuition d’une harmonisation des
intérêts . Ils prônent une harmonisation qui ne
doive rien à un pouvoir religieux ou royal de type absolutiste. Adam
Smith a formulé une vision positive de la liberté individuelle.
Le marché est une main invisible . Il guide chacun
vers la réalisation de l’équilibre général.
Il procure l’abondance de biens plus sûrement que les monopoles
royaux. Il n’exige aucune institution centralisatrice,
mais une instance individuelle. Chaque producteur et chaque
consommateur cherche la satisfaction de son propre intérêt. Il
est inutile de chercher un autre moteur. Une lecture
attentive de la “Théorie des Sentiments Moraux” (1759)
devrait nous mettre à l’abri d’une confusion entre
intérêt et égoïsme. En écrivant une
théorie des représentations Adam Smith nous
protège d’une assimilation du modèle économique
avec la réalité sociale. Même si l’emploi
récurrent des termes “ nature” et “
harmonie” peut jeter le doute.
Plus tard,
la théorie marxiste se caractérisera par un
souci d’élargissement du paradigme classique.
Marx cherchera une théorie de la
valeur qui englobe à la fois la production
(travail incorporé dans la valeur) et la circulation (travail
commandé par le prix). Nous pensons que Marx a échoué
dans sa recherche des déterminations de la
valeur. Pourtant le contenu critique de sa théorie et son discours
révolutionnaire ont provoqué un refoulement du
concept de valeur.
La théorie
néo-classique (Walras, Pareto) a donné une
représentation universelle de la valeur à travers le
terme vide, sans contenu: utilité.
Cet élargissement a permis une formalisation de la théorie de
l’équilibre général. Cette avancée de la
vertu pédagogique se paye par un recul de la vertu
épistémologique. Le modèle néo-classique a
fortement tendance à être pris et à se prendre pour la
réalité sociale totale. Et, contrairement à la Science
Physique, on voit peu de théoriciens se lancer “A la recherche du
réel” (1981) comme le fait Bernard d’Espagnat pour
“le monde quantique, la connaissance et la durée” (Une
incertaine réalité, Bordas, Paris, 1985).
Rendons
hommage à la vertu pédagogique du modèle de
l’équilibre général. Il illustre, avec une
élégance toute mathématique, l’
interdépendance des marchés. Mais il manque
sérieusement de résolution mathématique
pour coller à la réalité concrète
.
“Le prix des biens est déterminé par la
demande et l’offre des biens. La demande est déterminée
par les prix des facteurs et par le prix des biens. L’offre des biens
est déterminée par le prix des biens, par le prix des facteurs
et par les méthodes de production. La demande de facteurs est
déterminée par l’offre de biens. Les prix des facteurs
sont déterminés par la demande et par l’offre des
facteurs. L’offre des facteurs est déterminée par le prix
des facteurs. Les méthodes de production sont déterminées
par l’offre des biens et par les prix des facteurs”
(Encyclopédie de Économie et de la Gestion, direction. A. Silem,
1991).
La formalisation Walraso-Parétienne permet
d’intégrer la production et la commercialisation. Elle introduit
des “coefficients de fabrication” indiquant la proportion de
facteur de production nécessaire à la production de chaque
marchandise. On peut alors relier les conditions de production à celles
de la vente comme à celles de l’usage ou plus exactement de
l’utilité. Walras en déduit une “Loi
d’égalisation des productivités marginales aux prix des
produits”.
La Loi de Walras formalise la
Loi des Débouchés de J-B Say.
Elle exprime qu’il ne peut y avoir d’excédent de demande
sur tous les biens à la fois. Un excès de demande est
immédiatement annulé par l’augmentation des prix.
Grâce à quoi l’équilibre général est
stable. Qui plus est, cet équilibre économique est un optimum
social. Nouvelle formulation, laïque, du meilleur des mondes possibles de
Leibniz critiqué par Voltaire. Selon l’ optimum de
Pareto : toute amélioration du bien-être d’un
individu ne peut être obtenue qu’en réduisant le
bien-être d’au moins un autre individu.
Mais le prix
à payer, pour cette formalisation, est important. Une lecture
réductrice d’ Adam Smith a été
formalisée. Les interrogations politiques, juridiques,
sémantiques et morales de David Ricardo, Jeremy
Bentham, John Stuart Mill et Adam Smith ont été
totalement refoulées. Nous pouvons alors reprendre la formulation de
Voltaire: “Un jour tout sera bien, voilà notre espérance.
Aujourd’hui tout est bien, voilà l’illusion”. Sous
une forme moins poétique: ne confondons pas la vertu pédagogique
du modèle avec des propriétés pratiques ni
épistémologiques. La valeur propédeutique est
dévoyée quand on confond le modèle et la
réalité. Un modèle caricatural n’a
d’intérêt ni pour l’ action ni pour
la connaissance.
Conclusion
Le prochain texte est consacré
à la Théorie Classique du
Chômage. Tandis que cette théorie s’efforce de montrer
les conditions de l’équilibre sur les marchés, elle montre
ipso facto, nolens volens , les hypothèses qui
président à sa construction.
Nous verrons que
l’existence de ces conditions peut mener à deux comportements,
idéologiquement et politiquement, fort différents:
(a) Il est possible de réfléchir sur les
conditions de développement du projet
d’intelligibilité de la science. On
s’aperçoit alors que le projet classique de la
concurrence des entreprises sur le
marché est inclus dans la société tout comme le projet
scientifique est partie prenante d’un projet plus vaste de
développement durable de l’
humanité sur la planète Terre
et dans l’ Univers en expansion.
(b) Il
est hélas possible de masquer les conditions caricaturales du
modèle. Alors, sous couvert de mathématisation absconse, il est
facile de faire passer le modèle, dont la résolution
mathématique est très faible, pour le
reflet de la réalité.
La seconde
attitude est caractéristique de la division politique du
travail et de l’alliance plus que classique entre les
prêtres et les guerriers au
détriment des travailleurs. Pourtant, elle correspond
de moins en moins à une division de la société en castes,
en ordres ou en classes.
Il sera donc de plus en plus
nécessaire que chaque individu , à
l’image de Robinson Crusoé, devienne
un nomade moderne sur les réseaux
socio-techniques et soit de plus en plus capable et désireux
d’ assumer les trois fonctions .
Auteur
Créé le 28-03-97
Modifié le 22
Mars 1999
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